Tout d’abord, je suis d’accord avec Mme Soucy sur quelques points. Les atermoiements du gouvernement Couillard au sujet de l’exploration et de l’exploitation du pétrole d’Anticosti et en Gaspésie me tapent sur les nerfs ; sa politique du « NON-OUI, PEUT-ÊTRE » laisse tout le monde dans l’incertitude. Dans le dossier d’Énergie Est, je suis également d’accord pour que « le gouvernement du Québec assume pleinement sa compétence en environnement et renonce à déléguer ses évaluations environnementales à l’Office national de l’énergie ». Dans le dossier d’Énergie Est, l’aplaventrisme servile de M. Couillard et de M. Heurtel est contraire aux « intérêts supérieurs du Québec » ! Cette phrase, souvent utilisée par M. Robert Bourassa, indiquait une action sur laquelle tous les partis politiques qui ont à cœur l’épanouissement des Québécois devaient nécessairement être d’accord.
Malheureusement, si « le gouvernement du Québec est absent du débat », les « inquiétudes et préoccupations des Québécois » ne se limitent pas à « saisir les opportunités d’affaires ». Là où je diverge fondamentalement d’opinion avec Mme Soucy, c’est lorsqu’elle avance qu’il faut s’asseoir avec le promoteur et les gouvernements de l’Alberta et du Canada pour négocier sur les quatre points qu’elle propose, et qui incluent « les plus hauts standards de protection de l’environnement », une phrase creuse et pompeuse qui ne veut rien dire. Même les pires pollueurs l’utilisent à toutes les sauces !
Construire Énergie Est, c’est délibérément ignorer les avertissements des scientifiques du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) et de 97 % des climatologues. C’est faire fi de la Conférence de Paris qui affirme que l’humanité doit obligatoirement diminuer sa consommation de pétrole puis l’éliminer d’ici le milieu du siècleiii. Énergie Est a un seul objectif : augmenter la production des sables bitumineux avec une infrastructure lourde qui obligera ses clients à demeurer dans le pétrole, grand producteur de GES (gaz à effet de serre) pour au moins 40 ans. Mme Soucy, oubliez les modèles d’affaires du siècle dernier ; si je peux paraphraser un autre premier ministre, nous sommes en 2016 !!!
Pour chauffer ma maison en hiver, je n’ai pas besoin d’un combustible fossile qui pollue l’air ; j’ai besoin d’énergieiv. Nous avons besoin d’une énergie qui n’empoisonnera pas la vie sur la planète pour les sept milliards (bientôt neuf milliards) d’êtres humains qui l’habitent. La politique énergétique d’une formation politique comme la CAQ devrait refléter la réalité de la Conférence de Paris en appuyant les énergies renouvelables au lieu d’être à genoux devant Énergie Est !
Lorsque Mme Soucy accuse les autres dont le Parti Québécois de « partisanerie et de démagogie », elle devrait analyser la farouche partisanerie qui l’anime et qui ne tient pas compte des arguments logiques des Québécois et des autres partis politiques contre ce projet archaïque et dépassé. Mme la critique de la CAQ en matière d’énergie est tellement favorable au projet Énergie Est que je me suis plu à vérifier dans le registre si le nom de Mme Soucy y figurait à titre de lobbyiste officielle pour TransCanada.v Non, il n’y est pas.
Diantre ! Serait-ce une erreur ?
Gérard Montpetit
Membre du CCCPEM (Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l’environnement maskoutain)
Le 18 juillet 2016