8 mars 2023 | Source Rebelion
Il y a eu un appel pour une conférence internationale pour Haïti. Quel était la nature de cet appel ? Quel en était l’objectif ? Je crois savoir qu’il a été fait à divers moments en Amérique latine. Commençons par là.
Effectivement, il a été fait à des gens d’Afrique, d’Europe et d’Amérique du Nord et, bien sûr, d’Amérique latine et des Caraïbes. Il y en a eu plusieurs raisons motivant cet appel. Je voudrais en souligner 3 ou 4 qui sont indispensables. Premièrement, la crise haïtienne, la lutte du peuple haïtien est une lutte invisible, inconnue ou déformée. Donc, un premier objectif était d’essayer de s’exprimer à travers la parole des protagonistes ce qui se passe réellement en Haïti. Les personnes qui assistaient à cette conférence avaient cette possibilité.
Deuxièmement, il y avait aussi un segment de la conférence où différentes nationalités s’engageaient en solidarité avec la lutte du peuple haïtien. Ils ont exprimé en quelques minutes leur opinion sur la crise.
Le troisième objectif était non seulement de décrire et d’informer, mais d’ élaborer des propositions concrètes de solidarité et voir comment elles pouvaient être mises en pratique. Donc, il y avait trois objectifs fondamentaux Il y a eu aussi d’autres débats et une intervention culturelle d’un artiste Haïtien, etc. Mais ce fut fondamentalement cela..
C’est un moment crucial pour nous parce qu’Haïti traverse peut-être sa pire crise de l’ère moderne. Il y a la menace d’une nouvelle intervention militaire internationale. La capitale du pays est pratiquement contrôlée par des bandes criminelles armées à la solde de la communauté internationale et par certains membres de l’oligarchie politique d’Haiti.
Il y a de l’insécurité. Les enlèvements sont devenus récemment l’industrie la plus prospère d’Haït. En janvier, plus de 15 policiers ont été tués par des gangs criminels, pour vous donner une idée de la gravité de la situation.
Je vais vous poser une question qui selon moi mérite une réponse car je pense que c’est important. Cette situation ne justifierait-elle pas une intervention internationale ?
Cette situation est en grande partie due aux interventions Internationales. Regardez. De 1993 à 2017 Haïti a connu 13 interventions soi-disant pour stabiliser le pays, pour établir la démocratie, la paix, et renforcer le caractère démocratique des élections et bla, bla, bla… Il s’avère qu’en 2016 et 2017, il n’y a pas eu d’élections d’aucune sorte. Aujourd’hui il n’y a pas d’élections d’aucune sorte. il n’y a pas de fonctionnaire qui ait été élu à la suite d’une élection. Il n’y a pas de Chambre des députés ou de sénateurs. Il n’y a absolument rien. Il y a un type qui dirige le pays au moyen d’un chèque envoyé par la communauté internationale. Et maintenant. Ce dictateur a formé un faux Haut Conseil de la justice.
Ensuite, les personnes qui demandent une intervention ne le font pas pour défendre les intérêts du peuple. Nous croyons que les gens qui veulent intervenir ne le feront pas pour défendre le peuple, puisque ils l’ont prouvé tout au long de l’histoire.
Toutes ces interventions ont aggravé les problèmes du pays. De plus, une intervention précédée par un gouvernement dictatorial, illégal et illégitime, est une intervention massivement rejetée par La grande majorité du peuple haïtien qui ne peut évidemment pas l’accepter.
En deuxième lieu , une telle intervention aggraverait la violation de notre souveraineté et de notre droit à l’autodétermination. La lutte du peuple haïtien vise quelque chose d’essentiel, récupérer notre droit à l’autodétermination.
Nous comprenons que ce dont nous souffrons en ce moment, c’est la décomposition du système colonial et néocolonial imposé dans le pays depuis la première intervention militaire d’Haïti de 1915 à 1934 par les Américains. Donc, en aucune façon, nous n’allons croire que ceux qui ont créé de tels gouvernements vont résoudre le problème. Au contraire, nous préconisons une solution haïtienne à la crise. Et pour ce qui est de l’aide internationale en matière de sécurité, nous préférons nous fier à d’autres pays et non à à des pays comme le Canada, la France et les États-Unis.
Quelle serait la solution proposée par les organisations populaires haïtiennes à cette crise ?
Il y a un accord qui s’appelle l’accord du Montana signé le 30 août 2021 par plus des 1 000 organismes dont le programme est bien établi, notamment : l’organisation d’une élection interne en janvier 2022. Les participants ont proposé au pays un président provisoire et un premier Ministre provisoire. Il y a un plan de deux ans pour récupérer et organiser des élections pour assurer notre souveraineté.
Commencer à poursuivre les criminels, à la fois ceux qui ont commis des crimes de sang tels que les crimes économiques, les crimes de trahison, et puis réformer la Constitution à partir d’une Assemblée constituante. Créer un Conseil électoral et organiser élections. C’est le plan.
Mais ce plan ne répond pas aux intérêts de l’impérialisme américain, ni à ceux de l’oligarchie haïtienne. Il a d’important obstacles à sa mise en oeuvre. Ils préfèrent jeter tout leur poids dans la balance pour maintenir le statu quo actuel, même augmenter d’une certaine façon l’insécurité pour justifier à la fois à l’intérieur et à l’extérieur une intervention militaire.
Donc, il y a les propositions haïtiennes, mais ce que nous croyons, c’est qu’il n’y a pas de solution possible dans le dos du peuple haïtien. il n’y a pas de solution possible sans une participation directe et un contrôle exercé par le peuple haïtien.
Voulez-vous ajouter autre chose ?
Espérons que cette conférence servira de point de départ pour développer davantage notre action. J’espère que ce sera le coup d’envoi initial pour pouvoir mettre fin à l’isolement du peuple haïtien. La lutte populaire, c’est la façon de donner une suite à tout cela. J’apprécie déjà cette entrevue, votre effort parce que cela montre aussi votre solidarité active avec la lutte du peuple haïtien.
Un message, un commentaire ?