Ils n’ont tenu aucun compte des conséquences écologiques des projets que leurs institutions finançaient. Ils ont mis sous pression leurs salariés pour placer le maximum de produits financiers indépendamment des besoins de la clientèle. Alimentant la bulle immobilière, ils ont incité, par des pratiques commerciales douteuses, leurs usagers à s’endetter pour des montants de plus en plus importants et des horizons de plus en plus lointains. Après avoir été sauvés fin 2008 par l’injection massive de fonds publics, ces dirigeants renouent aujourd’hui avec les dividendes et les bonus milliardaires.
Beaucoup de citoyens sont exaspérés par cette situation. Mais ils se sentent impuissants à changer le cours des choses. En tant qu’usagers, ils ont besoin de leur banque pour encaisser leurs rémunérations, effectuer leurs paiements et obtenir des crédits. En tant que salariés d’une banque, ils souffrent de conditions de travail dégradées et de rapports tendus avec la clientèle. La plupart des gens pensent que les banques sont plus ou moins toutes gérées de la même façon déraisonnable mais inéluctable, et les dérives de certaines banques coopératives ou mutualistes les confortent dans ce sentiment.
Pourtant, comme l’a montré l’écho important de la déclaration d’Eric Cantona dans l’opinion publique, les citoyens cherchent des moyens de peser sur cette situation. Usagers, salariés et associations, surtout s’ils cherchent à travailler ensemble, peuvent se doter d’outils pour exercer une vraie pression sur les directions des banques et les pouvoirs publics. Ils peuvent favoriser l’émergence de banques solidaires. Ils peuvent développer un vaste débat sur la façon dont devrait fonctionner un système financier au service des besoins de la société. Cette campagne veut donner aux citoyens plusieurs modalités d’engagement possibles, et repose sur un appel permanent à l’imagination et à l’initiative des participants.
Nos propositions
Les gouvernements n’ont eu de cesse, depuis le début de la crise, que de « rassurer les marchés ». C’est pourquoi aucune réforme radicale n’a été appliquée pour stopper la logique spéculative et prédatrice des acteurs financiers. C’est également la raison pour laquelle toutes les politiques de sauvetage des banques et de rigueur budgétaire ont cherché à préserver en priorité les intérêts des acteurs bancaires et financiers, et ont fait porter intégralement le fardeau des ajustements sur les salariés et les contribuables. Il est essentiel d’opérer une rupture radicale avec ces politiques socialement inacceptables, et de remettre la finance au service de la société. Ce qui implique de désarmer les marchés, pour leur enlever leur pouvoir de nuisance.
Un plan d’austérité pour les banques / un plan de sauvetage pour les peuples
Des mesures générales pour éviter d’autres crises et « dégonfler » le système bancaire.
– Banques too big to fail : il faut empêcher la formation de conglomérats de taille critique / fusion-acquisitions.
– Prise en otage de l’épargne : Il faut séparer activités d’épargne et d’investissement.
– Dilution des risques et des responsabilités : Renforcer le contrôle prudentiel (notamment par rapport aux produits dérivés).
– Encadrer les rémunérations des banquiers : Suppression des bonus et réduction des écarts de rémunération par la fiscalité directe / Responsabilité des traders et des dirigeants sur leurs biens personnels en cas de pertes liées à la spéculation.
Désarmer les banques
Des mesures visant plus particulièrement certaines activités nuisibles des banques
– Spéculation sur les prix des matières premières, les dettes souveraines : encadrement strict des produits dérivés / Fermeture des marchés de gré à gré.
– Spéculation tout court : Taxation de l’ensemble des transactions financières.
– Evasion fiscale : Interdiction aux banques d’avoir des filiales dans les paradis fiscaux.
Réduire l’influence des banques et accroître le contrôle populaire
Transparence et démocratie
– Agences de notation : Interdiction des activités de conseil par les agences de notation / Création d’agences de notation publiques.
– Lobbying bancaire : encadrer le lobbying des banques et financiers à l’échelle européenne
– Contrôle public : Participation des usagers aux instances de décision et de contrôle des banques commerciales et centrales / développer un pôle public bancaire.