Édition du 17 décembre 2024

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LGBT

« La cause » LGBTQI+ et les affrontements de rue

Quand un animateur chevronné de Radio-Canada parle en heure de grande écoute télévisuelle de « la cause » des LGBTQI+, quel malentendu à l’origine de combien de tensions !

Par Pierre Jasmin, 22 septembre


Manifs religieuses et conservatrices contre l’identité de genre

Sans être revenus quatre-vingt-cinq ans en arrière quand le gouvernement canadien procédait dans de honteux pensionnats au génocide culturel autochtone et refoulait à nos frontières les Juifs de la Shoah, on se croirait encore aux époques où l’on rééduquait par la force les gauchers, où les jeunes recrues péquistes du porte à porte de 73 se faisaient menacer de prison pour incitation à l’émeute felquiste et où les autistes étaient rudoyés par les conformistes de l’ordre (mon fils s’était même enfermé dans une toilette de sa maternelle en protestation !).

Les LGBTQI+ ne sont pas une cause : ils existent, tout simplement et doivent être reconnus. Selon Pascale Camirand, philosophe éthicienne féministe, le choix du genre de la personne est quelque chose d’intime et personnel qui doit venir de la personne elle-même et non de ses parents : lorsque les parents et les médecins décident à la place de l’enfant ou de l’adolescent-e, des balises juridiques s’imposent.

On apprécie d’autant plus l’appel au calme et à la raison du Premier ministre Legault et la volonté de son ministre gaffeur Drainville de confier la question à un comité d’experts. Ce comité essaiera de trancher si l’identité de genre ressentie permet à tout adolescentE d’entreprendre des thérapies de changement et sous quelles conditions de sécurité pour iel-même. Heureusement, Drainville semble avoir appris de ses erreurs de l’époque de la Charte des valeurs québécoises, en refusant prudemment un débat public qui serait horriblement nuisible pour des minorités cette fois encore plus vulnérables, celles des transgenres, transsexuelles ou intersexes : merci à Émilie Nicolasi d’avoir si bien illustré, en puisant dans son expérience d’enfant racisée en autobus de Québec agressée par les discours racistes d’André Arthur à la radio, le danger des discours fascisants sur les minorités ou les immigrants.

Depuis la création il y a moins de soixante ans du premier ministère de l’Éducation par Paul Gérin-Lajoie, la volonté des écoles d’éclairer leurs étudiantEs sur la sexualité (et maintenant les droits trans) fait face à une forte opposition des extrêmes-droites en particulier religieuses, imposant à leurs enfants surtout dans les écoles privées sectaires (toutes religions confondues), l’interdiction de parler des « parties sales » du corps, occasions de péché ! Certaines religions extrémistes obligent les femmes à couvrir leurs cheveux, objets de concupiscence. Si dénoncer cela est nécessaire, la solution n’est pas d’opprimer les personnes victimes d’endoctrinement, car cela ne ferait qu’aggraver leur isolement, donc leur ignorance. Pas simple tout cela, surtout dans le contexte des camionneurs d’extrême-droite manipulant leurs supporteurs avec des notions de LIBÂRTÉ exclusives à leur obsession anti-vaccinale.

Des manifestations parfois violentes sont liées cette semaine à des politiciens conservateurs notamment du Nouveau-Brunswick et de la Saskatchewan, qui exigent que les jeunes obtiennent le consentement écrit de leurs parents, avant que les enseignants puissent utiliser leurs prénoms ou pronoms préférés à l’école. Dans les rues, s’agitent les protestataires intégristes Éric Duhaime et Maxime Bernier, exclus du débat public parce que leurs partis ont échoué les tests électoraux : leur slogan populiste « Leave our kids alone », importé des Républicains américains sexistes et racistes, appelle, au fond, à laisser l’enfant marginal dans sa détresse et sans soutien scolaire. Peut-on imaginer ce qui se passe dans des pays gouvernés par des dictatures autoritaires (pléonasme) à 96% patriarcales masculinesii ? En Belgique, on apprend par Stéphane Baillargeon du DEVOIR qu’« il y a une dizaine de jours, des incendies criminels ont été allumés dans quatre établissements de niveau maternel et primaire de la région de Charleroi et dans deux écoles de Liège. Deux autres ont été vandalisées. Des tags ont rajouté des avertissements et expliqué l’affront : « No EVRAS, sinon les prochains, c’est vous. » Ce sigle désigne l’Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle, le nom du nouveau programme adopté à la quasi-unanimité par le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles quelques heures avant les attaques ». La place des agitateurs violents d’extrême-droite ou islamistes est en prison.

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