Alors que le premier ministre Trudeau commençait à parler au large auditoire le mardi matin, des douzaines de jeunes travailleurs et travailleuses provenant de différents syndicats de différents secteurs, se sont rassemblés et ont tourné le dos afin de protester contre l’hypocrisie du gouvernement Libéral maintenant qu’il est au pouvoir.
Symbolique
Cette action était une désapprobation symbolique d’un leader qui a tourné dos aux jeunes travailleurs. Pour nous, tourner notre dos représentait comment nous désirions communiquer avec le premier ministre. C’était une représentation physique de ce que le mouvement syndicat et les mouvements sociaux doivent faire à notre avis lorsque confrontés avec des politiques anti-ouvrières et en faveur des corporations.
Beaucoup de paroles, peu d’actions
Ces dernières semaines, nous avons vu le gouvernement tourner le dos à la réforme électorale. On les a vus mettre de l’avant des accords commerciaux pro corporations comme l’accord de Partenariat Transpacifique (PTP) et l’Accord économique et commercial global (AECG ou CETA en anglais). On a vu le ministre des finances échanger le cash pour un accès économique alors qu’il demande aux jeunes d’accepter la réalité du travail précaire. On a vu le premier ministre réaffirmer sa position sur le salaire minimum à $15. On les a vu approuver le gazoduc LNG (projet de gaz naturel liquéfié Pacific NorthWest LNG dans le nord de la Colombie-Britannique, ndlr), malgré l’immense impact envers l’environnement et les droits territoriaux des peuples autochtones.
Le gouvernement parle beaucoup mais agit peu. Le premier ministre reste muet sur les enjeux qui comptent pour nous en tant que jeunes travailleurs et travailleuses, mais empressé de « dialoguer » avec nous dans l’intérêt d’une opération médiatique.
Durant notre manifestation, le premier ministre a tenté de monter les travailleurs les uns contre les autres et a condamné cette action comme irrespectueuse et contre productive aux intérêts des jeunes travailleurs et travailleuses. Pour nous ce sont les promesses brisées qui sont irrespectueuses et contre productives.
Les enjeux
La situation s’est rapidement intensifiée au-delà des questions en jeux et des discussions informelles avec les jeunes travailleurs et travailleuses qui réclamaient des actions sérieuses sur une variété d’enjeux cruciaux :
Il y avait des appels à mettre fin au projet d’oléoduc Kinder Morgan, à cesser la répression contre les autochtones qui défendent leurs terres et contre les défenseurs de la justice climatique – incluant les 99 jeunes arrêtés en face de la colline parlementaire dimanche, à rejeter le PTP, à sortir les travailleurs et travailleuses de la pauvreté en acceptant les demandes du mouvement pour le $15 minimum, à mettre en place un système de garderies abordable, à retirer la loi C-51, à mettre fin aux opérations militaires injustes de l’armée canadienne à travers le monde, à mettre en place une loi anti briseurs de grève, à mettre en œuvre un système d’éducation post secondaire gratuit, ainsi que plusieurs autres enjeux. Au-delà des selfies et des belles images formatées, les jeunes travailleurs et travailleuses voient de plus en plus que le gouvernement Trudeau contient peu de promesses significatives pour les travailleurs et travailleuses de tout âge.
Alors que l’événement approchait de la fin, le premier ministre dit à la salle qu’il serait « de retour ». Nous espérons sincèrement qu’il reviendra, mais nous avons quelques suggestions à lui faire quant à la façon dont il devrait préparer sa seconde visite.
Premier ministre Trudeau – revenez quand vous aurez tenu vos promesses concernant la réforme électorale, le salaire minimum fédéral et sur un plan d’action significatif pour la justice climatique. Revenez avec un plan d’action envers les violations des droits humains auxquels font face d’innombrables citoyens et citoyennes de ce pays. Revenez et démontrez de l’action, pas seulement des mots. Autrement, vous risquez de faire face à la même réponse que vous avez reçue mardi.
Jessica Sikora, Erin Warman, OPSEU ; Cory Weir, Unifor ; David Anderson and Suleman Bashrat, UniteHere ; Kim Abis, CUPE ; Brianna Broderick, USW ; Alexander Lambrecht, Northern Territories Federation of Labour
Tiré du site Rank and File : http://rankandfile.ca/2016/10/27/why-we-turned-our-backs-on-trudeau/
Traduction : André Frappier