Pour la CAQ, un État laïque impliquerait de contrôler ce que portent les employé·e·s de l’État « en position d’autorité », enseignant·e·s inclus·es. Cette campagne de division vise particulièrement les femmes musulmanes qui portent le voile. Il y a cinq ans, c’est le PQ qui pointait délibérément les femmes musulmanes qui portent le voile avec son projet de « Charte des valeurs québécoises ». Or, à peine 3,5 % de la population du Québec est de confession musulmane, dont à peine 40 % vont à la mosquée. Pour la minorité des femmes qui subissent une pression pour porter le voile, l’interdire ne va qu’augmenter leur isolement. Le faux problème du voile sur les milieux de travail vise à détourner notre attention des bas salaires, des conditions lamentables de nos écoles ou des coupes dans notre système de santé.
En réaffirmant le « consensus » du rapport Bouchard-Taylor pendant la campagne électorale de 2018, l’aile parlementaire de QS s’est embarquée dans le jeu des nationalistes péquistes et caquistes. Le projet de la CAQ en matière de « laïcité » — ou celui de la Charte du PQ — peut mener à des licenciements et à de la discrimination en matière d’emplois dans la fonction publique, particulièrement en enseignement.
Cette menace de licenciement nuit aux possibilités d’emplois des femmes musulmanes pratiquantes. Elles ne pourront aspirer à devenir juges ou enseignantes. Un tel projet viole non seulement le droit d’exprimer ses convictions religieuses, mais aussi celui des femmes de s’habiller comme elles le veulent. Comme le stipule le programme de QS en matière de laïcité : « c’est l’État qui est laïque, pas les individus ».
QS doit rompre avec le nationalisme identitaire
Le projet de la CAQ tente en fait de résoudre la crise identitaire et nationale québécoise qui accompagne la crise du capitalisme mondial. La CAQ et le PQ en font porter le chapeau aux personnes considérées musulmanes. Le nationalisme judéo-chrétien occidental rajoute un caractère ethnique à la hiérarchie sociale propre au système capitaliste. La classe travailleuse se retrouve ainsi divisée entre les personnes qui travaillent, mais sont issues de l’immigration, et celles qui ne le sont pas. La réponse à cette crise ne se trouve pas dans un repli identitaire, mais bien dans un programme socialiste et républicain.
Diviser pour mieux régner
Dans le système capitaliste, les personnes issues de l’immigration voient leurs conditions matérielles d’existence réduites. Cette situation rend leur intégration et leur socialisation difficiles. Le « danger de l’intégrisme religieux » ou encore celui de la remise en cause des valeurs d’égalité homme-femme ne sont que des écrans de fumée devant les vrais problèmes de la société capitaliste patriarcale.
Le manque d’accès au logement, le salaire minimum insuffisant, la précarité d’emploi, le manque de fonds pour l’inclusion et la francisation des nouveaux et nouvelles arrivant·e·s, l’accès aux CPE ou encore l’oppression nationale des Premières nations et du Québec sont des enjeux volontairement mis de côté pour pointer du doigt les immigrant·e·s et les femmes musulmanes, supposées menaces à l’idéal québécois.
Pour la laïcité de l’État et la liberté religieuse
Alternative socialiste défend le droit des femmes à se vêtir comme elles le souhaitent. Ce qui signifie que nous nous opposons autant à l’interdiction du voile qu’à son imposition. Une vraie laïcité de l’État implique de défendre la liberté de religion de tout le monde, incluant les opinions des personnes non religieuses. Le réinvestissement dans les programmes sociaux, en particulier en éducation, en santé et en logement, constitue le pivot de l’amélioration des conditions de vies de la majorité de la population.
Dépasser le programme de QS
Alternative socialiste considère que les membres de Québec Solidaire, de sa direction et de son aile parlementaire doivent revenir au programme du parti en matière de laïcité et le pousser plus loin en affirmant un projet d’État laïc basé sur l’unité de toute la classe travailleuse autour d’un programme socialiste et républicain.
La xénophobie, l’oppression nationale et le racisme font partie intégrante du capitalisme. Pour en finir avec ces stratégies de division, il faut en finir avec le capitalisme. Le seul acteur social capable de le renverser, c’est la classe travailleuse unie dans toute sa diversité.
Charles D. & Julien D.
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