Alors quel étonnement jubilatoire de pouvoir faire entendre au Président Bush, depuis la très chic enceinte des Nations unies à New-York, quelques-unes de ses quatre vérités. Et même si elles prennent parfois un tour facile et personnel (Bush « l’alcoolique », Bush, le fils « à papa », Bush « qui ne connaît rien à la politique »), ces vérités -amplement vérifiées par ailleurs— n’en ont pas moins pour visée première de dénoncer haut et fort les politiques impérialistes de l’administration conservatrice états-unienne ainsi que d’en appeler à la conscience du peuple américain auquel il a proposé au passage -notamment pour ceux et celles habitant Harlem— du pétrole à bas prix. Et gageons que Noam Chomsky ne doit pas être mécontent de voir que, suite aux recommandations de Chavez de lire son ouvrage Hegemony and Survival : America’s Quest for Global Dominance (« plutôt que de regarder Superman »), ce dernier a soudainement fait un bond au hit-parade les livres les plus vendus aux USA. De quoi au passage conforter sa fameuse thèse sur les médias américains et leur rôle de « machine à fabriquer du consentement ».
Au Québec, la même volonté ?
On souhaiterait parfois retrouver ici, au Québec, la même volonté de dire clairement les choses, le même refus de se perdre mièvrement dans les méandres des demi mots de la rectitude politique. Surtout s’il s’agit de ce qui est le plus essentiel en politique : la décision d’envoyer des troupes à la guerre. Et d’autant plus si les grands de ce monde -ou ceux et celles qui comme Michaël Jean, la gouverneur générale du Canada ont fait le choix de les servir— en rajoutent en vantant sans vergogne les mérites des troupes canadiennes envoyées en Afghanistan.
Pour faire face à la machine de propagande des élites, à tous ceux dont les intérêts bien comptés sont aujourd’hui du côté de la guerre (entreprises pétrolières, fabricants d’armes, marchand de canons, etc.), il faut plus que jamais oser être clair. Et s’il y a bien des gens qui devraient l’être de manière exemplaire, ce sont bien les membres d’un parti de gauche comme Québec solidaire.
Faire le deuil
Sans doute, on peut comprendre qu’il soit difficile de faire le deuil de cette image qui pendant longtemps accompagnait les troupes canadiennes : celle d’être des troupes « en mission de paix ». Sans doute aussi peut-on comprendre que l’idéologie du « droit d’ingérence humanitaire » a fini par être intériorisée par beaucoup, écho lointain et perverti de ce noble souci d’aider autrui en difficulté. Mais toutes ces aspirations ou nostalgies n’ont aujourd’hui plus rien à voir avec l’intervention militaire et la guerre, telles qu’elles se développent depuis le 11 septembre 2001 sous l’égide des USA. Qu’on se le dise, la guerre que mène aujourd’hui le Canada en Afghanistan sous commandement de l’OTAN, n’a plus rien à voir avec un combat pour le développement, la démocratie ou l’égalité de hommes et des femmes. Piètres justifications qui dans le contexte géopolitique actuel n’ont que pour fonction de masquer l’essentiel : les effets si déstabilisateurs et contreproductifs, si inhumains de la stratégie de domination états-unienne. Oserons-nous le dire ?