tiré de : Entre les lignes et les mots Lettre N°44 - 24 octobre : Notes de lecture, textes, pétitions
Publié le 23 octobre 2020
Votée mardi, la motion est perçue comme étant la première fois que l’organisme de tutelle des syndicats britanniques décrivait la politique israélienne comme de l’apartheid.
La motion du TUC appelle le Royaume Uni à « prendre des mesures fermes et décisives, y compris des sanctions » contre Israël pour stopper l’annexion, mettre fin à l’occupation et respecter le droit des réfugiés palestiniens au retour.
Elle a aussi appelé les syndicats à travers le monde à rejoindre la campagne « pour stopper l’annexion et mettre fin à l’apartheid ».
Le conseil général a également publié une déclaration disant qu’il « encouragerait activement les affiliés, les employeurs et les fonds de pension à se désinvestir et à boycotter les produits des sociétés qui profitent des colonies illégales et de l’occupation ».
Ben Jamal, directeur de la Campagne de Solidarité avec la Palestine au Royaume Uni, a dit : « Nous saluons cette motion qui réaffirme le soutien solide du mouvement des syndicats britanniques aux droits des Palestiniens. »
« Il ne peut y avoir de relations normalisées avec quelque Etat que ce soit qui pratique l’apartheid à moins de devenir un renfort pour ce régime. Nous applaudissons le TUC pour son appel clair à des sanctions. »
La motion engage aussi le TUC à travailler avec la Campagne de Solidarité avec la Palestine.
Le Comité National BDS, ou BNC, coalition de la société civile qui pilote le mouvement palestinien de boycott, désinvestissement et sanctions, a également salué la démarche du TUC.
Le TUC a également rejoint le « consensus croissant parmi les progressistes du monde entier comme quoi le régime israélien est un régime d’apartheid, d’occupation militaire et de colonialisme de peuplement », a dit le BNC.
« Nous exhortons les syndicats britanniques à passer logiquement à l‘étape suivante et à intensifier les campagnes efficaces et stratégiques de BDS pour mettre fin à la complicité britannique avec l’oppression qu’exerce Israël sur les Palestiniens. »
Mutation historique
Proposée par le deuxième plus grand syndicat britannique Unite, la motion a été votée par le conseil général de TUC. Dans des circonstances ordinaires, elle aurait été débattue par les délégués à la conférence annuelle de TUC.
Mais la pandémie du coronavirus a fait qu’elle s’est du coup tenue en ligne, lundi et mardi de cette semaine.
Une motion de TUC votée l’année dernière appelait à « mettre fin à tout commerce d’armes avec Israël qui les utilisait en violation des droits fondamentaux des Palestiniens ». Mais elle n’appelait pas explicitement à des sanctions.
La juste description par le TUC cette année de la politique israélienne comme étant de l’apartheid représente une mutation historique à long terme, loin du soutien au sionisme.
Les conférences du TUC de 1967 et 1976 avaient en fait voté des motions de soutien à Israël. Ce n’est qu’avec l’invasion du Liban par Israël en 1982 que le vent a commencé à tourner.
Cette année, une motion d’urgence présentée par le Syndicat des Sapeurs Pompiers a condamné « la mort et la destruction causées par l’invasion israélienne » et a appelé à « la reconnaissance des droits nationaux des Palestiniens à l’autodétermination dans un Etat indépendant et souverain ».
La motion a été votée par les délégués.
Mais, dans son livre The British Left and Sionism : History of a Divorce (La Gauche Britannique et le Sionisme : Histoire d’un Divorce), l’universitaire Paul Kelemen fait remarquer que le conseil général avait en fait à l’époque essayé de les dissuader de le faire.
Le soutien plus récent du TUC aux droits des Palestiniens est le fruit de décennies de campagne par les militants.
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