Les axes prioritaires d’intervention
L’axe central de la politique autochtone de QS, c’est l’application « sans restriction » de la Déclaration des Nations unies sur les droits des personnes autochtones (DNUDPA), une proposition-cadre qui émane directement des Autochtones. La DNUDPA (qui ne fut adoptée par le gouvernement Harper qu’en 2010) ouvre un vaste chantier international de débats politiques et juridiques au niveau des droits des peuples autochtones. A partir de la DNUDPA, les instances de QS ont ensuite développé quatre priorités :
– Respect de l’autonomie politique
– Accès aux territoires et aux ressources.
– Amélioration des conditions de vie
– Soutien aux cultures autochtones, incluant l’histoire et les langues traditionnelles.
La promotion du droit à l’autodétermination politique des 11 peuples autochtones situés sur le territoire du Québec implique que QS reconnaisse que ceux-ci n’ont jamais renoncé à leur souveraineté, ni par traité ni autrement. Il se base sur un principe simple : le peuple québécois ne peut | refuser ce qu’il revendique pour lui-même. Québec solidaire reconnaît I aussi que des relations égalitaires avec les peuples autochtones nécessitent le remplacement de Va priori de « l’intégrité territoriale » du Québec par celle de la nécessaire cohabitation sur un même territoire de peuples souverains pouvant disposer librement de leur avenir.
Vision écologiste
Pour QS, cette cohabitation est portée par une vision écologiste de l’occupation du territoire, définie comme une responsabilité à partager, et non une façon d’exploiter et de marchander des ressources jusqu’à leur épuisement. Le discours traditionnel autochtone soutient que la protection du territoire est une responsabilité envers les générations futures. Les deux i sont compatibles.
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Avec les femmes autochtones
Étant donné le niveau indécent des conditions de vie des Autochtones par rapport aux Québécois-es, il n’est pas surprenant qu’un parti de gauche ! défende l’amélioration des services sociaux et de santé des communautés. D’autre part, le passé de solidarité féministe de Manon Massé et de Françoise David avec Femmes autochtones du Québec (FAQ) impliquait forcément l’ajout d’une clause particulière pour les femmes autochtones, lesquelles font face à des problèmes spécifiques.
Culture et langue
Quant au soutien aux communautés pour diffuser, se réapproprier ou conserver leur langue, leur histoire et leur culture traditionnelles, il s’insère ’ dans la mouvance des travaux de la Commission de vérité et réconciliation de la dernière décennie, qui devait dévoiler l’existence et les conséquences néfastes de l’épisode des pensionnats indiens, une stratégie génocidaire imposée par le gouvernement canadien pendant une centaine d’années et dont le but avoué était de « tuer l’indien dans l’enfant ». Pour tourner | la page , les communautés autochtones ont massivement encouragé leurs membres à se reconnecter avec leur territoire, leurs traditions, leur langue ! et leur histoire.
Des actions et pas seulement des mots
Afin de concrétiser les orientations politiques de leur parti, les porte- paroles de QS ont répondu aux revendications autochtones de leur façon habituelle, en descendant dans la rue, en allant rencontrer des gens, et en utilisant leur présence à l’Assemblée nationale du Québec pour déposer des motions ou organiser des conférences de presse.
LE MONDE AUTOCHTONE ET QS
quelques actions en soutien aux Autochtones (2013-2016) :
– Réforme du programme d’histoire au secondaire pour y inclure l’histoire des Premières Nations, des Métis et des Inuits, incluant l’épisode des pensionnats (pétition demandée par Viviane Michel de FAQ parrainée par Amir Khadir)
– Prise de parole lors du rassemblement à Oka/Khanesatake contre le pipeline d’Enbridge avec les communautés mohawks
-Vigile et marche pour les femmes autochtones disparues et assassinées
– Marche des Peuples pour la Terre-Mère (participation des trois députés)
– Organisation par QS d’un Forum parlementaire solidaire international au Forum social mondial et participation du chef de l’APNQL, Ghislain Picard
MOTIONS DE QS RELIÉES AUX ENJEUX AUTOCHTONES À L’ASSEMBLÉE NATIONALE
•2011 : Appel à un engagement véritable du gouvernement pour résoudre les problèmes sociaux des communautés autochtones, un an après les excuses officielles de Stephen Harper (Amir Khadir)
•2014 : Mise sur pied d’une commission d’enquête sur les femmes autochtones disparues et assassinées (Manon Massé)
•2014 : Appui à la Déclaration de souveraineté des Atikamekws
•2016 : Acceptabilité sociale des projets miniers - communauté algonquine de Lac-Barrière et communauté de Malartic (Amir Khadir) et Une conférence de presse avec Michel Thusky, représentant de Lac-Barrière
•2017 : Reconnaissance du racisme systémique envers les communautés racisées, y compris les Autochtones (Manon Massé)
Le monde autochtone n’est pas indiférent à Québec solidaire. Lors de la campagne électorale de 2014, la présidente de FAQ, Viviane Michel, donne publiquement son appui à QS. Durant cette campagne, un effort particulier est fait par les instances de QS pour rejoindre les communautés autochtones et pour mieux informer les candidats sur les réalités autochtones. Un document d’information bilingue sur les propositions de QS envers les Autochtones est envoyé dans toutes les communautés ainsi qu’à tous les membres, et une revue de presse hebdomadaire sur la politique autochtone est mise sur pied et diffusée par courriel à tous les candidats et candidates intéressés. Suite à cela, quelques candidats furent interrogés par des médias autochtones tels que SOCAM ou The Cree Nation, mais Amir Khadir dénonça publiquement le peu d’attention accordée aux enjeux autochtones par les autres partis politiques. En 2016, le chef de l’APNQL, Ghislain Picard, fait partie des personnalités publiques qui appuient QS, mais à titre personnel.
Une zone sensible et un travail à poursuivre
On remarque toutefois que le droit d’utiliser la langue de son choix - l’anglais pour le dire clairement — est plus timidement soutenu, même si c’est dans la DNUDPA, et même si c’est un enjeu important pour les communautés autochtones. En effet, le territoire culturel de la majorité des Autochtones dépasse les frontières du Québec, s’étalant dans plusieurs provinces ou Etats américains voisins, ce qui fait de l’anglais la langue d’usage.
| D’autre part, les nouvelles générations autochtones mettent beaucoup d’efforts pour se réapproprier leur langue d’origine, ce qui fait du français une troisième langue pour eux. Etant donné l’importance du français pour les Québécois, il sera essentiel de développer une approche respectueuse pour apprivoiser cette réalité. En conclusion, malgré cette zone grise, j nul doute que Québec solidaire a les positions politiques les plus avant- gardistes et les plus progressistes du Québec, voire du Canada envers les Autochtones, ce que les leaders autochtones eux-mêmes reconnaissent. Des relations politiques ont été créées, qui influencent toute la politique québécoise. Plusieurs leaders autochtones de la nouvelle génération appuient Québec solidaire, mais jusqu’à maintenant, aucun ou aucune ni’ s’est impliqué dans le parti. On peut espérer que cela se fera bientôt.
Geneviève Beaudet est une une ex-responsable de la Commission thématique Droits des nations autochtones de Québec solidaire et militante pour la cause autochtone.
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