Tiré de Rabble Lundi 21 octobre 2024 / DE : David J. Climenhaga. Traduction Johan Wallegren.
Et, comme nous avons été horrifiés de le voir dans la soirée de samedi, aucun autre parti néo-démocrate au pays ne peut prétendre tirer son épingle du jeu avec autant de flegme que le NPD de la Colombie-Britannique.
Il faudra attendre une semaine avant de savoir qui a réellement remporté la majorité à l’Assemblée législative de Victoria – mais pas à cause des histoires à dormir debout que Rob Anderson, le prochain chef de cabinet de la première ministre de l’Alberta Danielle Smith, a racontées concernant les machines à voter pour asticoter la base du Parti conservateur unifié (PCU) de notre province.
Non, en Colombie-Britannique, ce sont de simples bulletins de vote en papier qui sont utilisés, tout comme chez nous. Le problème, c’est qu’avec le NPD et le Parti conservateur de la Colombie-Britannique à égalité dans plusieurs circonscriptions, il va falloir recompter les voix, ce qui prendra un temps certain.
Cependant, quelles que soient vos opinions politiques, et quel que soit le candidat de la province la plus à l’ouest du Canada que vous souhaitez voir couronné, vous devez admettre que le plus grand perdant du fiasco de samedi est sans contredit le premier ministre David Eby, dont le parti jouissait d’une avance de plus de 20 % dans les sondages l’automne dernier mais qui s’est retrouvé au bord du gouffre de la défaite le jour du vote.
Des éléments crédibles peuvent être avancés pour affirmer que le grand gagnant a été John Rustad, le leader du Parti conservateur de la Colombie-Britannique, un négateur du changement climatique, sceptique à l’égard des vaccins qui, curieusement drapé dans les oripeaux du Crédit social de la Colombie-Britannique, semble vouloir rivaliser de débilité pure avec le PCU.
Certes, c’est la deuxième fois que le NPD de la Colombie-Britannique dilapide une avance de 20 % dans les sondages !
Adrian Dix en avait fait de même dans les semaines qui ont précédé l’élection de 2013 alors qu’il était chef du parti – de manière encore plus spectaculaire qu’Eby, en ne mettant que quelques mois (comparativement à une année entière) pour gâcher l’avance apparemment insurmontable de son parti et perdre contre les libéraux de la Colombie-Britannique, qui, de manière déroutante, étaient en fait de véritables conservateurs.
C’est quoi ce cirque, est-on porté à vouloir demander.
Eh bien, les néo-démocrates de quasiment partout au pays sont affligés d’un besoin maladif de se comporter comme les boy scouts de la politique, se tirant dans les deux pieds avec leur sincère esprit sportif.
Revenons à Adrian Dix en 2013 : il s’agissait alors de ne tolérer aucune négativité face au tsunami de quolibets des libéraux de Colombie-Britannique, appelés ainsi pour des raisons mystérieuses puisqu’il s’agissait essentiellement du Crédit social 2.0. Résultat : un quatrième mandat pour les libéraux.
Tournons-nous vers Rachel Notley en 2023 : La principale erreur non corrigée de la campagne 2023 du NPD en Alberta a été la naïve décision de dire la vérité sur une augmentation d’impôt de 3 % applicable aux plus grandes entreprises. Résultat : un second mandat pour le PCU, à présent dirigé par l’exécrable Danielle Smith.
Venons-en à David Eby et à ce samedi : Pourquoi diable n’a-t-il pas déclenché des élections à l’automne 2023, alors qu’il avait une avance écrasante dans les sondages et que les libéraux de la Colombie-Britannique n’avaient pas encore fait leur hara-kiri politique de manière à laisser la place aux Conservateurs de la province, le Crédit social 3.0, vendu au méga-MAGA ? Nous ne le saurons probablement jamais avec certitude, mais je parierais qu’il faut encore blâmer une attitude pusillanime conditionnée par le mantra « Oh, ça ne se fait pas ! ». Il y aura sûrement quelqu’un pour nous rappeler que nous avons une date d’élection fixe en Colombie-Britannique, ce qui signifie qu’on sera fixé bientôt.
Ce qui n’aide pas est que dans presque toutes les élections récentes, à l’exception peut-être de la victoire de Wab Kinew en 2023 au Manitoba, les partis néo-démocrates ont eu tendance à s’éloigner de leur base et faire campagne pour gagner le cœur des électeurs conservateurs indécis… qui n’existent peut-être même pas.
Le leader fédéral Thomas « déficit zéro » Mulcair a suivi une telle stratégie en 2015, et s’est vu débordé sur la gauche par Justin Trudeau.
On peut lire sous la plume de l’historien Alvin Finkel que Rachel Notley s’est détournée d’une flopée de politiques progressistes qui auraient permis au NPD albertain de gagner des voix. Semble-t-il que celles-ci auraient été trop radicales pour les électeurs conservateurs indécis, si j’ai bien compris.
David Eby a cédé à l’hystérie anti-taxes/impôts [« Axe the Tax »] des conservateurs fédéraux et a cabré devant l’obstacle lorsqu’il s’est agi d’implanter une taxe carbone qui aurait fait de sa province une pionnière. Cela a-t-il poussé des milliers d’électeurs britanno-colombiens soucieux de l’environnement dans les bras des Verts et divisé le vote progressiste dans plusieurs circonscriptions ? Rien n’est plus sûr !
Le fait que le NPD ait forcé l’énorme banlieue de Surrey, dans la région de Vancouver, à abandonner la GRC au profit d’une force locale, une décision impopulaire qui a fait basculer de nombreux votes néo-démocrates du côté des Conservateurs, n’a certainement pas aidé (ce qui devrait donner matière à réflexion au PCU ici en Alberta). La météo de samedi a certes été désastreuse, mais il y avait lieu de parier sur la faculté du NPD de survivre à de telles petites calamités.
Et vous vous demandez peut-être où était passé John Horgan, le néo-démocrate à l’ancienne qui est devenu chef du parti en 2014 alors que personne d’autre ne semblait vouloir le poste – et premier ministre de la Colombie-Britannique en 2017 après qu’un résultat électoral similaire a conduit à un accord de confiance et de soutien avec les Verts ? Après tout, il a remporté la majorité en 2020 et a probablement été en grande partie responsable des bons résultats obtenus par David Eby dans les sondages l’an dernier.
Hélas, celui-ci a annoncé qu’il quitterait la vie politique en 2022, après une récidive de cancer, déclarant qu’il ne pouvait pas continuer à être chef et premier ministre du fait des retombées de son traitement. Il a démissionné en février 2023 et, un mois plus tard, le Premier ministre Justin Trudeau l’a nommé ambassadeur du Canada en Allemagne.
En juin, John a reçu un troisième diagnostic de cancer et, le soir des élections, il était soigné dans un hôpital de Berlin.
Bien entendu, le résultat électoral d’hier n’aura pas d’importance pour un grand nombre de néo-démocrates purs et durs. Certains se sentiront même soulagés si, une fois la poussière des recomptages retombée, le parti en sort perdant.
Après tout, qu’y a-t-il de plus doux qu’une victoire morale sans complications ?
Mais comme les conservateurs canadiens adoptent l’extrémisme du mouvement MAGA qui sévit au sud de la frontière et intensifient leurs attaques contre les soins de santé publics, les droits humains et l’environnement, je ne suis pas sûr que nous puissions encore nous permettre d’avoir un NPD qui préfère les victoires morales aux vraies victoires.
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