Édition du 17 décembre 2024

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Environnement

Mine Arnaud à Sept-Îles : Docteur, dois-je rester à la maison ?

Quand un médecin spécialiste dit à son patient que son état de santé exige un suivi étroit, habituellement ce n’est pas une « douce musique » aux oreilles du patient. Dr Stéphane Trépanier, médecin spécialiste en santé publique et en médecine préventive à la Direction de santé publique de la Côte-Nord (DSP), est venu rencontrer 3 groupes-citoyens, à leur demande, pour répondre à leurs questions sur les impacts de Mine Arnaud sur la santé humaine. Il n’est pas venu chanter une « belle chanson », mais plutôt expliquer les rôles et pouvoirs de la DSP.

* Lettre d’opinion, 29 avril 2014, www.lenordest.ca/2014/04/29/docteur-dois-je-rester-a-la-maison

L’auteure est du Regroupement pour la Sauvegarde de la grande Baie de Sept-Îles.

Dr Trépanier nous a dit que le directeur de la santé publique doit disposer d’outils pour exercer son travail de suivi de la santé. Pour ce faire, il a besoin de mesures en continu de la qualité de l’air afin de faire un suivi étroit de la situation. L’exposition aigüe (moins de 24 heures) à des contaminants atmosphériques peut amener des problèmes de santé divers pour les personnes vulnérables dont des crises d’asthme, problèmes cardiaques, etc. D’après Dr Trépanier, la population devrait être informée des dépassements afin que les personnes vulnérables puissent adapter leur comportement en limitant, par exemple, leurs activités extérieures. Il y a 4 paramètres pour lesquels Mine Arnaud serait significativement contributrice et dont l’indice de risque (IR) dépasserait 1 : le fer (8 heures), le manganèse (8 heures), le dioxyde d’azote ou NO2 (1 heure) et les particules fines ou PM2,5 (24 heures). L’Indice de qualité de l’air, pourtant disponible dans la plupart des villes québécoises, ne l’est pas ici. Mine Arnaud l’a refusé ainsi que le MDDEFP. Rien n’est prévu pour le suivi à court terme (24 heures et moins) malgré des dépassements des indices de risques dans la dernière modélisation.

Je voudrais rappeler ici que l’évaluation du risque toxicologique est basée sur la modélisation de dispersion atmosphérique de Mine Arnaud dans laquelle il y a des taux d’atténuation des poussières qui ont été jugés comme pas assez conservateurs par Environnement Canada. La Direction de santé publique aurait préféré ceux suggérés par Environnement Canada, les autres paramètres de la modélisation étant conservateurs (prudents). Le principal contributeur des particules dans l’air est le routage (transport), pour lequel il y a un désaccord très important. D’autres contributions n’ont pas été considérées comme la construction de la butte-écran qui durera 5 ans, la production d’agrégats (pierre concassée), la remise en suspension après dépôt au sol, etc., ce qui augmenterait potentiellement la quantité de particules dans l’air donc la fréquence des dépassements et leur ampleur. Une modélisation est censée prévoir adéquatement les impacts qu’une population et un milieu subiront. À quoi sert cet exercice censément scientifique si des paramètres sont potentiellement sous-estimés ? Un suivi pour valider les modélisations serait fait après le départ du projet… mais un peu tard pour les personnes impactées, un peu tard pour la précaution.

Il devrait y avoir équité entre les gens qui subiront les impacts et ceux qui retireront des gains du projet Mine Arnaud. La population doit être informée d’une manière transparente afin de pouvoir faire un choix éclairé entre sa santé et l’économie. C’est elle qui doit choisir. Un référendum est une voie privilégiée pour qu’elle s’exprime librement. Il ne suffit pas d’une première page du journal pour calmer les inquiétudes…

Louise Gagnon

Sept-Îles

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