Rapport de la vérificatrice générale : L’expertise doit être reconstruite au MTMDET, constate le SFPQ !
Le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) n’est guère surpris des nouvelles lacunes soulevées par la vérificatrice générale (VG), Guylaine Leclerc, dans la gestion des contrats au ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des Transports (MTMDET). Dans le deuxième volet de son audit particulier déposé ce matin, la VG souligne à grands traits les difficultés du ministère à exercer un contrôle rigoureux sur les centaines de millions de dollars en contrats accordés à des firmes externes dans le contexte où le ministère demeure affaibli sur le plan de l’expertise.
Le SFPQ constate que le MTMDET est devenu essentiellement un donneur d’ouvrage, captif de ses fournisseurs, vulnérable de la conception des contrats jusqu’à leur exécution. D’un côté, pour la préparation de contrats et l’estimation des coûts, on a même vu un consultant être payé par le ministère pour trouver un consultant qui devait établir les paramètres d’un appel d’offres. De l’autre côté, pour la surveillance des chantiers, le gouvernement s’est seulement engagé à porter à 50 % la proportion du nombre de chantiers qui seraient inspectés par des ressources internes sans égard à leur valeur. « Cette promesse c’est de la poudre aux yeux, le ministère ne vérifie que de petits chantiers. Aujourd’hui, la vérificatrice générale confirme que la surveillance des chantiers correspondant à 94 % de la valeur des contrats était faite par des firmes externes. Or, c’est 100 % de la surveillance des chantiers qui devrait être faite par le ministère, il en va de la responsabilité à l’égard des investissements publics et de l’indépendance de ce ministère vis-à-vis des firmes privées, » constate le président général du SFPQ, Christian Daigle.
Pour contrer efficacement cette dépendance aux firmes externes et répondre aux problèmes soulevés ce matin par la vérificatrice générale, le SFPQ recommande donc à nouveau d’attaquer le problème à sa source même : réaliser à l’interne les activités récurrentes du MTMDET. « La solution passe par l’expertise du personnel du ministère pour la réalisation des travaux et l’arrêt de sa dépendance vis-à-vis des fournisseurs. Plusieurs études ont démontré qu’il coûte systématiquement plus cher d’avoir recours à la sous-traitance pour des activités qui reviennent chaque année sur nos routes. S’il souhaite diminuer la gestion des contrats, reprendre le contrôle sur ses projets d’infrastructure et freiner l’hémorragie des coûts, le ministère devra embaucher plus d’ouvriers et de techniciens », souligne monsieur Daigle.
Rapport du Vérificateur général : le MTQ continue de faire fausse route, juge le SPGQ
Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) accueille avec frustration les observations du Vérificateur général contenues dans son rapport spécial sur le ministère des Transports (MTQ). Encore une fois, le travail de la vérificatrice générale, Mme Guylaine Leclerc, relève des irrégularités au MTQ dans la gestion des contrats et l’encadrement de firmes externes.
« Le bar est toujours ouvert au MTQ. Les lacunes relevées par la vérificatrice générale sont nombreuses et, malheureusement, ne sont pas nouvelles. L’expertise au sein du MTQ demeure vulnérable, dit la vérificatrice. Le manque d’expertise soulève bien des questions sur la capacité du MTQ à encadrer les faramineux contrats confiés aux firmes privées. L’influence indue des entrepreneurs et lobbyistes dans la gestion des projets du plus gros donneur de contrats publics au Québec se poursuit donc », soutient Richard Perron, président du SPGQ.
Le SPGQ répète que le gouvernement doit miser sur l’expertise des professionnels et professionnelles et ainsi s’assurer d’une gestion efficiente et intègre des fonds publics. Difficile à faire cependant, car le MTQ offre la grande majorité de ces contrats à des firmes externes.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes, puisque Mme Leclerc affirme dans son rapport que, sur les 53 contrats d’une valeur totale de 300 millions $ qu’elle a analysés, 95 % de ce montant avait été versé à des sous-traitants. Et la surveillance des chantiers est, elle aussi, octroyée presque entièrement à l’externe. À tout cela, des lacunes dans l’estimation des coûts persistent. Bref, rien ne change au MTQ.
Le gouvernement devrait pourtant se souvenir que la perte d’expertise au MTQ et le recours abusif aux firmes de génie, dans les années 2000, se sont traduits par l’entrave du rôle du MTQ, lequel n’arrivait plus à assurer un véritable suivi de ses travaux et à en contrôler les coûts.
« Le MTQ continue d’avoir le pernicieux réflexe de recourir outrageusement aux firmes privées. Le délestage de l’expertise interne du MTQ mène à une gestion de risque moins efficiente, ouvrant ainsi la porte au gaspillage de nos ressources collectives. Pour cesser de dilapider les fonds publics, le gouvernement doit plutôt réinvestir dans son expertise interne ! », rappelle M. Perron.
Les recommandations de la commission Charbonneau allaient pourtant en ce sens, mais le gouvernement tarde à les appliquer. La rémunération globale des professionnelles et professionnels du SPGQ connait un retard de 23 % comparativement à celle d’autres fonctions publiques.
« Réinvestir dans l’attraction et la rétention de professionnelles et professionnels qualifiés est primordial afin de reconstruire l’expertise interne, tant au MTQ que dans les autres ministères et organismes », affirme Richard Perron.
Le rapport de la vérificatrice note également que les problèmes au MTQ ne touchent pas que le domaine de l’ingénierie, mais aussi les différents services dans lesquels travaillent les quelque 900 professionnelles et professionnels membres du SPGQ.
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