Ce rapport, présenté lors d’un événement public par la procureure générale de la Nation, Luz Adriana Camargo Garzón, répond à un mandat de la Cour constitutionnelle dans l’arrêt SU-546 de 2023.
Selon les données du Ministère public, entre janvier 2016 et décembre 2024, au moins 1 372 leaders sociaux ont été assassinés en Colombie. Mais la procureure générale elle-même prévient que ce chiffre pourrait être encore plus élevé, en raison des difficultés à déterminer qui est officiellement considéré comme défenseur des droits humains.
Selon le rapport 2024 de l’organisation Front Line Defenders, la Colombie demeure le pays le plus mortel au monde pour les militants. En 2023, sur les 300 défenseurs assassinés dans au moins 28 pays, 142 étaient colombiens, soit 48 % du total mondial. Un an auparavant, en 2022, le chiffre était encore plus élevé, avec 186 cas signalés.
Derrière ces chiffres, il y a des vies fauchées, des familles dévastées et des communautés qui continuent à lutter dans la peur. La procureure générale a reconnu qu’il existe de graves problèmes dans l’enquête et la judiciarisation de ces crimes. Du manque d’accès à la justice à l’impossibilité d’atteindre certaines régions sous le contrôle de groupes armés illégaux, les obstacles sont immenses et ont permis à l’impunité de rester la norme.
Dans de nombreuses régions rurales, où la violence contre les leaders sociaux est la plus intense, l’État est toujours absent. Les groupes armés imposent leur loi, et les défenseurs des droits humains deviennent des cibles simplement pour avoir osé prendre la parole. L’absence de garanties et la peur des représailles ont fait de la dénonciation un acte d’un courage extrême.
"C’est une catastrophe qui ne peut plus continuer", a déclaré Camargo, insistant sur le fait que la protection des leaders sociaux doit devenir une "priorité nationale". Selon elle, sans une action efficace de l’État, la démocratie et la justice continueront d’être en péril.
Un début d’année marqué par la violence
L’année 2025 n’a pas commencé sous de bons auspices. Selon l’Institut d’études pour le développement et la paix (Indepaz), depuis le début de l’année, au moins 22 leaders sociaux
ont été assassinés. Parmi eux, Leonardo Samir Montero Paz, leader autochtone nasa, tué le 9 février dans une zone rurale de Puerto Asís, Putumayo.
Les voix qui défendent les droits humains en Colombie font face à une menace constante, et tant qu’il n’y aura pas de réponse ferme de l’État, le risque que cette crise s’aggrave reste présent.
La communauté internationale et les acteurs nationaux ont un rôle essentiel à jouer pour exiger des mesures urgentes et efficaces. La vie de ceux qui luttent pour un pays plus juste en dépend.
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