Alors que Québec Solidaire, le Parti vert du Québec et Option nationale se démarquent positivement avec des notes allant de 98 % à 75 %, le Parti québécois, suivi du Parti libéral du Québec et de la Coalition Avenir Québec ferment la marche avec des notes de 46 %, 32 % et 28 % respectivement. Les groupes notent que presque tous les partis se sont engagés à réduire les émissions de gaz à effet de serre de -20 à 40 % d’ici 2020 par rapport au niveau de 1990. Il existe donc un consensus sur le sujet au Québec.
« Dans des réponses à géométrie variable, tous les partis ont pris des engagements pour que le Québec prenne ses responsabilités à cet égard », souligne Marie-Claude Lemieux, directrice pour le Québec du Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada). « Toutefois, il existe des différences significatives entre les partis quant à la compréhension du problème et l’urgence pour le Québec de contribuer à sa solution et à prendre le virage qui s’impose », a ajouté Mme Lemieux.
Les groupes ont dévoilé les résultats au lendemain de la publication du deuxième volet du cinquième rapport du groupe intergouvernemental d’experts de l’ONU sur le climat (GIEC). Selon ce rapport, qui fait la synthèse de 12 000 études scientifiques, les changements climatiques ont eu des impacts « sur tous les continents et dans les océans », essentiellement sur les systèmes naturels. Ces changements climatiques commandent des actions immédiates de tous les gouvernements pour éviter que la situation ne devienne incontrôlable.
Pour Patrick Bonin, de Greenpeace, « il est ahurissant que si peu d’importance ait été accordée à la question climatique dans la présente campagne électorale, en particulier chez les partis qui mènent dans les sondages. Nous espérons que le récent rapport du GIEC réveillera les partis qui ont échoué le test et qui manquent d’ambition pour briser notre dépendance au pétrole ».
On note un clivage net entre les partis qui disent non au pétrole de schiste d’Anticosti (Québec solidaire, Parti vert du Québec, Option nationale) et ceux qui veulent à la fois réduire la consommation de pétrole et foncer sans débat dans l’aventure pétrolière d’Anticosti (Parti québécois, Coalition Avenir Québec). Le Parti libéral du Québec, quant à lui, n’a pas d’objectif de réduction de consommation du pétrole.
Selon Christian Simard, de Nature Québec, « il est pourtant de première importance que la classe politique québécoise résiste aux chants des sirènes des marchands de pétrole et concentre sa lutte aux changements climatiques sur ce qui fait la force du Québec, soit l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. »
« La lutte aux changements climatiques passe par un meilleur aménagement de nos villes et par un virage vers les transports collectifs, deux axes qui ont l’appui des 80 villes du Grand Montréal et de ses couronnes. Il est étonnant que seulement la moitié des partis reprenne à son compte ces orientations en appuyant concrètement la création d’une trame verte et bleue et en s’engageant à mieux soutenir financièrement nos transports collectifs », a mentionné Karel Mayrand, de la Fondation David Suzuki.
« En matière de réduction des GES, il faut passer de la parole aux actes et c’est dans le transport, principale source de GES et plus grand consommateur de pétrole, qu’il faut agir en priorité. Malgré certains engagements intéressants en matière de transports collectifs et d’électrification des transports, il faudra bien plus pour atteindre la réduction de GES urgente demandée hier par le GIEC », déclare André Bélisle, président de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA).
Pour sa part, Patrick Nadeau, de la SNAP Québec, constate que « certains partis sont étonnamment réticents à s’engager formellement envers les cibles internationales en matière d’aires protégées : le PQ reste vague sans s’engager alors que le PLQ propose de dépasser les cibles, mais pour certains écosystèmes seulement. Quatre partis (dont la CAQ) affirment néanmoins vouloir atteindre ou dépasser ces cibles internationales, fixées à Nagoya dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique ».
Enfin, selon Jérôme Normand, directeur général d’ENvironnement JEUnesse « les organismes communautaires en environnement sont des vecteurs importants d’amélioration de la qualité de vie des générations présentes et futures et ce, dans une perspective de développement durable ; il est étonnant de constater que seulement la moitié des partis sondés s’engage à reconnaître leur apport par la mise en place d’un programme les soutenant adéquatement. »
Quelques propositions dignes de mention
Bien qu’il ne s’engage pas à soumettre au BAPE l’exploration du pétrole de schiste sur l’île d’Anticosti, le PLQ s’engage à commander une évaluation environnementale stratégique sur l’ensemble de la filière de l’exploitation des hydrocarbures. Du côté de la conservation, il maintient son engagement à protéger 50 % du territoire nordique.
Plusieurs partis se sont engagés a une stratégie énergétique qui prend en compte les perspectives de demande à long terme et misent sur l’expertise développée au Québec sur le plan des nouvelles énergies propres et des technologies d’efficacité énergétique et l’économie d’énergie.
Certains partis s’engagent à interdire la fracturation hydraulique pour le pétrole et le gaz de schiste, sur tout le territoire du Québec.
Québec Solidaire s’oppose à toute forme de transport de pétrole en provenance des sables bitumineux sur le territoire québécois.
Votez pour l’environnement !
Les groupes rappellent que leur démarche est non partisane et qu’elle vise à informer les citoyens sur les engagements des partis politiques au sujet de l’enjeu fondamental de la lutte aux changements climatiques.
Ils invitent les électrices et les électeurs à appuyer la campagne « dévoilons nos véritables valeurs environnementales » en envoyant un message à toutes les personnes candidates de tous les partis concernant la lutte aux changements climatiques, la nécessité de dire « non » à l’importation et à l’exploration de pétrole sale et « oui » à la conservation de la région boréale. Déjà plus de 5 500 personnes ont répondu à l’appel.
Cette action est une initiative de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), d’ENvironnement JEUnesse (ENJEU), de la Fondation David Suzuki, du Fonds mondial pour la nature (WWF), de Greenpeace, de Nature-Québec, de la SNAP Québec et de Vivre en ville.