Ce coin désertique et montagneux reste depuis plusieurs semaines interdit à l’armée malienne elle-même. Dans cette zone, le combat contre les groupes djihadistes est pour le moment réservé aux troupes françaises, tchadiennes ainsi qu’aux membres armés du MNLA (« Mouvement national de libération de l’Azawad »).
Ce mouvement indépendantiste touareg avait été initialement soutenu par la France qui cherchait à l’utiliser comme une force supplétive pour « sécuriser » ses intérêts économiques et stratégiques au nord du Sahel. Or, le MNLA avait noué une alliance stratégique, pendant le premier semestre 2012, avec des groupes djihadistes pour élargir son champ d’action militaire. Sa direction en a payé un prix lourd, puisque les djihadistes ont rompu l’alliance et contraint les dirigeants MNLA à se réfugier au Burkina Faso fin juin 2012.
Depuis, elle cherche à tout prix à revenir dans le jeu, proposant son aide militaire à la France pour combattre au Nord-Mali. Dans le nord-est du pays, ses soldats combattent désormais avec les troupes françaises… alors que l’armée de Bamako reste exclue du terrain. Ce qui nourrit dans l’esprit de beaucoup de Maliens une vive crainte pour l’après-guerre, puisqu’ils soupçonnent la France de vouloir ensuite entretenir les divisions du pays.
La dictature tchadienne renforcée
Les troupes tchadiennes, 2 000 hommes sur le sol malien, jouent actuellement un rôle non négligeable. Le week-end dernier, l’armée tchadienne a ainsi annoncé avoir tué 65 djihadistes, mais aussi compté 13 morts dans ses rangs. Deux morts français depuis le début de l’intervention et, pour les djihadistes, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a évoqué « des centaines » de tués. Le nombre de civil.e.s, tué.e.s ou blessé.e.s au titre de « dommages collatéraux », reste inconnu et la presse (y compris française) n’a aucun accès libre au terrain…
Vu l’investissement de l’armée tchadienne, dont le contingent est le plus fort sur le terrain à côté des 4 000 Français, force est de constater que la dictature d’Idriss Déby aura racheté les faveurs de la France. Ainsi, l’un des pires régimes de la région, qui est entre autres un grand utilisateur d’enfants-soldats, risque fort de sortir stabilisé de la guerre actuelle au Mali.
* Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 184 (28/02/13).