11 juillet 2024 | tiré du site du journal The Breach | Photo : Le président du conseil d’administration de Loblaw, Galen Weston Jr
https://breachmedia.ca/canadas-soaring-corporate-profits-reinvestment/
Le président du conseil d’administration de Loblaw, Galen Weston Jr, le visage incrédule de la richesse canadienne héritée, a souri sereinement aux parlementaires en expliquant pourquoi, en ce qui concerne la hausse des prix des denrées alimentaires, son entreprise était irréprochable.
S’adressant à un comité de l’agroalimentaire au printemps 2023, il leur a dit que les profits de Loblaw « retournent au pays ».
« Les profits que nous générons, nous les réinvestissons dans ce pays pour créer plus de magasins, plus de services et plus d’emplois », a déclaré M. Weston sur le même ton doux qu’il utilise pour vendre les produits du Choix du Président à la télévision.
Bien que Weston n’ait pas étayé ses affirmations par des chiffres, ses détracteurs n’en avaient pas non plus pour le contester.
Aujourd’hui, nous le faisons.
Deux nouveaux rapports, l’un rédigé par Canadiens pour une fiscalité équitable et l’autre par l’économiste du CTC, D.T. Cochrane, révèlent que Loblaw – et de nombreuses grandes sociétés canadiennes – utilisent principalement leurs profits pour enrichir leurs propriétaires déjà riches, au lieu de les utiliser au profit des Canadiens.
Les données montrent que, depuis les années 1980, les entreprises canadiennes ont réinvesti de moins en moins dans de nouveaux équipements ou produits, même si les bénéfices des entreprises ont augmenté de façon constante.
Il y a des décennies, ils consacraient jusqu’à un tiers de leurs bénéfices au réinvestissement. Aujourd’hui, ce rapport est tombé à dix pour cent.
Dans le cas de Loblaw, la baisse des réinvestissements est encore plus extrême : de 2020 à 2022, elle n’était que de un pour cent
Alors, où va l’argent ?
Selon les calculs de Canadiens pour une fiscalité équitable, les sociétés canadiennes utilisent plus des deux tiers de leurs profits pour verser des dividendes à leurs actionnaires et racheter leurs actions.
Cette dernière manœuvre fait grimper le prix de leurs actions (sans parler des bonus de dirigeants comme Galen Weston Jr, qui sont souvent liés au cours des actions) et injecte encore plus d’argent dans les poches de leurs investisseurs.
Ce qu’il ne fait pas, c’est contribuer à l’investissement productif.
En d’autres termes, et en contradiction catégorique avec Weston, pas plus de magasins, pas plus de services, ni plus d’emplois.
Voilà pour le « ruissellement » des bénéfices des entreprises
Pendant des décennies, on nous a dit que nous ne devrions pas nous inquiéter de la réduction sur brûlis des réglementations et de l’impôt sur les sociétés.
Des bénéfices plus élevés pour les entreprises et leurs riches propriétaires seraient censés se répercuter sur le reste d’entre nous sous forme d’investissements, ce qui créerait plus d’emplois et de meilleurs revenus.
Mais les chiffres trahissent ce dogme essentiel de l’ère néolibérale.
Malgré un environnement d’affaires favorable – en gros, un pouvoir et une liberté méconnus – les entreprises canadiennes investissent moins que jamais leurs profits.
L’économiste Jim Stanford écrit qu’il s’agit d’un « signe certain que les entreprises ont littéralement plus d’argent qu’elles ne savent quoi en faire ».
Il souligne que les géants de l’épicerie Loblaw, Empire et Metro « ont dépensé deux fois plus l’an dernier en rachats d’actions qu’il n’en aurait coûté à l’ensemble du secteur de la vente au détail d’aliments pour augmenter les salaires de tous les travailleurs des épiceries de 2 $ l’heure ». (Rappelez-vous quand les épiciers ont offert aux travailleurs et travailleuses une « prime de héros » de 2 $ pendant les premiers confinements de COVID, puis l’ont récupérée ?)
Les investisseurs peuvent comprendre que toute croissance majeure provenant de l’investissement rendra les travailleurs-euses avides d’une plus grande part du gâteau. Au lieu de cela, en freinant la croissance, ils peuvent maintenir les travailleurs-euses en permanence dans l’insécurité et les rendre plus conformes.
Mais quelle que soit la cause de la thésaurisation, le lien entre des profits plus élevés et des investissements plus importants a été brisé de manière retentissante.
Et malgré les douces promesses de Weston Jr, le temps des petites corrections est révolu.
Les deux rapports préconisent des augmentations importantes de l’impôt sur les sociétés et des impôts sur les bénéfices exceptionnels. Cela garantirait que les gains massifs des entreprises « retournent vraiment au pays », selon les mots de Weston.
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