Tiré de MondAfrique.
C’est une véritable guerre, sans précédent, que le Hamas a lancé contre Israël à partir de Gaza en s’infiltrant pour la première fois sur une telle échelle à l’intérieur du territoire israélien, occupant une dizaine de positions et des quartiers dans certains kibboutz limitrophes de Gaza. Les miliciens du Hamas ont pris en otage un nombre non déterminé encore d’habitants des kibboutz tandis que 33 soldats étaient faits prisonniers.
Concurrencé par le Jihad islamique et contraint de réagir à l’érosion de ses troupes qui à Gaza ont mal vécu l’inertie du mouvement islamiste lors de la terrible offensive israélienne menée cet été contre le camp de Jenini en Cisjordanie, le Hamas est passé à l’offensive, en tournant le dos à la prudente posture qui était la sienne ces derniers temps. Les Palestiniens de Gaza semblaient rejoindre les Séoudiens qui se montraient désireux de trouver un vaste accord diplomatique entre Arabes et Israéliens au Moyen Orient. Ce temps là est bel et bien révolu après la violente escalade à laquelle on assiste ces dernières vingt quatre heures.
Le grand perdant de l’évolution dramatique de la situation à Gaza est sans doute le prince héritier séoudien, MBS, qui espérait, sous sa férule, dessiner les contours d’un Moyen Orient, sinon apaisé, du moins stabilisé.
Le Hamas qui avait été fort critiqué, cet été,pour sa passivité après l’opération de deux jours que les soldats israéliens ont mené dans le camp de Jenine dans le but de casser une « infrastructure terroriste », se devait de réagir. L’étendue des dégâts après le raid de Tsahal en aout dernier était impressionnant:des dizaines de véhicules renversés sur les bords des routes, des traces de suie étaient visibles sur les fenêtres et les murs ; de nombreuses rues ornées de cratères béants.
Les maisons proches de la mosquée al-Ansar – où les combattants palestiniens s’étaient barricadés et où les forces israéliennes ont trouvé des tunnels et des armes – ont été beaucoup plus endommagées. De nombreux miliciens ont été arrêtés pour être interrogés.
Mais au-delà des dommages matériels, l’armée israélienne a laissé derrière elle des dommages politiques. Mardi soir, après le retrait des forces israéliennes du camp, des centaines d’habitants sont sortis et ont crié des slogans hostiles au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas que la foule a appelé « traître ». La foule n’a pas hésité à incendier un poste de police de l’AP près de Jénine.
La passivité du Hamas
La colère des Palestiniens de Cisjordanie était également dirigée contre le Hamas qui a laissé l’armée israélienne agir sans lancer une seule roquette sur Israël. C’est que le Hamas est dans une phase de rapprochement avec l’Arabie Saoudite, elle même sur la voie d’une reconnaissance de l’État israélien. Autant de perspectives qui expliquent pourquoi le mouvement islamiste n’a pas voulu pendnat cet été meurtirer mettre de l’huile sur le feu.
Du coup, lendant les deux jours de combat sur Jenine, le Hamas a bloqué les tirs de roquettes sur Israël. Nombre de miliciens du Hamas implantés à Jenine se sont également senti trahis par leurs dirigeants et ont démissionné sous l’effet de la colère. En effet, depuis plusieurs années, le Hamas infiltre le camp de Jenine pour déstabiliser l’Autorité Palestinienne
Durant ces affrontements, alors que les soldats quittaient le camp, cinq roquettes ont été tirées depuis la bande de Gaza. Elles étaient le fait du Jihad Islamique Palestinien. Du coup à Gaza, un fossé grandissant s’était creusé entre le Hamas et ses concurrents du Jihad islamique palestinien. Nombre de miliciens liés aux Frères Musulmans soutenus par le Qatar ont ouvertement critiqué l’inaction de leurs dirigeants et ont adressé un message à leurs chefs pour ne plus être considérés comme faisant partie du Hamas.
Un raid sans précédent du Hamas
Face à cette désaffection de ses troupes et face à la concurrence de plus radical que lui, le Hamas se devait de réagir. D’autant plus que la politique intransigeante et brutale du gouvernement israélien a aggravé les frustrations de la population palestinienne. Du coup, les tentatives récentes du Qatar de jeter des passerelles de dialogue entre les Israéliens et le Hamas auront été trop tardives et en tout cas impuissante à éviter l’escalade qui a eu lieu ce 7 octobre 2023.
Depuis ce samedi au matin, de graves opérations militaires sont en cours dans la zone de la bande de Gaza où une centaine de miliciens du Hamas se sont infiltrés en territoire israélien, occupant des quartiers et des habitations dans certains kibboutz, faisant une vingtaine de tués dans les rangs israéliens. Trente-trois soldats ont en outre été faits prisonniers par le Hamas. À la suite de ces développements, d’importants renforts israéliens ont été déployés le long de la frontière avec le Liban, tandis que des accrochages entre le Hamas et les forces israéliennes étaient signalés dans les secteurs à la périphérie de Gaza. En début d’après-midi, les sources israéliennes faisaient état d’affrontements dans huit points en territoire israélien en dehors de Gaza.
À la suite de cette attaque, l’aviation israélienne a effectué des raids intensifs contre une vingtaine de positions du Hamas à Gaza, tandis que des renforts étaient dépêchés vers une dizaine de secteurs, essentiellement des kibboutz, occupés par les miliciens infiltrés de Gaza.
« Nous sommes en guerre », a déclaré samedi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dans un message vidéo avertissant que le Hamas paierait « un prix sans précédent » après le déclenchement d’une offensive militaire surprise du mouvement islamiste au pouvoir à Gaza. « Nous sommes en guerre, il ne s’agit pas d’une (simple) opération (…). L’ennemi paiera un prix sans précédent », a déclaré en fin de matinée samedi le chef du gouvernement israélien, « nous sommes en guerre et nous allons gagner ».
La situation s’est brusquement détériorée à l’aube de samedi lorsque le Hamas a annoncé avoir déclenché l’opération « déluge d’Al-Aqsa » contre Israël. Des centaines de roquettes, 5 000 selon le Hamas, se sont ainsi abattues en différents secteurs du territoire israélien, notamment à Jérusalem. Le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, a indiqué que le mouvement palestinien avait déclenché « une guerre contre l’État d’Israël ».
Le chef de la branche armée du Hamas avait annoncé l’opération « déluge de feu ». « Nous avons décidé de mettre un terme à tous les crimes de l’occupation » (Israël, NDLR), et « plus de 5 000 roquettes » ont été tirées depuis ce matin, a déclaré Mohammad Deif, commandant des Brigades Ezzedine al-Qassam, dans un enregistrement audio diffusé par Al-Aqsa TV, chaîne de télévision du Hamas, mouvement islamiste au pouvoir à Gaza.
Un bilan lourd
Sur le terrain, une source médicale israélienne a fait état de 22 tués et plus de 500 blessés dans les rangs israéliens. Le président du conseil régional regroupant les localités israéliennes frontalières du nord-est de la bande de Gaza a été tué lors des échanges de tirs avec des assaillants venus de Gaza, a indiqué le conseil régional.
L’armée israélienne a fait état dans ce cadre de l’infiltration d’ »un nombre indéterminé de terroristes « en territoire israélien » par les voies terrestre, aérienne et maritime ». De fait, le Hamas a affirmé avoir pris le contrôle d’un kibboutz. La police israélienne a fait état d’accroches dans non moins de sept secteurs. En début d’après-midi, Israël a indiqué que l’Iran avait lancé une vaste cyberattaque contre des infrastructures israéliennes.
Par ailleurs, des centaines d’habitants du nord-est de la bande de Gaza ont fui leurs maisons après le déclenchement de l’offensive militaire du Hamas contre Israël.
Des hommes, des femmes et des enfants transportant des couvertures et des vivres ont été vus en train de quitter leurs logements pour se diriger plus vers l’intérieur de la bande de Gaza alors que les tirs de roquettes par centaines se poursuivaient depuis le matin depuis ce territoire en direction d’Israël.
Les réactions internationales
Cette offensive a suscité de nombreuses réactions dans les chancelleries internationales.
L’Italie « soutient le droit d’Israël à se défendre » contre « l’attaque brutale qui se déroule en Israël », a indiqué le gouvernement dans un communiqué. De son côté, la France a condamné « avec la plus grande fermeté les attaques terroristes en cours contre Israël et sa population », a souligné le ministère français des Affaires étrangères.
L’Ukraine a affirmé samedi soutenir Israël dans son « droit à se défendre lui-même et son peuple » après les attaques lancées par le Hamas. L’Espagne s’est dite samedi choquée par la « violence aveugle » des attaques lancées par le mouvement islamiste depuis la bande de Gaza contre Israël.
Le président français Emmanuel Macron a déclaré samedi qu’il « condamne fermement les attaques terroristes qui frappent actuellement Israël », à la suite de centaines de tirs de roquettes du Hamas depuis la bande Gaza. Dans un autre tweet, le président français a indiqué s’être entretenu avec le président israélien Isaac Herzog et Benjamin Netanyahou. « Je condamne les attaques menées depuis Gaza contre Israël, ses soldats et sa population. La France est solidaire d’Israël et des Israéliens, attachée à leur sécurité et à leur droit de se défendre. », écrit le chef de l’État français.
Tandis que Washington a condamné le terrorisme, l’Allemagne, la Grand-Bretagne et l’Inde ont exprimé leur solidarité avec Israël, et Moscou appelait à « la retenue » et à un « cessez-le-feu immédiat ».
Le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a exhorté samedi les Israéliens et les Palestiniens à « agir de manière raisonnable » et à éviter une escalade des violences après les attaques lancées par le Hamas depuis la bande de Gaza.
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