Édition du 12 novembre 2024

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États-Unis

Quand Donald Trump s'en prend à John Lewis...

Lors de l’ouverture d’un week-end de commémoration de Martin Luther King, fidèle à lui même, Donald Trump a vivement critiqué une figure historique du mouvement des droits civiques.

Tiré du blogue de l’auteur.

John Lewis, un pilier du Congrès depuis trois décennies, a annoncé qu’il n’assisterait pas à la cérémonie d’investiture du président élu vendredi. Le milliardaire ne l’a visiblement pas apprécié.

La NBC diffusera aujourd’hui une émission où se justifie le parlementaire ainsi : "Je ne considère pas ce président élu comme un président légitime". Il fait également valoir que "Les Russes ont contribué à l’élection de cet homme. Et ils ont pris part à la destruction de la candidature de Hillary Clinton".

Dans une série de tweets matinaux, Donald Trump a cédé à sa propension à livrer des querelles personnelles sur Twitter : "Le parlementaire John Lewis ferait mieux de passer du temps à s’occuper d’aider sa circonscription, qui est dans un état déplorable et qui se désintègre (sans parler de la criminalité qui la gangrène) plutôt que de se plaindre à mauvais escient des résultats de l’élection. Paroles, paroles, paroles - pas d’action ni de résultats. Regrettable !", a-t-il écrit.

D’abord au nom de la dignité de la fonction présidentielle, ensuite en raison du respect qui entoure la personnalité de John Lewis, le futur 45e président des Etats-Unis a immédiatement suscité des réactions outrées...

John Lewis, le héros anti-ségrégation

Au moment marches de protestation de Selma à Montgomery, menées dans l’Etat de l’Alabama en 1965 au nom du droit de vote des Noirs, qui ont marqué la lutte des droits civiques aux Etats-Unis, l’homme de 76 ans enfilait sa tenue de militant. C’est lors de l’une de ces marches, que M. Lewis avait subi une fracture du crâne lorsque les contestataires avaient été attaqués par la police locale.

David Axelrod, un ancien proche conseiller de Barack Obama a écrit : "Je ne suis pas d’accord avec ce qu’a déclaré John Lewis, mais je rends hommage à l’homme qu’il est. Son honnêteté. Son intégrité. Son courage. Des qualités inestimables". Des internautes reprochent aussi à Trump d’être monté au créneau justement au moment où les Etats-Unis s’apprêtent à rendre leur traditionnel hommage annuel à Martin Luther King.

John Lewis a été un compagnon de route du célèbre pasteur pacifiste mort assassiné, dont le mémorial est au coeur de Washington. C’est justement là que se sont rassemblés samedi près de 2.000 manifestants, noirs dans leur majorité, après une marche le long du National Mall, l’esplanade bordée par les principaux musées et mémoriaux de Washington. Ils ont répondu à l’appel du révérend Al Sharpton, une personnalité respectée du mouvement de défense des droits des Noirs. "Nous voulons faire comprendre à ce pays qu’il faudra davantage qu’une élection pour effacer ce pour quoi les gens ont lutté, et tout ce qui a été obtenu", a lancé M. Sharpton, qui s’exprimait du haut d’une tribune et sous une pluie fine. Il a appelé son auditoire à lutter pour conserver les acquis de huit ans d’administration du pouvoir par Barack Obama.

La marche des femmes

Mais les personnes rassemblées partageaient le même pessimisme à la perspective de la présidence Trump qui s’ouvre dans moins d’une semaine. "J’ai le sentiment que ces quatre prochaines années il n’y aura personne au gouvernement pour s’intéresser à mes préoccupations". C’est ce qu’a confié à l’AFP Valérie Williams qui s’est dite "scandalisée" par les récentes nominations du magnat de l’immobilier qui selon elle illustre le règne de l’argent au détriment des couches les plus défavorisées de la population.

Alors que l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche approche, des centaines de milliers d’Américains se préparent à marquer leur rejet de par des manifestations dans tous les Etats-Unis. Ces derniers veulent surtout converger vers Washington pour un rassemblement historique le 21 janvier. Cette "Marche des femmes", née d’un simple message publié sur Facebook, pourrait attirer 200.000 personnes selon les organisateurs.

Le parlementaire démocrate Mark Takano, a également annoncé hier qu’il n’assisterait pas non plus à la cérémonie d’investiture de Donald Trump en publiant sur son compte Twitter une photo de Martin Luther King.

Thomas Monteiro

Blogueur sur le site de Mediapart.

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