Vendredi matin, dans le journal La Presse, il y avait un article sous le titre La FCEI critique la hausse à 14,25 $.
La FCEI, c’est la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, une organisation qui affirme que hausser le salaire minimum entraîne toujours un impact négatif pour les entreprises ; que bien des entreprises devront :
◦ Augmenter le prix de leurs produits et services ;
◦ Réduire leur nombre d’employés ;
◦ Ou envisager leur fermeture.
La FCEI, comme le Conseil du patronat, a même le culot d’affirmer que hausser le salaire minimum, ce n’est pas une mesure très efficace pour combattre la pauvreté.
• Il faudrait plutôt augmenter la Prime au travail et d’autres crédits d’impôt pour les travailleurs et travailleuses pauvres.
• Il faudrait faire ça en même temps qu’une baisse du fardeau fiscal de ces entreprises.
Bref, il faudrait que l’ensemble de la société compense pour des entreprises qui paient mal leurs employé·es tout en baissant les impôts de ces mêmes entreprises.
Belle logique.
La FCEI et le Conseil du patronat ne parlent jamais des conditions de vie des gens qui dépendent du salaire minimum.
Nous, on l’a fait.
Qu’est-ce que les gens nous ont dit quand on leur a demandé qu’est-ce qu’ils feraient d’une hausse importante de leur salaire ?
• Rachel, préposée aux bénéficiaires : « Payer les comptes, payer les dettes et se permettre un petit luxe, mettons au lieu d’acheter des fruits congelés, on pourrait peut-être se permettre de les acheter frais. »
• Roxanne, réceptionniste : « « Ne pas me tracasser et me dire : “Est-ce que je vais pouvoir payer mon loyer ?” »
• Sylvie, travailleuse dans le milieu communautaire : « Des vacances, j’en ai jamais pris. Je rêve d’aller en Gaspésie, je n’ai jamais fait ça. »
J’arrête là, parce qu’il y a plus de mille personnes qui ont répondu à nos questions.
Le constat est clair et limpide : au Québec, en 2022, le minimum pour envisager sortir de la pauvreté, c’est 18 $ l’heure.
Et, au Québec, il y a près de 800 000 personnes qui ont un salaire de moins de 18 $ l’heure. Ça représente environ 1 personne salariée sur 5.
Ça, ça veut dire qu’environ 1 personne sur 5 occupe un emploi salarié qui ne lui permettrait pas de vivre seule, sans se retrouver en situation de pauvreté.
Pas étonnant qu’il y ait eu une hausse de 40% des utilisateurs et utilisatrices des banques alimentaires qui occupent un emploi (entre 2019 et 2021).
Et si j’étais de mauvaise foi, je dirais qu’une bonne partie de ces personnes sont à l’emploi d’une entreprise membre de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante.
Merci beaucoup !
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