Édition du 17 décembre 2024

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Québec

Les Montréalais tiennent un mémorial pour un prisonnier décédé et appellent à l'action

À 14 heures aujourd’hui, une caravane de plus de 30 véhicules a visité la prison de Bordeaux à Montréal. Les manifestants ont créé un mémorial pour le prisonnier décédé, Robert Langevin, et ont appelé à des actions immédiates et importantes pour assurer la sécurité des prisonniers et des communautés.

Un message des sœurs de M. Langevin a été diffusé, tandis que les véhicules, décorés de slogans tels que « Les prisons tuent » et « Libérez les tous », ont klaxonné, scandé des slogans et brandi des banderoles en solidarité avec les prisonniers à l’intérieur.

Robert Langevin, un prisonnier de 72 ans dans l’Établissement de Bordeaux, est décédé de la COVID-19 dans la nuit du 19 au 20 mai. Profondément malade, M. Langevin avait demandé de l’aide au personnel de l’établissement à plusieurs reprises, et avait même déposé une plainte auprès le Protecteur du citoyen le 27 mars. Ses sœurs, Thérèse et Pierrette Langevin, ont envoyé un message aux participants, qui était écrit sur des affiches et fixé à la clôture entourant la prison de Bordeaux.

"Cher Robert," lisait le message, "c’est avec un coeur lourd que nous te disons : Adieu, mon frère, tu as toujours été un battant, toujours là pour tout le monde. Aujourd’hui, c’est le monde qui est là pour toi. Ils ont entendu ton cri du coeur. Ils veulent te dire qu’ils sont là pour toi afin de dénoncer l’injustice présente, à travers les murs. Tu n’es pas seul - On est là - On t’aime."

En plus d’honorer M. Langevin, les participants ont également appelé le gouvernement du Québec à prendre des mesures immédiates et concrètes pour assurer la sécurité des prisonniers et des communautés. Jean-Louis Nguyen était un des cinq participants dont un proche est incarcéré à Bordeaux. "On est ici pour honorer la mémoire de M. Langevin, mais aussi pour rappeler au public qu’il y a malheureusement encore des détenus en difficultés ; ils sont isolés, malades, sans soins et coupés de leur famille depuis des semaines," a dit Nguyen. "Il faut à tout prix éviter un autre cas tragique comme celui de M. Langevin."

Ted Rutland, membre du Groupe anti-carcéral, a déclaré que le ministère de la Sécurité publique du Québec doit libérer les prisonniers pour permettre une distanciation sociale. « La principale réponse du gouvernement du Québec à la crise du COVID-19 dans ses prisons a été d’enfermer les détenus 24 heures sur 24 dans leurs cellules. Il y a des prisonniers à Bordeaux qui sont enfermés dans leurs cellules depuis 30 jours maintenant, avec peu de contact avec l’extérieur. C’est littéralement de la torture », a déclaré Rutland.

Rutland a noté que des provinces comme l’Ontario, le Manitoba, la Saskatchewan, l’Alberta et la Nouvelle-Écosse ont libéré 25 à 45% de leur population carcérale pour protéger les détenus et les communautés contre la COVID-19. Le Québec, en revanche, n’a identifié qu’un faible pourcentage de prisonniers pour une possible libération. Les derniers chiffres suggèrent que seuls 29 prisonniers provinciaux ont été libérés grâce à cette mesure, et les avocats affirment que les prisonniers qui pourraient se prévaloir du décret continuent de se faire refuser une libération anticipée.

Les participants ont également décrié les mauvais traitements infligés aux prisonniers à Bordeaux depuis la crise sanitaire. Une participante dont le conjoint est incarcéré n’a pas pu le contacter depuis deux semaines et elle s’inquiète pour sa sécurité. La femme, qui préfère ne pas être nommée, a conduit les participants aux chants de « Solidarité » et « Vous n’êtes pas oubliés ». Les prisonniers à l’intérieur ont crié de leurs cellules, et un va-et-vient retentissant s’est poursuivi pendant une demi-heure.

Catherine Lizotte, qui s’implique pour aider Robert Langevin et sa famille, estime que l’événement a atteint son objectif. « Je veux que les prisonniers sachent que nous pensons à eux, que nous les aimons », a-t-elle affirmé. « Et nous continuerons de nous battre pour leur libération. »

La foule est partie après une heure, au moment où quatre voitures du SPVM sont arrivées pour observer. En violation du code disciplinaire du SPVM, une voiture de police a fait jouer la chanson d’Akon, « Locked Up », sur le haut-parleur.

Des photos de l’événement son disponible à https://bit.ly/2TBMTaV

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