Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Québec solidaire

La mondialisation et les femmes québécoises.

Le texte sur la mondialisation dans l’enjeu 4 de Québec Solidaire ne permet pas en une page de situer les enjeux pour les femmes au Québec. Il permet à peine de décrire la situation des femmes dans le contexte mondial.
La mondialisation va transformer la vie des femmes en permettant à celles vivant dans les pays émergents à avoir un accès massif à des emplois soit dans les zones franches ou des ateliers de la misère soit dans la domesticité. Cela a bouleversé les productions artisanales et détruit bien des coutumes et des cultures. Mais ça la mondialisation s’en fout. Le profit avant l’humain.

Dans les pays avancés dont le Québec, le marché du travail a connu aussi de grands changements. Le premier c’est la généralisation de l’information par l’informatique. Cela a rendu désuet quantité de méthodes de travail et par conséquent des centaines de titres d’emplois ont été éliminés. Les réceptionnistes ont été remplacées par des choix multiples à voix (de femmes) informatisées ; les caissières de banques par des guichets, les caissières de supermarchés par des caisses automatisées ; les préposées et commis au classement tout simplement par des logiciels plus performants. L’accès à la connaissance devient essentiel. Parfois l’employeur offre des cours de formation mais règle générale, les femmes doivent acquérir cette nouvelle compétence par leur propre moyen si elles veulent rester sur le marché du travail et survivre.

Autre changement important qu’a connu le marché du travail : la productivité. Elle va devenir essentielle pour le taux de profit. Les politiques néolibérales vont couper dans les services et programmes sociaux et ajouter à la charge de travail des personnes restantes. Et les gestionnaires vont gérer ces nouvelles réalités du travail avec des méthodes efficaces. Ce sont les fameuses approches Toyota et Lean. Cette pression à la productivité va s’accompagner d’une augmentation du stress au travail et des absences maladie prolongée pour burn out ou dépression.

Coïncidence ? Les femmes déjà au prise avec la double journée de travail, se doivent aussi de penser formation et recyclage et maintenant productivité. Cette pression à la productivité va transformer dans les services sociaux les liens avec les personnes usagères. Elles vont devenir clientèle, numéro et maladie. Les techniques de soins vont aussi changer : davantage d’approche pour cibler le centre de la maladie, des opérations ultra sophistiqués et un minimum de soins en milieu hospitalier. Le suivi sera ensuite assuré par les services à domicile des Centre de santé et services sociaux. L’approche professionnelle de ce suivi sera aussi soumis à la méthode Toyota et va en prendre un coup car c’est l’autonomie que bénéficiaient ces travailleuses qui va être remis en question.

Le marché du travail a aussi connu une autre transformation. Dans les pays industriels, l’économie avait développé dans les années ’60, le secteur des services. Et dans bien des pays, sous la gouverne de l’État pour la santé et l’éducation et les services gouvernementaux. Les femmes y formaient majoritairement la main d’œuvre. À partir des années ’80, ces réseaux publics vont avoir à concurrencer avec des services privés. Les femmes dans ces emplois privés sont encore majoritairement employées mais à des taux de salaire et des conditions inférieurs. Souvent ces emplois offrent des plages de temps partiel et d’horaires brisées pour correspondre aux heures de services : cafétéria, services à domicile, entretien ménager etc… La sous-traitance des services est en fait sa privatisation. Les services publics sont morcelés pour les offrir aux plus offrants ou tout simplement fermés, les postes sont coupés. La loi du marché fera le reste. La désinstitutionnalisation des personnes ayant des problèmes de santé mentale ou des personnes en perte d’autonomie vers des maisons privées (ressources intermédiaires ou ressources de type familial) en sont un exemple. Quant aux emplois dans le secteur des services privés en informatique, en centre d’appels, ils ont été transférés dans les pays en émergence. Même le secteur des services de ventes commerciales est en train de pendre un autre court avec la vente par internet. Qui dit que, dans un prochain avenir, les magasins seront virtuels et les vendeurs et vendeuses nos doigts sur le clavier. Poste Canada anticipe ce tournant en se concentrant sur la livraison de colis.

Le travail domestique s’est aussi développé avec la mondialisation. Pour bien des femmes des pays industrialisées, la solution à la double ou triple journée de travail est d’employer du travail domestique. Les femmes qui viennent d’ailleurs suite à des mouvements de population ou simplement pour se sortir de la misère laissent souvent leur famille dans leur pays d’origine. C’est un stress de plus à ajouter aux longues heures de travail, au salaire insuffisant et au harcèlement parfois sexuel de la part des patrons québécois.

Les femmes québécoises voient donc le marché du travail évoluer sous l’impact de la mondialisation. Elles continuent à être majoritaires à temps partiel, sous payées dans les ghettos des services de plus en plus transformés. Elles doivent se former et se recycler à leurs frais tout en continuant de s’occuper prioritairement de la famille, du foyer et parfois des parents malades.

La mondialisation est donc loin d’améliorer le sort des femmes. Au contraire les progrès scientifiques et informatiques ne font qu’alourdir leurs tâches et augmenter leur journée de travail au travail et à la maison.
Deux solutions sont à envisager. En les combinant, le sort des femmes pourraient connaître un réel répit. C’est d’abord le partage équitable à la maison non pas en comptant sur le conjoint pour le faire mais par la création de services collectifs pour sortir ces tâches de l’isolement, de l’individuel et de la non reconnaissance (ex buanderie, cafétéria, cuisines collectives, services d’entretien etc…) et la baisse généralisée des heures de travail sans perte de salaire. Les travailleuses se sont battues pour obtenir la baisse des heures de la journée de travail. Les premiers 8 mars soulignaient ces batailles importantes. Maintenant, avec la mondialisation et sa nécessaire flexibilisation des horaires de travail, il faut poursuivre la lutte et exiger la semaine de 4 jours de travail soit 32 heures par semaine.

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