La Cigale péquiste, ayant chanté les louanges de la laïcité
Tout l’automne et l’hiver,
Se trouva fort dépourvue
Quand la brise de l’indépendance fut venue :
Pas un seul petit morceau d’espoir à se mettre sous la dent.
De mouche de liberté culturelle ou de vermisseau économique.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi solidaire, sa voisine
La priant de lui prêter ses électeurs
Quelques grains pour subsister
Jusqu’à la nouvelle saison parlementaire.
– « Je vous paierai », lui dit-elle
Avant le livre blanc, foi d’animal qui a pris le beau risque,
Intérêt dans la circonscription de Daniel Breton et principal dans Rosemont.
La Fourmi solidaire n’est pas prêteuse :
C’est là son moindre défaut.
« Que faisiez-vous au temps chaud parlementaire ?
Pourquoi n’avez-vous pas profité de votre tribune pour l’avancement de votre projet ? », dit-elle à cette emprunteuse.
Nuit et jour à tout venant jusque dans un journal de New York,
Je chantais nos valeurs, ne vous déplaise.
– Vous chantiez ? J’en suis fort aise.
Eh bien ! dansez maintenant.
La fable se répète. La plus grande condition que le Parti québécois aura mise à l’indépendance est finalement son silence sur le sujet pendant qu’il était aux commandes du navire.
Restons dans les fables et légendes : l’idée selon laquelle Québec solidaire met des conditions à la réalisation de l’indépendance. Québec solidaire ne divise pas le vote indépendantiste. Pas plus que le Parti québécois ni Option nationale. Québec solidaire offre son modèle, différent des deux autres partis indépendantistes. Québec solidaire est à gauche, Option nationale veut prendre la voie rapide pour y arriver et le Parti québécois veut s’installer et gouverner en jetant un œil sur les sondages. Quand des gens avec des projets aussi différents s’associent chacun de leurs côtés et forment des partis politiques, ce n’est pas de la division, c’est juste de la politique. Revenez-en ! Un vote pour un parti nuit à tous les autres.
La définition exacte du mot condition est : « Disposition, clause particulière qui conditionne l’accord d’un marché ». Quand le Parti québécois me demande de lui faire confiance sans échéancier précis, qu’il courtise la gauche, mais gouverne ensuite à droite pour aller prendre des votes aux caquistes, qui, eux, fuient chez les libéraux, n’est-ce pas mettre des conditions à l’indépendance ? Quand le Parti québécois me dit que ce n’est pas une élection sur l’indépendance, qu’une candidate déclare qu’elle ne serait pas de l’élection si on lui avait parlé de référendum et que selon l’humeur de Jean-Fraçois Lisée, le projet de pays est prévu dans six mois ou trois mandats, ce ne sont pas des conditions à l’indépendance ?
Ce que je sais, c’est que le Parti québécois essaie de me vendre ses dispositions, ses clauses particulières, qui conditionnent l’accord de son marché. Avec ses messages de peur sur la Charte, j’ose même appeler ça une menace : c’est selon nos conditions ou rien. Et que dire du mal que le PQ s’est donné pour battre des gens comme Amir Khadir, Françoise David et Jean-Martin Aussant dans les dernières élections ? En plus de laisser le champ libre à Philippe Couillard dans une partielle et ne présentant pas de candidat contre Fatima Houda-Pépin, leurs conditions au projet d’indépendance me semblent de plus en plus complexes et il semble clair qu’ils n’ont pas l’intention de collaborer avec la compétition.
Le PQ demande qu’on lui signe un chèque en blanc pour peut-être 12 ans, le temps que les sondages remontent par miracle, sans projet de pays, sans vision, sans pédagogie et me demande d’oublier les luttes environnementales, à l’évasion fiscale, au lobbyisme, pour le partage des profits records des banques et autres. Pire, ils vont aggraver la situation par opportunisme politique et par manque de courage. Les trois partis indépendantistes mettent leurs conditions et les changent constamment. Même Sol Zanetti et Option nationale voudraient maintenant équilibrer le budget dans la première année d’un éventuel mandat et faire l’indépendance dans une deuxième année.
Cependant, ce qui me déçoit le plus émane souvent des slogans des militant(e)s du PQ et d’ON : « Ni à gauche, ni à droite. Par en avant ! » ; « La gauche, la droite, ce n’est que la peinture sur les mûrs ! On s’obstinera sur ces détails quand on aura fait notre pays ! » Quoi ? Comment peut-on considérer des questions comme les échappatoires fiscaux, même légaux, qui nous coûtent des milliards par année, comme étant un détail ? Détail économique qui pourrait bien faire la différence chez plusieurs indépendantistes au repos qui ont peur de notre viabilité économique en tant que pays. Avec le Parti québécois, les murs auront le temps de pourrir et de s’effondrer bien avant. On ne peut pas, en 2014, oublier tous les axes politiques et suivre le aveuglément le Parti québécois avec ses mêmes vieilles idées et attendre l’indépendance par miracle en 2021 pour ensuite commencer à s’attaquer à des problèmes graves qui nous affectent depuis déjà trop longtemps.
Retournons, une dernière fois, aux définitions du mot conditions : « Situation dans laquelle se trouve tout être vivant, toute chose » ; « Rang social (classe) » ; et « État physique ou moral d’une personne ». Avec Québec solidaire, il y a peut-être une condition à gauche, mais les conditions, dans tous les sens du terme et pour tous, seraient respectées et iraient en s’améliorant, spécialement pour la classe la plus pauvre et la classe moyenne de notre société. Ce projet ne plait pas à tous, mais c’est bel et bien un projet de société clair, sans condition ni compromis pour la justice sociale, l’austérité et l’environnement.