Les conservateurs se sont à maintes reprises prononcé contre l’imposition de toute taxe ou de tout prélèvement aux banques. Leurs arguments : les banques canadiennes ont tenu bon durant la crise financière mondiale parce qu’elles ont agi de manière prudente. Elles ne devraient donc pas être pénalisées pour leur bon comportement… Le ministre Flaherty affirmait que pas un seul dollar de l’argent des contribuables n’avait été injecté dans le système financier au cours de la crise. Il a menti !
Dans une étude dévoilée la semaine dernière par le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA), David Macdonald, économiste principal du CCPA, évalue que l’aide accordée aux banques canadiennes a atteint 114 milliards de dollars à son point culminant – soit 3 400 $ par homme, femme et enfant au Canada, ou 7% du PIB. Entre octobre 2008 et juillet 2010, les principales banques du Canada ont compté énormément sur les programmes d’aide financière fournie par la Banque du Canada, la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) et même la Réserve fédérale des États-Unis. Dans le sommaire exécutif de l’étude, on rapporte que la CIBC a reçu au total 21 milliards $ pour l’aider, ce qui représente 1,5 fois la valeur boursière de l’institution à ce moment ; BMO a reçu 17 milliards $, soit 118% de sa valeur ; Scotia 25 milliards $ ou 100% ; RBC 25 milliards $ (63%) et TD 26 milliards $ (69%). La Banque nationale et deux banques étrangères (HSBC et ING) auraient aussi reçu de l’aide, mais il est impossible d’en savoir le montant, étant donné qu’elle s’élevait dans les trois cas à moins de 4 milliards $. Le pire c’est que toutes ces opérations sont restées secrètes. Depuis quatre ans, on nous ment en toute impunité en répétant que le système bancaire canadien est le meilleur du monde.
« À un moment donné au cours de la crise, trois des banques du Canada – CIBC, BMO et Banque Scotia – étaient complètement submergées et l’aide du gouvernement dépassait leur valeur marchande, déclare M. Macdonald. Sans l’aide du gouvernement, les banques du Canada auraient connu de sérieuses difficultés. » Pourtant, au cours de toute la période d’aide, les banques du Canada ont déclaré un bénéfice de 27 milliards $ au total et les chefs de la direction de chacune des grandes banques était au nombre des dirigeants canadiens les mieux rémunérés du top 100. Entre 2008 et 2009, la rémunération totale du chef de la direction de chaque banque a augmenté de 19 % en moyenne. Par exemple, Edmund Clark de la Banque TD a vu ses revenus passer de 11,1 millions $ en 2008 à 15,2 millions $ en 2009.
Texte tiré d’Oikos Blogue : http://www.oikosblogue.coop/?p=11812