Sans faire de procès d’intention à monsieur Myles, ses propos apparaissent assez ambigus en ce qui concerne "les drones américains et les assassinats ciblés", dont il ne précise pas s’il les souhaite, les craint ou les condamne d’avance.
Il fait référence dans son texte à ce qu’en d’autres temps (pas si lointains) on appelait des mesures de "contre-terrorisme" et qui n’étaient souvent que du terrorisme à rebours, aboutissant à l’élimination physique de résistants ou d ’opposants à des régimes politiques en place. Le gouvernement israélien, celui d’autres États du Moyen-Orient et même celui des États-Unis se sont sinistrement illustrés en utilisant ce genre de méthode.
À long terme, l’efficacité de ces moyens s’avère contestable, car ce ne sont pas les mécontents qu’il faut supprimer, mais les causes du mécontentement. Elle sont nombreuses, et elles varient d’un pays à l’autre. Elles découlent du contexte national et politique spécifique à chaque nation.
Assassiner des responsables militaires et politiques regardés comme de dangereuses nuisances n’aboutit le plus souvent qu’à jeter de l’huile sur le feu et à intensifier la violence politique réciproque. Se dévoile ainsi la figure impérialiste des pays occidentaux hégémoniques, ce qui ne convaincra pas les Afghans et les Afghanes de la sincérité des prétentions démocratiques occidentales.
Les jeux de la négociation et des concessions sont compliqués et leurs résultats incertains ? Oui, mais ils sont plus prometteurs à long terme que les mesures brutales de rétorsion, si chères aux impérialistes.
Après tout, Afghans et Afghanes ont vu beaucoup de leurs compatriotes tués par les militaires occidentaux et leur pays saccagé, tout ça pour venger l’attaque du 11 septembre 2001, dans laquelle la population afghane dans son ensemble n’avait pourtant aucune part de responsabilité. La réconciliation ne pourra non plus se faire du jour au lendemain. L’intervention occidentale a plutôt abouti en effet, à un gâchis généralisé. La situation est plus compromise que jamais et la responsabilité n’en n’incombe pas qu’aux talibans.
Les Afghans et Afghanes ne sont pas dupes des prétentions occidentales sur l’établissement d’un régime démocratique viable à Kaboul. Les notions de liberté et de bonheur varient grandement dans le temps et l’espace, mais aucun peuple n’apprécie une occupation militaire prolongée, même au nom d’une soi-disant "bonne cause".
En terminant, je voudrais citer un proverbe arabe qui dit : "En Orient, la victoire n’est complète que si d’un vaincu ont peut faire un allié".
Politiciens israéliens, américains, canadiens et autres devraient méditer sur ces paroles...
Jean-François Delisle
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