Un antiracisme abstrait se conjuguant à un indépendantisme décroché » publié sur ce site le 4 mai. Il n’a cependant rien à contre-argumenter au sujet des deux affirmations du titre et argumentées dans le corps du texte. Cela laisse supposer qu’il est d’accord avec ma critique. Pourtant il m’accuse « de jouer le rôle de nuisances au sein de Québec solidaire » et que sais-je encore. Il semble que Delisle se regardait alors dans le miroir.
Cependant, il ne digère pas du tout l’expression « Dépasser le capitalisme » contenu dans un sous-titre et non à la fin du texte parce que, explique-t-il « le éveloppement économique des sociétés, depuis au moins la haute Antiquité repose sur l’accumulation du capital… » confondant capitalisme et monnaie. Pour lui, l’échange par l’intermédiaire d’un équivalent général est synonyme d’accumulation de capital, dont l’argent n’est qu’une forme, par l’extorsion de plusvalue au monde du travail en le rémunérant à sa valeur de reproduction, y incluant le travail gratuit des femmes, alors qu’il produit plus que cette valeur. En langage populaire, on appelle ça
« faire de l’argent » ce qui ne se réduit pas à l’utiliser pour échanger. L’échange n’est que le point final et le point de départ du cycle de l’accumulation pour le profit généré au sein même de l’appareil de production-logistique.
L’expression « dépasser le capitalisme » provient directement du programme Solidaire où on la retrouve à deux reprises. Les voici :
« Afin de permettre le contrôle collectif et démocratique des principaux leviers économiques du Québec, Québec solidaire entend, à terme, dépasser le capitalisme. »
« La réduction du temps de travail ouvre également la voie à la reconversion de l’économie dans un sens écologique et en vue de dépasser le capitalisme. »
On voit bien à sa face même que le programme Solidaire vise la sortie du capitalisme qui semble à Delisle sinon un système éternel du moins se prolongeant tant que l’échange monétaire existera. On trouve d’ailleurs dans le programme d’autres passage anticapitalistes. En voici quelques-uns :
Le capitalisme est caractérisé par un profond déséquilibre de pouvoir entre personnes employées et employeurs : cette situation est intolérable.
Les services publics fournis par l’État favorisent la solidarité et l’égalité des citoyennes et citoyens et apportent une mesure importante de sécurité aux couches populaires, atténuant la précarité qui est leur condition « normale » sous le capitalisme.
Les inégalités vécues par les femmes sont le résultat d’un système d’oppression, le patriarcat, combiné au système d’exploitation capitaliste. Ces inégalités viennent des rôles sociaux et culturels attribués aux femmes, rôles considérés inférieurs par rapport à ceux des hommes. Cela permet au capitalisme de bénéficier d’une main d’œuvre à bon marché (travail gratuit des femmes) et d’aller chercher davantage de
profit.
Cela fait de Delisle un opposant au fondement même du programme Solidaire. Quelle nuisance !
Mais Delisle pousse la coche anti-Solidaire encore un peu plus. Il affirme qu’il est faux d’affirmer que « le vote caquiste et péquiste serait "corrompu" par la nationalisme identitaire » car « [c]es gens sont nationalistes oui, ils s’identifient au Québec… ». Le Québec solidaire réellement existant est certainement vacillant au sujet de l’anticapitalisme contrairement à son programme. C’est là le débat d’un autre jour. Mais il est clair quant à la critique raciste de ladite Charte des valeurs du PQ et de la loi 21 de la CAQ pour ne pas dire de son refus de reconnaître
le racisme systémique… même si le parti n’est pas toujours conséquent à propos de l’application concrète de son propre antiracisme. Un autre débat d’un autre jour. Quant à Delisle, il est définitivement à classer dans les rangs des anti-Solidaires.
Marc Bonhomme, 12 mai 2021
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.c
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