Les critiques des petits réacteurs nucléaires modulaires (PRM) disent que le développement de leurs technologies expérimentales prendra trop de temps pour faire une différence sur le changement climatique et pourrait drainer des milliards de dollars des coffres publics. Une étude récente de l’Université de la Colombie-Britannique a montré que l’énergie produite par les PRM pouvait coûter jusqu’à dix fois plus cher que les sources d’énergie renouvelables comme l’énergie éolienne et solaire.
Les PRM laisseraient également des déchets radioactifs aux emplacements proposés dans le Nord canadien, dans les collectivités éloignées et des Premières nations. Certains modèles introduiraient de nouveaux problèmes en utilisant du combustible au plutonium extrait de barres de combustible usé liquéfié dans de l’acide corrosif, créant ainsi un héritage de déchets à vie longue et hautement radioactifs.
Un groupe de femmes leaders a écrit aux membres du Conseil du Trésor lundi, déclarant que le soutien fédéral aux petits réacteurs nucléaires modulaires enfreindrait l’engagement international du Canada à minimiser la production de déchets radioactifs, et leur demandant de mettre un terme à tout soutien et financement du gouvernement pour les PRM.
Les PRM sont vantés par le ministre O’Regan comme essentiels pour lutter contre les changements climatiques. Pourtant, la feuille de route des PRM publiée par Ressources naturelles Canada indique que les PRM seraient utilisés pour les sables bitumineux et l’extraction de pétrole et de gaz, en plus de l’industrie minière et lourde. La feuille de route suggère également aux gouvernements fédéral et provinciaux de partager le coût des premiers PRM et de leurs déchets radioactifs avec l’industrie.
Les plans d’un projet de démonstration de PRM sont déjà en cours aux Laboratoires de Chalk River sur la rivière des Outaouais, au nord-ouest d’Ottawa. Le site est géré par un consortium du secteur privé de SNC-Lavalin et de deux entreprises du Texas (Fluor et Jacobs). Le site de Chalk River appartient au gouvernement fédéral, mais ses opérations ont été privatisées en 2015.
Les messages envoyés au premier ministre Trudeau et au ministre O’Regan par des groupes et des particuliers soutiennent que :
• Les PRM retarderont l’action climatique car 15 ans pour construire une technologie non testée, c’est trop long. Une énergie renouvelable éprouvée et moins coûteuse existe maintenant.
• Les PRM n’ont pas une analyse de rentabilisation solide et nécessiteront des milliards de fonds publics, dans un environnement fiscal déjà tendu par le COVID-19.
• Les PRM créeront plus de déchets radioactifs, différents en plus de ce qui existe déjà, et ne « recycleront » ni ne réduiront les stocks de déchets nucléaires.
Ils demandent également une consultation avec les Canadiens et les peuples autochtones et disent que les PRM relieraient le Canada à une économie de plutonium et à la production d’armes, et feraient proliférer le risque nucléaire dans des localités et des communautés partout au Canada.
CITATIONS
« Il existe plus de possibilités d’emploi et de reprise économique dans la production d’énergie renouvelable et l’efficacité énergétique que dans l’industrie nucléaire inabordable et polluante. Si le gouvernement envisage d’injecter de l’argent des contribuables dans de nouvelles technologies nucléaires non testées, il ne fera que retarder l’action nécessaire aujourd’hui pour réduire les émissions. De plus, les PRM créeraient un héritage cauchemardesque de déchets radioactifs d’un océan à l’autre. »
– Dr Ole Hendrickson, vice-président de la Fondation Sierra Club Canada
« De combien de zones de sacrifice pouvons-nous assumer la responsabilité sur une planète finie ? Il y en a déjà trop. »
– Candyce Paul, Première nation d’English River, Saskatchewan, coordonnatrice de la sensibilisation du Comité pour les générations futures
« Nous avons formé la Coalition pour un développement énergétique responsable au Nouveau-Brunswick (CRED-NB) en réponse à la décision du gouvernement du Nouveau-Brunswick d’investir dans les PRM plutôt que dans l’énergie renouvelable durable. Nous voulons que les résidents du Nouveau-Brunswick évitent d’être exposés à davantage de déchets nucléaires et que nos fonds publics ne soient pas gaspillés pour développer une technologie prototype d’énergie nucléaire. Au lieu de cela, nous voulons être des acteurs dans la nouvelle économie mondiale des énergies renouvelables à faible émission de carbone. »
– Susan O’Donnell, PhD, chercheuse principale du projet Rural Action and Voices for the Environment (RAVEN) à l’Université du Nouveau-Brunswick et membre du CRED-NB
« L’investissement dans l’énergie nucléaire à la 11e heure est un détournement de l’action climatique réelle puisque des solutions renouvelables évolutives et rentables pourraient et doivent être utilisées. Les générations futures déjà soumises aux changements climatiques ne devraient pas se voir imposer de nouveaux risques, en raison des déchets radioactifs des PRM et du risque de prolifération qui les accompagne. Nous devons investir dans des solutions d’énergie renouvelable connues, et non dans la promesse d’une technologie hypothétique et risquée. »
– Kerrie Blaise, Conseillère juridique des Services du Nord, Association canadienne du droit de l’environnement
« Toutes les centrales nucléaires, petites ou grandes, coûtent cher, peuvent subir des accidents graves, produisent des déchets radioactifs dangereux et utilisent des matériaux qui peuvent être utilisés pour fabriquer des armes nucléaires. Alors que les petits réacteurs pourraient être meilleurs sur certains paramètres, ils seront pires sur d’autres. Un réacteur plus petit coûtera nécessairement plus cher par unité d’énergie électrique produite car il perdra des économies d’échelle. Les PRM ne pourront en aucun cas sauver l’énergie nucléaire et la rendre sûre ou durable. »
– Dr M. V. Ramana, directeur, Liu Institute for Global Issues, Université de la Colombie-Britannique
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