Alors donc François Legault promet de faire « le grand ménage » au gouvernement, dans les partis politiques et la fonction publique du Québec dans le cadre de la présente campagne électorale. Il prône éthique, transparence et tolérance zéro pour enrayer les affaires de collusion et de corruption. Bien. Mais quelle crédibilité a-t-il après avoir co-fondé la Coalition Avenir Québec (CAQ) avec le président du conseil d’administration de la banque CIBC, Charles Sirois ? D’après son rapport annuel 2011, la CIBC aurait fait perdre 1,4 milliard de dollars au Canada, entre 2007 et 2011, par l’utilisation de filiales étrangères dans des paradis fiscaux. C’est éthique ça peut-être ? Est-ce que cela contribue à aider l’État à bien assurer ses missions dans l’intérêt collectif ?
Ne nous laissons pas berner, à l’ère néolibérale qui est la nôtre, il n’y a pas de « grand ménage de l’État » sans grand ménage du côté des entreprises privées. Sans qu’on mette fin à la légalité de pratiques d’évasion fiscale systémiques qui sapent les capacités de l’État à la source et permettent aux grandes firmes - qui de surcroit voient leur taux t’imposition baisser constamment - d’étendre leur emprise sur la société. Tant que M. Legault fera l’impasse sur ces enjeux, refusera de se dissocier du controversé Charles Sirois, et tant qu’il affirmera un jour vouloir renforcer la fonction publique en promettant le lendemain d’y couper 7000 postes, il ne peut prétendre au poste de « M. Net » pour diriger le Québec.
Catherine Caron
Montréal