Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Extrême-droite

Mathieu Bock-Côté, exportateur de paniques morales à travers l’Atlantique

Qui est le successeur d’Éric Zemmour sur les médias de Bolloré ? Nimbé d’une aura intellectuelle acquise dans son Québec d’origine, Mathieu Bock-Côté martèle un discours hostile au multiculturalisme. Inversant le sens des dominations, il se présente comme une sentinelle antitotalitaire.

Tiré de Médiapart.

Une recette de pâtes peut-elle être le signe d’une menace totalitaire qui plane sur la civilisation occidentale ? Lorsque la marque Barilla a fait la promotion de sa version « inclusive » des pâtes à la carbonara, destinée aux papilles végétariennes ou respectant des interdits religieux, Mathieu Bock-Côté a en tout cas jugé important d’y consacrer un éditorial de plusieurs minutes sur un plateau de CNews.

Tout en cherchant à mettre les rieurs de son côté, le polémiste s’est fait très sérieux. « Pour s’ouvrir à l’autre, il faut s’effacer soi-même », a-t-il déduit de la publicité, après avoir prévenu que « toute l’histoire de notre temps [y était] condensée ». « Demain, il faudra bannir le jambon, le porc », s’est-il alarmé. L’épisode témoignerait de ce qu’il appelle le « régime diversitaire » : une dilution des identités nationales dans un vaste melting-pot, aboutissant à la destruction de tout référent commun au nom d’autres identités brimées.

La cause de cette dystopie, selon lui, n’est pas à chercher bien loin. Ce qui empêche de dormir Mathieu Bock-Côté n’est en effet ni la catastrophe écologique, ni les inégalités abyssales du capitalisme contemporain, mais une « immigration massive » qui serait hors de contrôle, voire favorisée par « les élites ».

Le thème est récurrent dans les interventions du nouvel éditorialiste vedette du groupe Bolloré, qui a succédé à Éric Zemmour sur CNews et intervient également sur Europe 1. Outre sa présence médiatique, l’homme se voit érigé en référence intellectuelle depuis l’extrême droite jusqu’à la droite post-gaulliste du parti Les Républicains (LR). Son audience et son influence en font une figure qui pèse désormais dans le débat public. D’où l’importance d’observer de plus près les idées qu’il véhicule, leur origine et la façon dont il les défend.

La première d’entre elles, donc, est la critique de ce qu’il appelle « l’immigrationnisme ». Toute polémique est bonne à prendre pour enfoncer le clou. Le 17 juin dernier, le plateau hebdomadaire sur lequel il intervient portait sur la diffusion des abayas en milieu scolaire – une longue robe traditionnelle venue du Moyen-Orient, dont la connotation religieuse est disputée. Là où de nombreux observateurs se sont inquiétés du phénomène comme d’une atteinte à la laïcité, Mathieu Bock-Côté a préféré assumer plus franchement une critique identitaire.

« C’est l’islam qui arrive, pas la religion qui revient », a-t-il asséné en analysant le port de l’abaya comme un « acte de sécession […] le refus de la légitimité de la préséance de la culture française ». Et si l’islam arrive, a-t-il précisé pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté sur le fond du problème, ce n’est « pas par conversion massive de la population historique, mais transposition de populations musulmanes non sécularisées ».

Autre exemple, son émission sur les émeutes urbaines consécutives à la mort du jeune Nahel, le 1er juillet. Le ton était déjà donné avec le choix de l’invité, Laurent Obertone, auteur de l’outrancier pamphlet sécuritaire La France Orange mécanique, et ancienne figure de la blogosphère d’extrême droite. Avant de lui offrir du temps d’antenne, Mathieu Bock-Côté a insisté sur les « évolutions démographiques » ayant conduit à ce que des « razzias » (le mot n’est pas choisi au hasard) soient menées sur les grandes villes depuis les cités.

Parler de « guerre civile » serait impropre, a-t-il expliqué, car le terme suggère une « guerre idéologique au sein d’un même peuple, [alors que] les populations en présence ne se représentent pas comme faisant partie d’un même peuple ». Selon lui, les quartiers populaires sont gagnés par « une logique sécessionniste et conquérante » : ainsi faudrait-il comprendre les dégradations des bâtiments publics, assimilées à un « saccage des symboles de la souveraineté française ».

Le zemmourisme moins les provocations ?

Le discours, déconnecté de toute référence ou de travail d’enquête solides, est aussi répétitif que virulent. Néanmoins, sa radicalité apparaît un cran en dessous des propos d’Éric Zemmour lorsque ce dernier occupait une place similaire, par le simple fait que Mathieu Bock-Côté évite les injures racistes ou les falsifications historiques sur la Seconde Guerre mondiale.

Une prudence dont il fait également preuve dans son pays d’origine, le Canada, où il a percé dans le débat public québécois bien avant de traverser l’Atlantique. « Il connaît les conventions d’usage et n’a jamais dit la phrase de trop, remarque Jean-Pierre Couture, professeur à l’université d’Ottawa. Au Québec, où les syndicats et le mouvement féministe sont très puissants, il n’a par exemple jamais attaqué frontalement les premiers, ni ne s’est prononcé contre l’avortement. Mais il joue avec les limites, en procédant par euphémisation. »

Ainsi, alors qu’Éric Zemmour a repris à son compte l’expression complotiste et raciste de « grand remplacement », Mathieu Bock-Côté n’est pas allé jusqu’à se l’approprier, sans non plus la désavouer sur le fond. Et pour cause : au mois d’avril, dans un entretien filmé au Figaro, il estimait que « si les choses se déroulent comme elles se déroulent en ce moment, à la fin du siècle, les peuples historiques européens seront minoritaires dans leur propre pays ». Le Vieux Continent risquerait, selon sa formule, de « devenir étranger à lui-même ».

Au demeurant, Mathieu Bock-Côté a l’air de considérer assez véniels les dérapages de l’ancien journaliste devenu candidat à la présidence de la République. Le 23 juin, il a en effet accepté d’intervenir au lancement de l’Institut 2050, l’école des cadres du parti Reconquête, et s’est affiché tout sourire avec Marion Maréchal. Quelques jours auparavant, il était monté sur la scène des « états généraux de la droite » lancés par Éric Ciotti, le très conservateur patron de LR.

Est-ce à dire que Mathieu Bock-Côté incarne une forme de zemmourisme policé, propre à éviter les ennuis judiciaires ? Ce serait passer à côté d’une double originalité : sa circulation médiatique réussie d’une rive à l’autre de l’Atlantique ; et la façon dont il s’appuie sur sa formation de sociologue pour promouvoir une vision du monde hallucinée, dans laquelle les dominations sont inversées par la seule force de la rhétorique, et où ce gardien de l’ordre devient un lanceur d’alerte sur la finalité totalitaire du « régime diversitaire ».

Les années québécoises

Quand Mathieu Bock-Côté émerge au sein de la sphère nationaliste québécoise, entre la fin des années 1990 et le début des années 2000, il est actif mais plutôt minoritaire. Jeune militant au Bloc québécois (le parti souverainiste au niveau fédéral), il est exclu pour avoir cité dans un rapport une phrase de Charles Maurras (1868-1952), chef du mouvement monarchiste et d’extrême droite l’Action française. Depuis les années 1960, c’est en effet un nationalisme civique qui a sous-tendu la quête d’indépendance, ce qui s’accommode mal avec une telle référence.

« C’est un nationalisme qui s’est ancré à gauche, dans un contexte de décolonisation des pays du Sud et de succès du projet social-démocrate », résume Joseph Yvon Thériault, professeur de sociologie émérite et membre du jury ayant adoubé la thèse de Mathieu Bock-Côté. Rien à voir avec le nationalisme plus conservateur qui avait historiquement dominé au sein des Canadiens français, ceux-ci se vivant comme un groupe ethnique subordonné de l’Empire britannique, dont l’identité reposait sur des liens de parenté (avoir eu un ancêtre en Nouvelle-France) et une observation du culte catholique.

Le nouveau nationalisme, porté par des figures comme René Lévesque, a contribué à la modernisation de la société québécoise. Il est cependant arrivé dans une impasse à la fin du siècle. « Le point d’aboutissement logique, c’était l’indépendance. Or, les référendums de 1980 et de 1995 ont échoué, rappelle l’éditeur Mark Fortier, auteur de Mélancolie identitaire. Une année à lire Mathieu Bock-Côté (Lux, 2019). Cela a généré chez certains un repli défensif, comme s’il fallait retrouver un imaginaire antérieur à la Révolution tranquille des années 1960 ».

« Une jeune génération s’est détournée d’un nationalisme qui, à ses yeux, s’était débarrassé de tout contenu substantiel ou culturel, confirme Joseph Yvon Thériault. Mathieu Bock-Côté en fait partie. » Son mémoire universitaire, édité sous le titre La Dénationalisation tranquille (Éditions du Boréal, 2007), campe précisément sur cette ligne. « C’est peut-être autour de la question identitaire que pourrait se recomposer la cause souverainiste », écrivait encore l’intéressé en 2013, dans la revue Le Débat. Ajoutant : « La démocratie comme la citoyenneté ont besoin d’un espace d’incarnation, modelé par une histoire et incarné dans une culture. »

« Le nationalisme que Bock-Côté et ses amis regrettent, critique le spécialiste de théorie politique Jean-Pierre Couture, c’est une survivance culturelle, celle d’un “bloc historique” de Canadiens français se méfiant de la mondialisation et en particulier de l’immigration. » Il faut dire qu’au Québec, cette méfiance est d’autant plus facile à attiser que des politiques ont bel et bien été menées à l’encontre des francophones. Au XIXe siècle, à la suite des rébellions de 1837-1838, les autorités britanniques ont poursuivi un projet d’anglicisation des Canadiens français.

Bien plus tard, dans les années 1970-80, le premier ministre libéral Pierre Elliot Trudeau a sciemment promu la vision d’un Canada multiculturel, n’accordant plus de place privilégiée à l’identité canadienne-française, afin de délégitimer l’autonomie politique du Québec. Depuis, regrette Bock-Côté dans un texte paru dans Commentaire en 2014, « le Québec n’est plus qu’une province sur dix et le peuple québécois y est traité comme une minorité ethnique parmi d’autres ».

Les tenants d’un virage conservateur et identitaire du nationalisme québécois sont clairement parvenus à peser sur la vie politique de la province. « La génération [de Mathieu Bock-Côté] a gagné, mais au prix de la division du nationalisme et de la classe intellectuelle québécoise, estime Joseph Yvon Thériault. Toutes les élites francophones adhéraient au projet autonomiste il y a vingt ans. Ce n’est plus le cas. » « Bock-Côté et son école ont réussi, affirme également Jean-Pierre Couture. Le nationalisme a retrouvé un langage ethnocentré. »

L’abattage médiatique de Bock-Côté, une fois ses diplômes universitaires obtenus, n’a pas été pour rien dans le succès de son courant de pensée. Durant la décennie 2010, il a multiplié les analyses et les chroniques, dans la presse comme dans l’audiovisuel. Si sa forte capacité de travail et son aisance orale ont joué, il a aussi bénéficié de l’appui de Pierre Karl Péladeau, chef du Parti québécois entre 2015 et 2016, mais surtout héritier de l’empire médiatique Québecor.

« On ne peut pas en faire l’équivalent d’un Murdoch ou d’un Bolloré, décrypte l’éditeur Mark Fortier, mais Péladeau fait tout de même partie de ces grandes figures de presse qui donnent une coloration idéologique à leurs groupes. Et c’est lui qui a “donné le crachoir” médiatique à Mathieu Bock-Côté, avec un salaire à la clé. »

À l’issue de cette bataille culturelle pour le sens du nationalisme, ceux qui promouvaient une conception « interculturelle » de la société québécoise ont été marginalisés. Il s’agissait, explique Jean-Pierre Couture, d’« une voie tierce entre l’assimilation à la républicaine, aveugle à la différence identitaire, et le melting-pot à l’états-unienne, qui s’apparente à un “laisser-faire” intégral ». L’idée consistait à trouver un équilibre entre une politique publique d’intégration, notamment via la contrainte de la pratique du français, et l’acceptation d’une transformation mutuelle entre identité majoritaire et identités minoritaires.

  • Il parle de la nation comme d’une substance qui flotte au-dessus de l’histoire et des rapports sociaux concrets.
  • - Mark Fortier, éditeur

Or, « Mathieu Bock-Côté et son école n’envisagent aucun espace entre une conception droitière ethnique de la nation et le multiculturalisme pratiqué au niveau fédéral, estime Jean-Pierre Couture. Pour lui, la nation est moniste, elle ne peut pas se transformer, seulement se salir, se corrompre, décliner. » Mark Fortier va dans le même sens, identifiant chez l’essayiste un « fantasme d’homogénéité culturelle » en décalage avec la réalité du Québec, nourrissant « un discours décliniste typique des réactionnaires, et une crainte de l’altérité focalisée sur l’immigration ».

C’est par ces obsessions facilement convertibles d’un contexte à l’autre, suggère-t-il, que Bock-Côté a pu aussi bien s’intégrer aux réseaux médiatico-politiques de la droite radicale française : la défense de la nation assiégée par des minorités, et l’agitation de toutes les peurs liées à l’altérité. « Il transporte sa maison sur son dos de Montréal à Paris, comme un préfabriqué qui peut s’acclimater, s’amuse Mark Fortier. Dans les deux cas, il parle de la nation comme d’une substance qui flotte au-dessus de l’histoire et des rapports sociaux concrets. »

Dans son livre La Révolution racialiste (Les Presses de la Cité, 2021), Bock-Côté affirme que le Québec est un « point de contact entre l’impérialisme woke américain et la résistance française à cette idéologie ». La France elle-même, estime-t-il, reste le maillon occidental le moins perméable aux « délires et aberrations » venus d’outre-Atlantique. Et donc le maillon le plus attaqué, auquel ce cousin d’Amérique vient porter rescousse.

Le multiculturalisme comme nouvelle menace totalitaire

Si Mathieu Bock-Côté fait feu de tout bois d’une rive à l’autre de l’Atlantique, ce n’est pas seulement par nécessité économique, mais pour propager un conservatisme qu’il estime être la dernière digue face à une folie destructrice. Celle du fameux « régime diversitaire », rien de moins qu’un processus « à prétention révolutionnaire qui […] se déploie sans fin », administrant le « procès de ce que l’on croit être la civilisation occidentale ».

Pour comprendre d’où vient cet épouvantail rhétorique, il faut se plonger dans Le Multiculturalisme comme religion politique (Éditions du Cerf, 2016). Une des thèses du livre est rabâchée depuis longtemps par les critiques d’un virage « sociétal » de la gauche. Cette dernière, constatant la perte du potentiel révolutionnaire du prolétariat ouvrier, privée de la référence à une idéologie marxiste obsolète, se serait mise en quête de nouveaux « damnés de la Terre » et d’une idéologie de substitution.

« De la lutte des classes périmée, avance Bock-Côté, on passera à un nouveau modèle susceptible d’articuler les luttes sociales : la politique des identités. […] C’est la diversité, ou si on préfère, la multiplicité conjuguée des identités subordonnées à l’homme blanc occidental, qui se constituera à la manière d’un nouveau sujet révolutionnaire. » Car la volonté de renverser l’ordre établi n’aurait pas disparu, et notre polémiste en donne une interprétation effrayante : celle d’un nouveau totalitarisme en marche.

Le terme de « religion politique », dans le titre du livre, n’est pas innocent. C’est en effet comme des « religions séculières », ou des « idéocraties » (autre terme parfois utilisé par Bock-Côté), qu’ont été décrites les entreprises totalitaires du XXe siècle. Les adeptes du multiculturalisme, s’ils n’ont enfermé personne en camp de concentration, n’en viseraient pas moins une « révolution anthropologique », justifiant de politiser toutes les sphères de l’existence et de diaboliser toutes les résistances à leurs dogmes.

Le fil argumentatif d’un devenir totalitaire du « régime diversitaire » est récurrent dans les interventions de Mathieu Bock-Côté. Dans son livre le plus récent, il annonce carrément que la « révolution racialiste », soit l’expiation par l’Occident de son passé oppressif, est entrée dans une phase de « terreur » : « Après 1793 en France, 1917 en Russie et 1966 en Chine, la tentation totalitaire, que l’on pourrait présenter comme un fondamentalisme de la modernité, resurgit […] à l’aube des années 2020. »

Dans une allusion tout en finesse, il s’insurge dans le même ouvrage du « nettoyage éthique » que subirait quiconque se montrerait « modérément enthousiaste à l’idée de se faire reconstruire, rééduquer, diaboliser ou minoriser démographiquement ». Car l’intellectuel québécois n’entend pas seulement exprimer ses convictions par de multiples canaux. Il souhaite aussi échapper à toute remise en cause vigoureuse, toute critique étant interprétée comme une excommunication insupportable. Une sorte de « victimisation », qu’il est pourtant prompt à pourfendre chez ses cibles « woke ».

  • Il présente les pathologies militantes de gauche comme des monstruosités, mais il ne dit rien de la montée des autoritarismes.
  • - Jean-Yves Pranchère, enseignant-chercheur

Plus généralement, on pourrait inverser toute la grille de lecture proposée par Bock-Côté, en remarquant qu’à défaut de pouvoir s’attaquer à un authentique totalitarisme, comme ce fut le cas de son idole Raymond Aron au temps de l’Union soviétique, il en forge un de toutes pièces, lui permettant de se présenter comme une sentinelle de la liberté.

Jean-Yves Pranchère, professeur de théorie politique à l’Université libre de Bruxelles, décèle ainsi chez Bock-Côté « une sorte de conservatisme de guerre froide appliqué dans un contexte où ça n’a aucun sens, car il n’y a pas d’ennemi totalitaire, d’où la nécessité de le construire. Il présente les pathologies militantes de gauche comme des monstruosités, mais il ne dit rien de la montée des autoritarismes, des menaces dues aux groupes d’extrême droite, de la censure anti-woke exercée par des pouvoirs politiques… La distorsion du réel est stupéfiante ».

« Chez Aron, poursuit-il, l’enjeu était de défendre le pluralisme et la liberté de mouvement. On ne retrouve pas de tels engagements chez Bock-Côté, qui promeut surtout une homogénéité culturelle de la nation, tout en s’insurgeant contre une supposée inflation des droits, et contre toute remise en cause des stéréotypes de genre. Et puis chez Aron, le travail était fouillé, les auteurs lus de près. Bock-Côté préfère construire un monstre de paille, en ne citant que très peu de faits ou de statistiques significatives. »

De fait, l’essayiste québécois procède par grandes généralités et assertions-massues, en renversant les rapports de domination par la seule grâce de son verbe. À le lire et à l’entendre, c’est comme si des millénaires de patriarcat et des siècles de capitalisme et de colonisation ne continuaient pas à produire des effets, générant des demandes de justice bien compréhensibles. En revanche, pour celui qui continue de se présenter comme sociologue, toute anecdote illustrant le fanatisme « diversitaire » qu’il pourfend est montée en épingle.

« Il se saisit de la moindre niaiserie qui lui permet de démarrer son moulin à prières, s’agace Mark Fortier. Paradoxalement, il est un vecteur de nord-américanisation, car il importe les guerres culturelles qui font typiquement rage de ce côté-ci de l’Atlantique. Son discours, c’est une version francisée du Parti républicain aux États-Unis. » « Il a tenté de se configurer une personnalité de chercheur, mais cela supposerait de rendre compte du point de vue adverse avec un minimum d’équité, ce qu’il ne fait pas », lâche Jean-Pierre Couture.

La pensée conservatrice peut se caractériser par une certaine tempérance, à l’origine d’une méfiance instinctive envers les projets de transformation sociale. Mathieu Bock-Côté prétend jouer sur cette corde-là, mais sa partition réelle est bien plus offensive. Dans la forme comme dans le fond, elle épouse l’identitarisme nationaliste qui fait office de ligne éditoriale des médias d’information contrôlés par Bolloré.

Fabien Escalona

Boîte noire

Les personnes citées ont été contactées par téléphone ou en visio au cours du mois de juin, et n’ont pas relu leurs propos. Mathieu Bock-Côté a été sollicité pour un entretien, par plusieurs canaux. Nos messages sont restés sans réponse.

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