Édition du 17 décembre 2024

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États-Unis

Régenter les utérus ; Michele Goodwin analyse les lois contre l’avortement et décrit la nouvelle situation de la reproduction

Amy Goodman : La nouvelle de la semaine : la Cour suprême semble prête à renverser l’arrêt Roe c. Wade et Planned Parenthood c. Casey, deux décisions majeures qui protègent les droits à l’avortement aux États-Unis.

Democracy Now, 6 mai 2022
Traduction, Alexandra Cyr

Introduction

Dans son brouillon le juge Samuel Alito se réfugie dans l’histoire pour, en désespoir de cause, appuyer son plaidoyer contre l’avortement. Il cite Henry de Bracton un traître du 13ième siècle qui mentionne des punitions en cas d’avortement. Comme si de se référer à une époque où les femmes étaient considérées comme faisant partie de la propriété (des hommes) et étaient brûlées pour sorcellerie, comme si cela devait réguler le 21ième siècle, sa médecine et ses lois. Il cite ensuite une série de lois contre l’avortement dans divers États du pays adoptées entre 1850 et 1919. Au moment de l’adoption de ces lois, les femmes n’avaient pas le droit de vote. La plupart des Afro Américains.es étaient des esclaves ou après leur émancipation, sujets.tes au terrorisme racial et au lynchage par les officiers de polices et le Ku Klux Klan. Le juge Alito nous dit que les traditions de cette époque devraient dicter les lois actuelles.

Michele Goodwin est professeure à la California School of Law de l’Université de Californie. Son plus récent essai s’intitule : Policing the Womb : Invisible Women and the Criminalization of Motherhood.

Pouvez-vous nous parler de ces références historiques qui ont dû vous choquer vous aussi ? Elles sont surement concordantes avec les différentes histoires présentes dans votre livre, Policing the Womb.

Michele Goodwin : C’est vrai. La sélection partiale du juge Alito est intéressante mais aussi à certains égards, complètement alarmante parce que rien de tout cela n’est exact. Ce brouillon est alarmant et étonnant à cause de ce qu’il ne contient pas. Les citations choisies sont étonnantes, elles sont aussi des retraits historiques. Et ce n’est que le début, que le premier coup de levier.

La période à laquelle il a choisi de se référer laisse de côté celle qui la précède quand l’avortement n’était pas criminalisé. Les Pèlerins (arrivés sur le continent en 1620, ils sont considérés comme les fondateurs des États-Unis. N.d.t.) pratiquaient l’avortement. Les Amérindiens.nes aussi comme toute une foule d’autres soins médicaux. À cette époque il n’y avait pas d’homme munis de stéthoscopes et blouses blanches se promenant aux alentours. L’obstétrique et la gynécologie n’existaient pas au moment de la fondation du pays. La période dont il parle est celle qui va mener à la Guerre civile. C’est à ce moment-là que l’avortement a été criminalisé parce que 100% ou presque des soins reproductifs étaient la responsabilité des femmes. Environ la moitié d’entre elles étaient des femmes de couleur, il y avait aussi des amérindiennes et des blanches. C’étaient les sage femmes. Si on y pense, on comprend qu’il y a 2,000 ans il n’y avait pas d’hommes munis de stéthoscopes et de blouse blanche se présentant en disant : « je suis votre gynécologue ». Ils n’existaient pas. Les femmes donnaient les soins requis.

Mais durant la période menant à la Guerre civile, la gynécologie et l’obstétrique sont tranquillement devenues des disciplines médicales. Et des hommes comme Horatio Storer et Joseph DeLee et plus tard Marion Sims, un gynécologue terrorisant qui a pratiqué des expériences sur le femmes noires en leur niant le droit à une médication contre la douleur en plus. Pas d’anesthésie pour elles. Dans son autobiographie il écrit comment les révélations lui venaient durant la nuit et qu’il prenait ses couteaux et d’autres instruments pour littéralement couper en morceaux le corps d’une femme noire pour les actualiser. On le considère comme le parrain de la gynécologie. On lui a érigé une statue dans Central Park. Mais je suis dans la digression.

C’est ce genre d’hommes qui ont aidé à la lutte contre les sage femmes. Et cela prend la forme de : « Elles font quelque chose d’immoral et ce sont les avortements  ». Ils ont réussi à sortir les sage femmes des soins reproductifs et à prendre leur place. J’insiste, entre la période dont parle le juge Alito et le 20ième siècle, nous passons de 100% des soins reproductifs pratiqués par les sage femmes à 1% au début du 20ième siècle. Le moyen employé pour y arriver fut la criminalisation de l’avortement. C’étaient des médecins avec une grande capacité stratégique.

Je vais juste ajouter une information. Ce mouvement était aussi profondément racial. Ils l’écrivent eux-mêmes, ce ne sont pas mes expressions, ce sont les leurs. Ils racontent comment les blanches devaient ramasser toutes leurs énergies pour aller aux quatre coins cardinaux dans le pays. Ce sont ces médecins qui ont mené campagne contre l’arrivée d’immigrants.es d’origine asiatique. C’est une période de notre histoire qui mérite d’être rendue publique pas que pour les droits de reproduction mais pour le racisme et le rapprochement avec la suprématie blanche.

A.G. : Dans votre livre, vous référez à l’eugénisme, à l’ère eugénique américaine. Le juge Alito en parle aussi dans son brouillon. Il adopte le raisonnement du juge Thomas qui dit que ce courant a toujours visé la baisse de la reproduction des Noirs américains. Vous n’êtes pas d’accord ?

M.G. : OH ! C’est l’histoire qui n’est pas d’accord avec cela. La Cour suprême elle-même n’est pas d’accord. La première cause que ce tribunal a entendue impliquant l’eugénisme remonte à 1927, Buck c. Bell ; on n’y trouve pas de noirs.es du tout. Cette cause était celle d’une pauvre jeune blanche de Virginie, Carrie Buck. Elle avait 16 ans quand elle a été violée par un neveu de son employeur et elle est tombée enceinte hors mariage. L’État de Virginie rassemblait les jeunes filles blanches pauvres parce qu’il voulait s’assurer à tout prix qu’elles ne se reproduisent pas. Durant cette partie du début du 20ième siècle la suprématie blanche impliquait la blancheur absolue. Ce fut un effort pour s’assurer que les pauvres blancs ne se reproduisent pas. (À ce sujet c.f. à White Trash par Nancy Isenberg, Viking ed. n.d.t.)

La Cause de Carrie se retrouve devant la Cour suprême comme un test. Ses avocats commis d’office sont eux-mêmes des sympathisants de l’eugénisme. L’objectif ultime était de s’assurer que l’eugénisme deviendrait légal dans le pays et que les États pourraient ainsi regrouper toute une foule de personnes blanches pauvres, considérées comme faibles d’esprit ou tout simplement pauvres qu’on stériliserait de force. Donc devant le plus haut tribunal du pays en 1927, le juge Oliver Wendell Holmes déclare que le pouvoir des États d’imposer la vaccination est assez large pour porter sur la ligature des trompes.

Donc, finalement, des dizaines de centaines de pauvres blancs.hes sont stérilisés.es hors de leur volonté aux États-Unis. Ainsi, l’attraction dans les cinémas n’était pas de dire « Nous avons stérilisé tant de Noirs.es » mais bien, « Nous avons stérilisé ce nombre de blancs.hes ». Quiconque doute de cela n’a qu’à faire une recherche sur Google, aller à la bibliothèque du Congrès il y a là toutes les images des « contestations des familles ainsi adaptées ». Il n’y a que des blancs.hes avec les médailles qu’ils ou elles pouvaient recevoir pour cette adaptation mais aussi les tragédies qui leur sont arrivées. Le fait que les juges Alito et Thomas oblitèrent cette partie de l’histoire de la Cour suprême et la réécrivent en fait pour faire valoir quelque chose qui n’a pas existé, devrait nous inquiéter toutes et tous.

A.G. : J’invite aussi notre auditoire à aller sur le site de democracynow.org pour entendre l’entrevue avec Adam Cohen qui a publié : Imbeciles : The Supreme Court, American Eugenics and the Sterilization on Carrie Buck.

Professeure Goodwin, vous avez écrit au sujet de la réglementation et la criminalisation de l’avortement, mais aussi de celle des femmes qui veulent avoir des enfants. Pouvez-vous nous en parler, nous raconter l’histoire dérangeante de Marlise Munoz au Texas que vous décrivez dans votre livre ?

M.G. : Oui, quand nous commençons à penser au-delà de l’avortement, aux droits reproductifs, nous découvrons les tactiques qui ont été élaborées et employées contre les femmes, les transgenres, avec un accent tout particulier contre les personnes de couleur mais sans pour autant négliger les autres.

Marlise Munoz était technicienne médicale aux urgences. Elle a souffert d’un anévrisme alors qu’elle était enceinte. Elle était en mort cérébrale. Cet état est bien défini et accepté depuis au moins un demi-siècle aux États-Unis. Une personne qui a donné l’ordre de ne pas la réanimer quand dans cette situation, ne devrait pas l’être. Elle va mourir et la famille procédera aux obsèques selon les vœux de la personne. Mais, au Texas et dans presque une douzaine d’États, il existe ce que l’on nomme des lois d’exclusion médicales. Ce nom ne dit pas ce qu’il signifie complètement. En fait ces lois retirent le droit de décider des mains de la femme enceinte.

Donc, quand Marlise a été amenée d’urgence à l’hôpital, les responsables ont décidé qu’elle devait être maintenue en vie, même si elle était en état de mort cérébrale. Son mari et ses parents se sont opposés : « Nous ne voulons pas de ce traitement de maintien de la vie. Son cerveau ne fonctionne plus. Nous voulons que sa vie s’achève en toute dignité ». Mais elle a reçu deux traitements de maintien. On lui a fait une trachéotomie et on lui a même maintenu les yeux fermés avec des papiers collants parce qu’on l’avait installée dans un lit bougeant d’avant à l’arrière. Des protestataires pro-vie sont venus manifester à l’extérieur de l’hôpital prétendant qu’importe la science, elle aurait repris vie une semaine plus tard.

Pendant 62 jours, le corps de Marlise a servi d’incubateur pour son fœtus qui ne se développait pas très bien et contre la volonté de son mari et de ses parents. Ils ont dû poursuivre le Texas pour qu’elle soit libérée de cette situation. Elle était morte. Le cerveau mort, qui ne peut être remis en marche, c’est la mort aux États-Unis sauf en ce moment pour une femme enceinte. Cette situation est maintenant perçue autrement dans les États qui s’opposent à l’avortement. Ce fut tragique dans le cas de Marlise. Son père s’est exprimé et a parlé de sa peau qui était devenue dure tout comme son corps ; elle était comme un mannequin. La senteur était si intense qu’il était difficile d’entrer dans sa chambre. C’est pourtant ce que le Texas cherche à rendre normal.

A.G. : (…) Vous citez aussi dans votre livre la situation de Bei Bei Shuai en Indiana. Une immigrante chinoise qui a fait une tentative de suicide. Pouvez-vous nous en parler ? Elle était enceinte au moment des faits et a été accusée de meurtre.

M.G. : Il y a quelques années, un peu avant Noël, elle était dans un stationnement et son petit ami lui a lancé de l’argent et lui a dit qu’il partait et qu’il ne voulait plus jamais la revoir. Désespérée, elle a fait une tentative de suicide. Elle a avalé de la mort aux rats. Il faut noter qu’en Chine tenter de suicider de cette manière, avaler un poison, n’est pas courant. Elle en a avalé six pochettes, mais a survécu.

Ses amis.es l’ont trouvée et amenée d’urgence à l’hôpital. Elle a reçu des traitements très agressifs pour lui sauver la vie et celle de son fœtus. Sa petite fille, Angel, est née mais n’a survécu que quatre jours. Les médecins ne peuvent pas établir exactement la cause de la mort de l’enfant. Il se peut que ce soit dû aux traitements pour leur sauver la vie à sa mère et à elle, ils ne le savent pas.

Quoiqu’il en soit, elle a été accusée de meurtre au premier degré. Les procureurs.es de l’État ont réclamé une peine de 40 ans de prison. Ils l’ont accusée de meurtre et de tentative d’infanticide. Ils ont expliqué que cette loi n’avait jamais été utilisée contre des femmes ; elle avait été conçue pour punir les hommes violents contre leur femme ou leur petite amie pendant qu’elles portent un enfant. Ce n’était pas du tout la situation de Bei Bei Shuai. Ce qui est intéressant de noter, c’est que dans cet État, l’Indiana il n’y pas de loi qui punisse le suicide ou la tentative de suicide. Ce n’est pas un crime. Et malgré tout, les procureurs.es s’en sont pris à cette femme qui a tenté de se tuer alors qu’elle était enceinte.

Je veux seulement ajouter à ce qui précède, pour nous aider à saisir à quel point cette punition est cruelle. Quelques années avant ce cas, les procureurs.es se sont servi de la loi sur le fœticide pour réclamer trois ans d’emprisonnement contre une femme qui avait été poignardée à mort par son petit ami alors qu’elle était enceinte. Trois ans pour ce qui est arrivé à son fœtus. Si vous abattez une caissière enceinte de jumeaux durant un vol de banque vous écopez de cinq ans de prison. Pour Bei Bei, c’est 40 ans. Je pense que ces histoires nous permettent de prendre conscience de ce que la régulation des utérus veut dire et comment ces condamnations cruelles visent le contrôle des femmes.

A.G. : Professeure Goodwin, vous notez aussi que les hôpitaux et leur personnel servaient de délégués de l’État (pour ces cas). Retournons au cas de Lizelle Herrera, cette latina du Texas qui a été accusée de meurtre. Il semble qu’elle se soit présentée à l’hôpital après, disent-ils, avoir fait elle-même un tentative d’avortement. Nous ne connaissons pas les détails exactement. Mais, il est clair qu’on croit que c’est quelqu’un de l’hôpital qui l’a dénoncée. Les accusations sont tombées parce que le public était tellement scandalisé de ce qui lui arrivait. C’est très récent.

M.G. : C’est exact. C’est un exemple de plus. C’est un exemple important pour démontrer comment les médecins et les infirmières deviennent des émissaires pour les États, pas tous et toutes mais un nombre significatif. En Alabama, il y aurait une ligne directe entre les hôpitaux et les procureurs.es de l’État. Je le sais parce que je les ai interviewés en personne autant que par téléphone pour leur demander comment ils arrivaient à poursuivre ces femmes enceintes (dans leur État). Leur réponse était simple ; c’est à cause des rapports qu’ils ont développé avec les médecins et les infirmières.

Cela c’est sans parler des cas impliquant la douzaine de Noires en Caroline du sud où le Medical University s’apprêtait à installer un lien direct avec la police et les procureurs pour pouvoir cibler spécifiquement ces femmes qui consomment de la cocaïne durant leur grossesse. Mais il faut souligner qu’il n’y a aucune preuve statistique que les Noires consomment plus de cocaïne que les Blanches. Mais ce centre médical voulait cibler exclusivement les Noires. Leur coup de filet a mené à l’arrestation d’une douzaine de femmes, sorties de l’hôpital manu militari menottées, les chaînes aux pieds durant leur accouchement. Il n’y avait qu’une femme blanche en cause. Dans son dossier on pouvait lire : « elle vit avec un Afro Américain ». C’était suffisant pour qu’elle fasse partie du groupe de Noires victimes de ces traitements horrifiques et saisissants. Tout cela est important en ce moment pour que nous comprenions que notre attention doit porter plus largement sur l’ensemble des droits reproductifs, pas que sur un seul.

A.G. : Comment cela est-il conforme avec le serment d’Hippocrate et avec l’exigence de la confidentialité du rapport entre le patient, la patiente et son médecin ?

M.G. : Dans ces cas, il n’en n’est pas question. On a invoqué dans le débat, que ça ne devait pas s’appliquer dans les cas des femmes enceintes parce que les procureurs.es voient le fœtus comme une personne qui a donc été mis en danger par la conduite de la mère.

En ce moment, je crois qu’il est important de noter parce que dans son brouillon, le juge Alito souligne par une citation entre parenthèses la façon dont le Mississippi qualifie maintenant le fœtus, c’est-à-dire comme un enfant non encore né. Donc, lui qui se définie comme fidèle au texte de la Constitution et à son histoire, quand il fait ses choix de références, il évacue, comme le juge Thomas, une disposition importante de la Constitution qui ne reconnaît que les personnes vivantes. C’est très précis. C’est le texte du 14ième amendement. Ils font fi du 14ième amendement qui spécifie clairement que les citoyens.nes américains.es sont les personnes vivantes, pas le contraire, comme le prétendent le juge Alito et les quatre autres juges qui ont signé son brouillon.

A.G. : Professeure Goodwin, vous écrivez au sujet d’un nouveau contrat de justice eut égard à la reproduction. Pouvez-vous nous expliquer cette recommandation ?

M.G. : Il faut comprendre qu’aujourd’hui, personne n’est en sécurité. Nous sommes dans un recul de la démocratie ; les lois et les règles sont foulées aux pied de multiples façons. Si nous avions plus de temps, nous pourrions aussi voir comment le juge Roberts (juge en chef de la Cour suprême n.d.t.) s’inscrit dans cette dynamique. J’ai écrit au sujet de ce nouveau contrat concernant la reproduction comme une urgence pour les plus vulnérables mais maintenant nous sommes tous et toutes vulnérables : les gens LGBT comme ils et elles le deviennent au Texas, la loi « Ne dite pas le mot gay » en Floride et les attaques contre les parents d’enfants transgenre au Texas. Ce genre de réglementation et loi s’étend à toute vitesse partout dans le pays. Dans ma proposition je souligne qu’il devrait y avoir des protections constitutionnelles dans le secteur de la reproduction qui en fait n’est qu’une partie des droits humains après tout. J’ai décliné tout ce que cela veut dire point par point. (…) Dans tout cela nous devons penser d’abord et avant tout à la protection des femmes qui tombent enceinte et la situer comme un droit constitutionnel fondamental complet. Nous n’avons pas d’amendement sur le droit à l’égalité. Ce serait un moyen de nous protéger contre les législateurs.trices qui privent littéralement de toute forme de dignité humaine, de vie privée, d’autonomie et d’égalité quiconque a le potentiel de tomber enceinte. Nous parlons bien sûr largement des femmes et des filles.

Plus tôt, j’ai mentionné le juge Roberts parce qu’il est intéressant de comprendre jusqu’à quel point il est sensible à la perception de vulnérabilité où se trouve le Cour suprême comme institution légitime. En fait la majorité des Américains.es n’ont pas confiance dans la Cour comme institution éthique, qui puisse refléter leurs valeurs, les refléter. Donc, certains.es ont vu le juge Roberts glisser vers les libéraux.ales dans le traitement de la cause de la loi 8SB du Texas. Lors de la session 2019-2020, la dernière à laquelle la juge R.B. Ginsburg ait participé, c’est ce qui s’est passé dans la cause peu connue, June Medical c. Russo.( qui traitait de restrictions à l’accès à l’avortement. N.d.t.). Encore une fois, ce n’est pas parce qu’il défende à tout crin les droits reproductifs, mais parce que quelques années plus tôt, la Cour a rejeté deux lois du Texas qui visaient à enfreindre les droits à l’avortement. Ensuite, la Louisiane a adopté une loi semblable donc a obligé le tribunal à la renverser également. Grâce au vote du juge Roberts ce fut le cas. Je pense que ce comportement de sa part repose sur sa préoccupation pour la légitimité de la Cour qui ne doit pas être soumise aux impératifs politiques d’une époque particulière. Nous en sommes là.

À propos de la fuite : il faut nous reporter à ce qui s’est passé après la cause June Medical c. Russo. Le juge Roberts a été attaqué ; on exigeait sa démission. La droite menait la charge qui est allée jusqu’à des menaces de mort. On en a pas beaucoup parlé mais dans la foulée de la fuite, je m’en suis souvenu et me suis demandé à qui ce genre de décision donne des justifications de harcèlement et qui s’interroge sur les bases de son idéologie. Voilà le juge Roberts.

A.G. : Exact ! D’ailleurs il ne porte pas seulement le titre de juge en chef de la Cour suprême il est aussi le juge en chef des États-Unis. Il dirige ce tribunal et se préoccupe de sa légitimité.

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