Le livre *La collision des récits. Le journalisme face à la désinformation*, de l’essayiste et sociologue Philippe de Grosbois, paraîtra *en librairie le 29 mars prochain*.
En bref : face à la désinformation qui prolifère, la question n’est pas de se demander comment on peut croire à des théories farfelues, mais pourquoi on en vient à ne plus croire aux récits de nos institutions et des grands médias d’information.
À propos du livre
C’est devenu un lieu commun : les fake news ont envahi internet, et c’est la faute aux médias sociaux. Mais est-ce vraiment le cas ? S’agit-il d’un enjeu bêtement technologique ? Pour Philippe de Grosbois, il s’agit d’abord et avant tout d’une profonde crise de confiance envers nos institutions, et plus particulièrement envers le journalisme « positiviste » dont se réclament les grands médias. Si les fausses nouvelles prolifèrent, ce n’est pas simplement parce qu’un public passif se fait berner par des « faits alternatifs », mais parce que les récits des médias traditionnels sonnent de plus en plus faux à nos oreilles. Nous ne vivons pas dans une ère de grande crédulité, mais bien de doute, de méfiance et de désillusion. Ainsi, la question n’est pas de se demander comment on peut croire aux thèses farfelues de QAnon ou au mythe de la Terre plate, mais pourquoi on en vient à ne plus croire aux récits de nos institutions et des grands médias d’information.
À la fin du siècle dernier, un nouveau « régime de vérité » a émergé : non pas celui des faits empiriques « objectifs » et d’une prétendue neutralité, comme dans le journalisme positiviste, mais celui de la vérité ressentie. Le succès des radios d’opinion, la prolifération des chroniqueurs démagogues ou l’élection de Donald Trump en témoignent : ce sont principalement les forces de droite et d’extrême droite qui ont accaparé ce régime de vérité. Pandémie aidant, les théories complotistes ont gagné du terrain, brouillant encore davantage les frontières entre le réel et le virtuel, le vrai et le faux. C’est la collision des récits.
Selon de Grosbois, les journalistes auraient intérêt à opérer un virage dans leur rapport à la vérité et au pouvoir pour regagner la confiance du public. Si le journalisme est bien un rempart de la démocratie, assumeront-ils ce rôle en cessant de se maintenir à l’extérieur des événements qui la menacent ? Tempéreront-ils leur prétention à la neutralité au profit d’une plus grande transparence ? Accepteront-ils de reconnaître les biais inhérents à leur métier ? Sauront-ils renouer avec les citoyen.ne.s dans un esprit de démocratisation de l’information ?
Désireux d’entamer une conversation nécessaire entre les journalistes et leur public, Philippe de Grosbois pose un diagnostic franc et assumé dans cet essai qui déjoue tous les clichés sur le quatrième pouvoir.
*À propos de l’auteur*
Philippe de Grosbois enseigne la sociologie au collégial depuis 2001. Membre de la revue *À bâbord !* depuis 2007, il a écrit de nombreux articles sur les médias et le numérique. Il a publié, chez Écosociété, *Les batailles d’Internet. Assauts et résistances à l’ère du capitalisme numérique* (2018).
Un message, un commentaire ?