Oui, les athlètes de la Ligue nationale de hockey gagnent de gros salaires — pour les quelques années qu’ils jouent. Mais ce sont eux qui génèrent l’intérêt des fans et tous les bénéfices. Personne n’achète un billet pour voir évoluer les propriétaires de clubs.
Dans le contexte de la crise économique mondiale, les capitalistes pensent qu’ils ont le dessus. Beaucoup cherchent à obtenir des concessions historiques aux dépens des salaires, des avantages sociaux et de la sécurité d’emploi. Le lock-out en cours, qui menace de faire échouer la saison, est la troisième en moins de deux décennies — une tendance qui ne doit rien au hasard. Si les patrons de la LNH arrivent à leur fin, après sept années consécutives de revenus record, atteignant 3.3 milliards de dollars l’an dernier, ça ne fera pas baisser le prix des billets d’un sou. Ça n’effacera pas les pertes des dizaines de milliers de travailleurs et des petites entreprises qui dépendent du hockey pour gagner leur vie.
Mais ça fera deux choses. Ça permettra aux propriétaires d’équipe de gonfler leurs profits et ça encouragera les autres capitalistes à intensifier leur plan de plus grandes richesses pour eux et de compressions dévastatrices pour le reste d’entre nous.
Dans l’histoire de 95 années de la LNH, les joueurs ont eu un syndicat sans interruption pendant 45 ans seulement. Avant cela, ils ont été contrôlés comme des esclaves. [Et ce fut encore plus vrai pour les francophones — pensons au début de carrière de Maurice Richard tel que relaté dans le film sur sa vie. Ajoutons-y une bonne dose d’oppression nationale proprement politique telle que l’émeute de 1955, Note du traducteur]. Beaucoup ont pris leur retraite et sont morts sans aucune épargne.
Dans les dernières décennies, les joueurs ont obtenu une plus grande partie des revenus de la Ligue. Maintenant, les propriétaires veulent revenir en arrière. Ils réclament une réduction de la part des joueurs sur le chiffre d’affaires. Ils insistent sur la limitation de la durée des contrats des joueurs, sur l’affaiblissement du statut d’agents libres, et sur la fin des arbitrages salariaux. Les syndicats ne peuvent tout changer, et encore moins comment le capitalisme déforme les arts, la culture et le sport. Mais lorsque des travailleurs dans un domaine obtiennent une plus grande part du gâteau qu’ils créent, ils barrent la route au but des employeurs et montrent la voie à suivre.
C’est pourquoi le résultat de la lutte actuelle entre les joueurs de hockey et les propriétaires de la LNH a un impact qui compte. Une victoire pour les joueurs, et une défaite pour le commissaire de la LNH Gary Bettman et les propriétaires cupides, sera une victoire pour les travailleurs et travailleuses et pour tous ceux et celles qui aiment le hockey.