Je parle au nom de 35 groupes de femmes de la capitale-nationale qui
travaillent d'arrache-pied pour améliorer les conditions de vie des
femmes qui luttent contre la pauvreté, l’exclusion et la violence
qu’elles subissent.

M. Legault, nous sommes inquiètes que vous ayez été élu au pouvoir
avec la CAQ.

Pourquoi ? Parce que notre confiance se mérite et que vous ne l’avez
pas méritée.

Vous ne l’avez pas méritée en affirmant des choses comme « les
femmes sont plus réfractaires au changement » que les hommes ou
bien encore que « les filles attachent moins d'importance au salaire
que les garçons ».

M. Legault, votre silence dans la campagne électorale sur les besoins
et les préoccupations des femmes a été assourdissant ; mentionnons
d'abord le besoin criant de logements sociaux et l’environnement,
deux questions qui ne semblent pas vous concerner.

M. Legault, avez-vous entendu parler de la campagne #MoiAussi ? On
en parle en long et en large depuis un an ; pourtant, la violence envers
les femmes et les femmes autochtones disparues et assassinées n'ont
pas fait partie non plus de vos discours pré-électoraux.

Et maintenant, M. Legault, vous menacez de faire perdre leurs emplois
aux femmes enseignantes qui refuseront d’enlever leur voile ? Vous
voulez renvoyer des immigrantes chez elles qui échoueront à vos
tests de valeurs. Sachez que la solidarité entre les femmes est
immense et qu’elle inclut toutes les femmes du Québec avec qui nous
construisons notre société.

Je ne peux passer sous silence votre position contre le salaire
minimum à 15$ de l'heure, quand ce sont les femmes qui profiteraient
davantage de cette augmentation parce que ce sont elles qui occupent
60% des emplois sous le seuil des 15$ de l’heure.

Au lieu de ça, qu’elle mesure pensez-vous appliquer M. Legault ?
Croyez-le ou non mesdames, il nous propose la revanche des
berceaux.

Dans la plate-forme électorale de la CAQ, il est écrit noir sur blanc que
la CAQ veut préserver l’identité québécoise par une hausse de la
natalité en donnant un montant récurrent aux parents pour les
deuxièmes et troisièmes enfants.

Sachez, M. Legault, que les femmes veulent la contribution de l'État
pour elle et leur famille, mais ce que nous voulons, c’est pouvoir vivre
de façon sécuritaire. Ce que nous voulons aussi M. Legault, ce sont
des revenus décents, des garderies gratuites, des services scolaires
gratuits et de qualité et de bonnes conditions de travail et
certainement pas de petit bonus pour faire le plus d’enfants possible.
En terminant, monsieur Legault, on ne vous a pas simplement à l’œil,
on va scruter vos moindres paroles, vos propositions, vos lois et vos
politiques, parce que contrairement à ce que vous croyez M. Legault,
les femmes savent défendre leur intérêt.

Il vaudrait mieux collaborer avec nous parce que sinon vous allez
nous trouver sur votre chemin.

Coude à coude sans relâche, pas question que les femmes lâchent.