Nous voici au début du mois d’octobre, soit six mois plus tard, et il n’y a rien de conclu aux différentes tables sectorielles ou centrales. Pire, selon les rapports que nous recevons des différentes organisations syndicales rejointes au téléphone mercredi, le gouvernement tergiverse et fait du sur-place. Il argue, en réaction à certaines demandes syndicales, que certains sujets doivent être discutés au niveau local ou à la table centrale. Bref, tout se passe comme si, celui qui a la possibilité de dénouer les pourparlers, s’organise pour gagner du temps.
Pourquoi les négociatrices et les négociateurs du Conseil du trésor agissent-elles et agissent-ils ainsi ? Peut-être dans le but de permettre au gouvernement de se retrouver dans une situation où il va pouvoir justifier facilement une interruption unilatérale et autoritaire de la négociation. Donc, en se dérobant cavalièrement, comme il semble le faire en ce moment, à son obligation de négocier en vue de déboucher sur un compromis négocié, le gouvernement gagne du temps. Il gagne même beaucoup de temps. Ceci peut lui donner le prétexte de dire éventuellement ce qui suit : « Nous avons longuement négocié avec la partie syndicale », « Nous n’avons plus rien à nous dire de nouveau sur les différents objets de la négociation », etc.. Avec un tel discours, où les perspectives d’une négociation fructueuse sembleront inexistantes, les conditions seront dès lors réunies pour permettre au gouvernement Legault d’imposer, de manière discrétionnaire, ses choix et ses solutions aux 560 000 salariéEs syndiquéEs des secteurs public et parapublic qui sont à 75% des femmes. Est-il encore nécessaire de mentionner que ces personnes ont trop souvent connu des décrets et des lois spéciales et qu’à cause de cette façon qu’ont eu les gouvernements libéraux et péquistes de mettre un terme aux échanges avec leurs vis-à-vis syndicaux, les salariéEs syndiquéEs des secteurs public et parapublic ont, comme nous le rappelle infatigablement chaque année l’Institut de la statistique du Québec, une rémunération qui est loin de correspondre à la valeur réelle de leur travail.
En lisant le communiqué que vous trouverez à la fin du présent texte, vous serez en mesure de constater que les déléguées de la FIQ menacent de mettre « à exécution », dès la semaine prochaine, « des moyens d’action et de visibilité drastiques ». À regarder comment le gouvernement se comporte à ce moment-ci, il est légitime de se demander quelle mauvaise surprise il semble vouloir destiner à ses salariéEs syndiquéEs. En lisant le même communiqué de la FIQ, vous vous direz que le gouvernement Legault se prépare, avec beaucoup d’insouciance et de légèreté, à récolter le fruit de la colère intériorisée qu’il cultive, depuis trop de mois, auprès de ses salariéEs syndiquéEs.
Yvan Perrier
7 octobre 2020
22 heures 45
yvan_perrier@hoptmail.com
Source :
https://www.newswire.ca/fr/news-releases/negociation-des-conditions-de-travail-des-professionnelles-en-soins-le-gouvernement-a-cinq-jours-pour-eviter-le-soulevement-des-professionnelles-en-soins-814494130.html . Consulté le 7 octobre 2020
Négociation des conditions de travail des professionnelles en soins - Le gouvernement a cinq jours pour éviter le soulèvement des professionnelles en soins
MONTRÉAL, le 7 oct. 2020 /CNW Telbec/ - Réunies virtuellement en Conseil national, les déléguées de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec - FIQ et celles de la FIQ | Secteur privé ont pris connaissance de l’avancée des travaux à la table de négociation pour le renouvellement de la convention collective des 76 000 membres qu’elles représentent. « Le rapport d’étape présenté aux représentantes syndicales de la province a reçu un accueil plus que glacial. Nous retournons à la table de négociation, mais déjà, nous avons un rendez-vous avec nos déléguées le 13 octobre prochain. D’ici là, il faudra que le gouvernement acquiesce à certaines de nos demandes importantes et essentielles pour nos membres, car dans le cas contraire, ce sont des moyens d’action et de visibilité drastiques que les professionnelles en soins mettront à exécution. Le gouvernement doit entendre le message : il a cinq jours pour éviter le soulèvement des infirmières, des infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques de la province », de déclarer Nancy Bédard, présidente de la FIQ.
Des gains significatifs, rien de moins !
Alors que les travaux à la table de négociation se déroulent depuis des mois, aucune proposition concrète qui changerait significativement les conditions de travail et d’exercice n’est offerte aux professionnelles en soins. « Nous ne sommes plus à l’étape des ouvertures ici et là. La patience a ses limites. Les professionnelles en soins en ont assez ! Elles ne veulent plus subir les mauvais choix du passé, mais surtout, elles ne peuvent plus accepter l’absence de mesures de la part d’un gouvernement qui répète jour après jour qu’elles sont importantes. La reconnaissance par les mots, elles la reçoivent quotidiennement des patient-e-s et de leurs familles. Ce qu’elles attendent du gouvernement, ce sont les conditions de travail qu’elles méritent depuis trop longtemps. Le contexte de la pandémie et le traitement que le gouvernement leur a réservé avec les nombreux arrêtés ministériels ont simplement ajouté de l’huile sur le feu de leur colère. Nous sommes à un point de rupture et le gouvernement doit bien le comprendre », de conclure madame Bédard.
À propos de la FIQ
La FIQ est une organisation syndicale qui compte près de 76 000 membres infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques œuvrant dans les établissements de santé aux quatre coins du Québec. La FIQ est une organisation féministe, composée à près de 90 % de femmes, vouée à la défense de ses membres, mais également à celle des patient-e-s et du réseau public de santé.
SOURCE Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec - FIQ
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