Discrimination dans l’accès aux services de garde depuis 2018 : c’est assez !
Depuis maintenant près de quatre ans, les familles demandeuses d’asile au Québec n’ont plus droit aux services de garde subventionnés. Cette décision, basée sur une réinterprétation discrétionnaire et non justifiée par le ministère de la Famille de l’article 3 du Règlement sur la contribution réduite, a des répercussions négatives sur un très grand nombre de familles. Les femmes demandeuses d’asile et leurs enfants en paient le prix fort. Sans accès à un service de garde abordable, les mères demandeuses d’asile, plus souvent monoparentales, et plus susceptibles de rester à la maison pour garder leurs enfants, se retrouvent isolées, privées de formation, d’emploi et de revenu. Cette restriction d’accès aux services de garde subventionnés et abordables freine aussi directement l’accès des enfants à des espaces éducatifs et socialisants indispensables.
« Je ne peux pas m’intégrer dans la société, et apprendre le français. Au lieu de cela, je vis de l’aide sociale allouée par le gouvernement en attendant ma date d’audience qui est encore indéterminée. (…) Cette situation a aussi un impact sur mon fils qui ne peut pas socialiser avec les enfants de son âge : il passe ses journées seul avec moi. Tous les autres enfants de son âge vont soit à la prématernelle, soit à la garderie. »
– Blessing, mère monoparentale de cinq enfants. Arrivée du Nigéria, elle a dû refuser deux offres d’emploi faute d’accès à un service de garde abordable.
Le Comité Accès Garderies, formé en septembre 2018, a mené de nombreuses démarches auprès du gouvernement du Québec pour alerter sur ces impacts, dont la publication de lettres ouvertes et une pétition signée par plus de 13 000 personnes.
Le 18 février 2019, des représentant-e-s du comité ont finalement obtenu une rencontre avec le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe. Deux demandeuses d’asile y ont participé avec leurs enfants afin de lui exposer les conséquences négatives de cette politique discriminatoire sur leur vie quotidienne et leurs conditions d’intégration.
En mai 2019, face à l’inaction du gouvernement malgré ces nombreuses démarches, le comité a décidé de se tourner vers les tribunaux. Le travail pro bono d’avocat.es allié.es a permis de déposer une requête à la Cour supérieure afin de remettre en question la constitutionnalité du règlement restreignant l’accès aux services de garde subventionnées. Les 21 et 22 avril 2022, les avocat.e.s du cabinet Melançon Marceau Grenier Cohen, avec une intervention en soutien de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, contestent la constitutionnalité des actions du gouvernement dans ce dossier. Il est encore temps pour le gouvernement d’entendre raison et de respecter les droits et la dignité des familles demandeuses d’asile, avant le procès d’avril.
Le Projet de loi no1 concernant les services de garde éducatifs à l’enfance est encore à l’étude à l’Assemblée nationale. Des député.e.s de l’opposition ont déposé le 23 mars 2022 un amendement afin d’y inclure l’accès aux services de garde subventionnés pour tous les enfants, peu importe le statut d’immigration de leurs parents. Cet amendement, appuyé par Québec solidaire, le Parti libéral du Québec, et le Parti Québécois, a été rejeté par la Coalition avenir Québec. C’était l’occasion pour le gouvernement d’enfin mettre fin à la discrimination dans l’accès aux services de garde et c’est une honte qu’ils aient refusés de le faire.
Redonner accès aux garderies aux familles demandeuses d’asile et aux personnes à statut précaire, c’est changer leur vie. Si la pandémie a pu démontrer une chose, c’est que les services de gardes subventionnées sont un service essentiel pour toutes les familles.
Le Comité Accès Garderies demande au gouvernement du Québec de s’engager à :
1- Redonner l’accès aux services de garde éducatifs subventionnés et aux versements anticipés du crédit d’impôt pour frais de garde d’enfants aux demandeurs et demandeuses d’asile et autres personnes à statut précaire ;
2- Mettre en place un nombre suffisant de places en CPE qui soient accessibles à tous les enfants, peu importe le statut d’immigration de leurs parents.
Cette lettre du Comité Accès Garderies, est co-signée par les organisations suivantes (en date du 31 mars) :
Collectif Bienvenue
Maison d’Haïti
Clinique juridique Solutions Justes de la Mission communautaire de Montréal
Centre de femmes l’Essentielle
Foyer du Monde
Table des groupes de femmes de Montréal
Ligue des droits et libertés
Solidarité sans frontières
Centre Entre-Femmes
L’R des centres de femmes du Québec
ACCÉSSS
Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec
Association de l’OuÏe de l’Outaouais
Réseau des femmes des Laurentides
Mouvement Action-Chômage de Montréal
Coalition d’aide à la diversité sexuelle de l’AT
Réseau d’action pour l’égalité des femmes immigrées et racisées du Québec (RAFIQ)
Service jésuite des réfugiés – Canada
Collectif pour un Québec sans pauvreté
Fédération autonome de l’enseignement (FAE)
Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM)
COMSEP
Fédération des maisons d’hébergement pour femmes
Hoodstock
RÉCIFS
Organisation populaire des droits sociaux
PLAIDD-BF
Maison d’accueil des nouveaux arrivants-MANA
Collectif Soignons la justice sociale
Confédération des syndicats nationaux (CSN)
Réseau québécois d’action pour la santé des femmes (RQASF)
Table de concertation des groupes de femmes Bas-Saint-Laurent
CALACS de l’Est du BSL
Fédération de la santé et des services sociaux – CSN
Comité d’action de Parc-Extension
Centre de Femmes du Témiscamingue
Centre de femmes de Shawinigan
Alternative Naissance
Conseil québécois des syndicats universitaires (CQSU-AFPC)
Centre des Femmes du Témiscouata
Comité de solidarité de Trois-Rivières
Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale
Comité BAILS Hochelaga-Maisonneuve
Comité populaire Saint-Jean-Baptiste
Le Pont
Réseau québécois de l’action communautaire autonome (RQ-ACA)
Service de référence en périnatalité pour les femmes immigrantes de Québec
Maison d’hébergement l’Aquarelle
Fédération des femmes du Québec
Mouvement d’éducation populaire autonome de Lanaudière (MÉPAL)
L’Écho des femmes de la Petite Patrie
Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec (FAFMRQ)
Amnistie internationale Canada francophoneCentre de femmes l’Érige
Centre des femmes du Ô Pays
Concertaction femmes Estrie
Syndicat des professeures et professeurs enseignants de l’UQAM (SPPEUQAM)
Oasis des enfants de Rosemont
Y des femmes de Montréal
Clinique pour la justice migrante
Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec
Conseil d’Intervention pour l’accès des femmes au travail (CIAFT)
Action Réfugiés Montréal
Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles
Centre Femmes de la Mitis
Table de concertation de Laval en condition féminine
Centre social d’aide aux immigrants (CSAI)
Pavillon Marguerite de Champlain
Maison L’Aid’Elle
Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI)
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