Édition du 18 juin 2024

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Québec

L’acceptabilité sociale et les audiences publiques : Quels sont les enjeux ?

Le Regroupement Vigilance Mine de l’Abitibi-Témiscamingue est très préoccupé par le dépôt des orientations du Ministre de l’énergie et des ressources naturelles (MERN) en matière d’acceptabilité sociale, ainsi que par l’annonce du projet de loi 102 qui pourrait modifier la portée des consultations citoyennes du Bureau des audiences publiques (BAPE).

La combinaison de ces dossiers pourra transformer significativement le pouvoir d’influence des citoyens. L’acceptabilité sociale est un concept flou sans balise juridique. Personne ne peut identifier des critères précis qui détermineraient si un projet est acceptable ou non. Il est donc impossible de contester légalement les décisions de développement de projet minier sous cet angle.

Selon Monsieur Marc Nantel, porte-parole du REVIMAT, « l’acceptabilité sociale, dans la région, se résume la plupart du temps à trouver à quelle hauteur le promoteur doit investir dans une communauté pour faire taire l’opposition ».

Par son dépôt, le Ministre Arcand du MERN détermine clairement que l’acceptabilité sociale ne traitera que de l’aspect économique des projets miniers.

En créant le « Bureau de coordination des projets majeurs et d’analyse des impacts économiques », le gouvernement deviendra le « coach de vente » des promoteurs. Il assurera la disponibilité d’un chargé de projet pour permettre aux promoteurs et aux acteurs locaux de s’informer et d’échanger sur la nature des projets et les impacts et retombées (économiques) qu’ils sont susceptibles de générer dans leur milieu.

Selon Marc Nantel, « il semble clair que la population ne pourra plus refuser de projets par manque d’acceptabilité sociale ». La déclaration du Ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Monsieur Luc Blanchette, est limpide : « L’acceptabilité sociale, cela ne veut pas dire que les gens ont un droit de veto. Honnêtement, ce n’est pas une question de consentement ou non, c’est beaucoup plus un rapprochement pour faire du développement de la richesse, mais de façon correcte. »

De plus, si nos appréhensions se confirment, le projet de loi 102 du Ministre Heurtel pourra réduire le pouvoir de consultation des audiences publiques environnementales, de manière à diminuer encore plus les contestations.

Dans un premier temps, les audiences du BAPE pourraient devenir ciblées. Une consultation ciblée est « effectuée auprès de citoyens, de groupes ou de personnes morales ‘’choisis’’ sur la base de leur intérêt, de leur expertise, de leur implication et de leur rôle dans le milieu. » Un groupe comme le REVIMAT devrait donc attendre d’être invité pour être entendu. Le gouvernement s’assure ainsi de contrôler le message. Dans un deuxième temps, il serait retiré des consultations du BAPE toutes les questions de nature économique.

« Le gouvernement devient strictement un agent de développement économique. Il légifère pour s’assurer que les projets iront de l’avant sans heurts ni contestations », de dénoncer Marc Nantel.

Regroupement Vigilance Mines en Abitibi-Témiscamingue (REVIMAT)

Le Regroupement Vigilance Mines de l’Abitibi-Témiscamingue (REVIMAT) a vu le jour à l’automne 2015 et est constitué de quatre groupes représentant des centaines de citoyens de l’Abitibi-Témiscamingue. Ces groupes sont : le Comité de vigilance de Malartic, le Comité de vigilance de Granada, la Coalition des citoyens - projet Wasamac Évain et la CSN en Abitibi-Témiscamingue. Outre ces groupes, une section citoyenne permettra l’adhésion et le soutien de personnes de la communauté partageant les fins du Regroupement.

Selon le porte-parole du regroupement, Marc Nantel, « Le REVIMAT est né du besoin des citoyens de l’Abitibi-Témiscamingue, confrontés à des projets miniers, de se réunir et de travailler ensemble. Le regroupement s’est donné comme mission de sensibiliser la population aux enjeux du développement minier. Nous donnerons et échangerons de l’information sur le dossier minier, soit sur les lois, les droits des citoyens, les expériences vécues de projets miniers et les protocoles d’entente. Nous donnerons également du support dans les actions locales et partagerons des stratégies tout en coordonnant les actions. »

« Les citoyennes et citoyens ont été trop longtemps laissés à eux-mêmes devant les irritants causés à court et à long terme par l’exploration et l’exploitation minière en région. Nous nous devons de solidifier un réseau régional afin d’intervenir auprès des pouvoirs politiques et gouvernementaux. Nous voulons devenir une véritable voix politique régionale dans le dossier minier », déclare maître Nicole Kirouac.

« Nous croyons fermement que les règlements miniers ne suivent pas la nouvelle réalité des mines à ciel ouvert en milieu urbain, en Abitibi. Plusieurs études en santé, rattachées à cette forme d’exploitation minière, nous interpellent au plus haut point. Il y a trop peu d’inspecteurs pour vérifier le respect de ces derniers. Il faut rapidement mettre fin à un régime d’autorégulation minière quant au contrôle environnemental .Un anachronisme dans nos lois et règlements qui n’a plus du tout sa raison d’être. Il est temps de nous regrouper comme citoyennes et citoyens de l’Abitibi-Témiscamingue et d’exiger que le gouvernement mette des dents aux différents règlements miniers et environnementaux. » de conclure Marc Nantel.

Source : http://www.lerepat.org/communique/le_regroupement_vigilance_mines_de_l_abitibi_temiscamingue_devient_un_joueur_incontournab

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