19 octobre 2021 | tiré de la Revue l’anticapitaliste
https://lanticapitaliste.org/actualite/ecologie/lamerique-latine-vers-la-cop-26-changement-climatique-et-extractivisme
Le capitalisme, à travers l’exploitation du travail salarié dans le monde, a permis d’augmenter la production de biens et la fourniture de services à un coût environnemental incommensurable. Cette tendance destructrice a été renforcée notamment par l’augmentation de processus tels que la productivité agricole, le développement technologique et la croissance cancérigène de l’extractivisme. Les bénéfices matériels obtenus de ce processus historique sont aujourd’hui dépassés par les conséquences négatives pour la vie dans son ensemble, non seulement des êtres humains, mais de tous les êtres vivants. Dans le même temps, l’expansion exponentielle du capitalisme produit une nouvelle vague d’inégalités en matière d’énergie, de revenus et d’accès aux biens de base dans le monde.
Dans ce contexte, une approche du développement de la détérioration de l’environnement en Amérique latine est importante pour deux raisons. D’une part, le changement climatique, qui dans une région aussi vulnérable et politiquement convulsée devient une priorité du point de vue des socialistes ; d’autre part, en raison des ravages de l’accentuation de l’extractivisme, qui repense le projet émancipateur que nous voulons construire sur le continent.
Changement climatique en Amérique latine
Le changement climatique est un processus mondial sans équivoque admis par la communauté scientifique. La principale cause du changement climatique est la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère résultant de la combustion de combustibles fossiles. Ces polluants proviennent de la base matérielle de l’économie mondiale, par conséquent stabiliser ou réduire les émissions de GES implique l’un des plus grands défis à l’heure actuelle, car il oblige à changer la matrice dite économique. En ce sens, le paradigme de croissance et de développement sur lequel repose le système capitaliste écocide est le principal obstacle à la limitation des émissions de carbone dans l’atmosphère. En Amérique latine, nous sommes confrontés à une série de problèmes spécifiques qui découlent des indicateurs, faits et tendances suivants :
• En 2016, les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont atteint 50 Gigatonnes (Gt d’équivalent CO2) et l’Amérique latine et les Caraïbes en ont émis 4,2 Gt cette année-là. Autrement dit, l’Amérique latine contribue à 8,3% des émissions totales de CO2 dans l’atmosphère selon les données de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC)
• Chaque année, en fonction de la croissance économique de l’Amérique latine, les émissions augmentent de 1% les émissions totales
• La structure des émissions dans la région est différente de celle des émissions mondiales. 70% des émissions mondiales proviennent du secteur de l’énergie, alors que dans la région, la participation de ce secteur est de 45% et celle de l’agriculture et de l’élevage de 23%. Le fait que 19 % des émissions en Amérique latine et dans les Caraïbes proviennent du changement d’affectation des terres indique que la tâche importante est d’arrêter la déforestation.
• En Amérique latine et dans les Caraïbes, les émissions de tous les secteurs continuent d’augmenter et, comme dans le reste du monde, la plus forte augmentation a été observée dans le secteur de l’énergie et en particulier dans les transports.
Dans ce même sens, la région a été incluse dans les accords internationaux qui cherchent à arrêter, de manière insuffisante, la crise climatique : l’Accord de Paris, le Fonds Vert pour le Climat et des fonds de donnateurs qui visent à fournir des ressources orientées vers l’atténuation et l’adaptation et qui sont destinés à des compensations internationales converties en crédits (crédits carbone). Enfin, en termes de contributions déterminées au niveau national (CDN), chaque pays définit le niveau d’émissions qu’il s’efforcera d’atteindre dans les cinq prochaines années.
L’état des négociations internationales dans le cadre de l’Accord de Paris et les progrès afférents
Lors de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 25), tenue à Madrid en 2019, les principaux points abordés ont été les suivants :
• Une plus grande ambition lors de l’examen des contributions déterminées au niveau national (CDN) ;
• L’intégration aux négociations des océans et des filières comme la mobilité électrique ou l’économie circulaire ;
• L’accord sur les marchés du carbone et de ses règles comptables (article 6 de l’Accord de Paris) ;
• L’examen du Mécanisme international de Varsovie pour les pertes et dommages liés aux impacts du changement climatique ;
• Le plan d’action sur le genre ;
• Les mesures d’intervention ;
• Les dispositions pour le renforcement des capacités d’adaptation et de résilience ;
• Le cadre de transparence renforcé pour les mesures et le soutien établi à la présentation des rapports de la COP 21 ;
Lors du séminaire sur le thème de l’énergie, les ministres du Chili et de la Colombie ont fixé l’objectif régional pour l’Amérique latine et les Caraïbes à 70% d’utilisation d’énergie issue de sources renouvelables d’ici 2030. À l’initiative du Chili, lors de la COP 25 a été abordé la question des océans et de l’utilisation des terres.
Cette série de considérations, que l’on peut tenir pour certaines, sont préoccupantes compte tenu des effets que l’on peut en attendre au niveau social et environnemental dans la région. Nous voyons aujourd’hui comment les efforts faits dans l’économie de marché pour arrêter les conséquences prévues ne portent pas leurs fruits, et il est très peu probable que la logique des accords par en haut, entre gouvernements et entreprises, parvienne à faire avancer la situation pour le mieux. . Pour nous donner une idée, il suffit de comparer l’état des négociations avec les prévisions suivantes :
• Une augmentation de 1,6°C à 4°C est attendue en Amérique centrale et du Sud vers 2100 par rapport à la période 1986-2005.
• Les projections climatiques suggèrent, avec un niveau de confiance moyen, que le niveau des précipitations en Amérique centrale variera de -22% à 7% vers la fin du 21ème siècle. En Amérique du Sud en revanche, les projections sont hétérogènes et leur niveau de confiance est faible. On note, par exemple, que les précipitations vont diminuer de 22% dans le nord-est du Brésil et augmenter de 25% dans le sud-est de l’Amérique du Sud.
• En outre, des phénomènes climatiques tels que la zone de convergence intertropicale, le système de mousson nord-américain et sud-américain, le Niño-oscillation australe, les oscillations dans l’océan Atlantique et les cyclones tropicaux, se produisent en Amérique latine et dans les Caraïbes (GIEC, 2013a, 2013b). Dans ce contexte, les précipitations annuelles ont augmenté dans le sud-est de l’Amérique du Sud, dans certaines parties de l’État plurinational de Bolivie, dans le nord-est du Pérou et de l’Équateur, et ont diminué dans le centre-sud du Chili, le nord-est du Brésil, le sud du Pérou et une partie de l’Amérique centrale et du Mexique (GIEC , 2012, 2013a, Magrin et al, 2007, 2014).
• De même, au cours de la seconde moitié du 20e siècle, il y a eu un recul important des glaciers (GIEC, 2012, 2013a, Magrin et al., 2007, 2014).
• Détérioration des conditions côtières ; par exemple, l’érosion des plages et le blanchissement des coraux affecteraient négativement les ressources locales comme la pêche, et réduiraient la valeur des plages en tant que destination touristique.
• Inondations, marées de tempête, érosion et autres risques côtiers, exacerbés par l’élévation du niveau de la mer et menaçant les infrastructures vitales, les lieux de vie et les installations qui soutiennent les moyens de subsistance des communautés locales.
• Invasion accrue d’espèces non indigènes, telles que les sargasses dans les Caraïbes.
• Pertes économiques dues à la baisse du rendement agricole.
• Perte de forêts de mangroves et de récifs coralliens en raison de l’élévation du niveau de la mer.
• Blanchiment et acidification des océans.
• Dommages aux forêts causés par des événements extrêmes.
• Réduction de la disponibilité de l’eau douce en raison de la diminution des précipitations et de l’intrusion d’eau salée.
• Inondations des lieux de vie côtiers et des terres agricoles.
• Diminution du tourisme en raison de la fréquence et de la gravité accrues des événements météorologiques extrêmes.
• Récurrence de l’endettement extérieur pour compenser les pertes dues à l’incidence d’événements météorologiques extrêmes
Les politiques des principales puissances n’ont pas cessé de poser la nécessité de poursuivre la croissance économique, surtout après la pandémie qui a désactivé certains secteurs importants. Il est alarmant que l’orthodoxie du libre marché et du néolibéralisme ne veuille pas se reformuler de manière minimale. Ni même renforcer l’intervention de l’État dans l’économie de manière plus forte pour arrêter la catastrophe ne fait partie de la politique économique d’aucun pays. Les économies en développement ont-elles vraiment besoin de croître davantage pour que leurs problèmes économiques et sociaux puissent être résolus et que les écarts de revenus, de technologie et d’infrastructure par rapport aux économies développées puissent être réduits ? Cette impasse apparaît dans les pays d’Amérique latine par rapport à l’extractivisme qui, tout en générant des mannes économiques à certaines périodes, aggrave à terme les conditions de vie de la population et l’environnement, les conséquences de ce développement.
Amérique Latine et Caraïbes, COP 26 et luttes de masse
Face à cette situation, la Conférence des Parties sur le Changement Climatique (COP 26) prévue à Glasgow cette fin d’année, fixe déjà un modèle médiatique et politique incontournable, quoique prévisiblement décevant, dans le monde. Du fait que la crise climatique est un enjeu socio-politique à l’échelle planétaire. L’apparition récente des Grèves mondiales pour le climat, avec des millions de participants dans des dizaines de pays, sont depuis 2019 au centre des discussions internationales. Ce nouvel élément nous permet et nous oblige à faire évoluer notre propagande.
L’agitation doit commencer par essayer d’orienter les luttes actuelles qui se développent en Amérique latine vers la vision globale qui s’exprime en Europe, en Asie et en Amérique du Nord ; et relier une telle vision globale aux luttes concrètes qui se déroulent dans notre région.
Pour la IVe Internationale notre proposition quant à la question climatique en Amérique latine doit partir de la rencontre avec la résistance paysanne indigène, qui revendique ses semences, ses pratiques, son identité et sa nationalité, objectivement confrontée à la déforestation massive, aux incendies criminels, et aux OGM, aux monocultures extensives, c’est-à-dire aux plans et actions capitalistes.
Méfaits de l’extractivisme (principales matières premières exploitées)
En plus de la situation délicate dans laquelle le changement climatique nous laisse dans la région, nous avons un problème profond qui remonte au processus de colonisation et de subordination de nos économies aux intérêts des pays impérialistes : l’extraction des matières premières de pair avec la production agricole, animale et piscicole intensive. Pour cette raison, l’importance d’avoir une radiographie et une analyse de l’économie primaire en Amérique latine est avant tout politique, puisque des conflits socio-environnementaux naissent du développement de ces activités qui sont devenues centrales dans pratiquement tous les pays de la région.
Pour les penseurs critiques du continent, cinq types d’extractivisme sont généralement considérés comme présents et sont exacerbés en Amérique latine :
1. Extractivisme des minéraux, de l’énergie, de la forêt et de l’eau. Elle consiste en l’extraction de matières premières en grand volume et à travers une forme de production rapide et intensive. Plus de 75% de ces matériaux extraits en Amérique latine sont exportés, elles subissent un traitement minimal, ce qui réduit leur coût. Ce type d’extraction est « autorisé » par des concessions, des permis d’exploitation et des traités internationaux qui tolèrent le pillage avec la promesse de croissance économique.
2. Accaparement et dépossession des terres pour la production. Elle consiste à contrôler le territoire et les ressources qui s’y trouvent. Il ne s’agit pas seulement d’extraire, il s’agit de contrôler. Par exemple : les plantations de monoculture et les plantations forestières. 70% de l’eau est associée à ce type de production agricole, forestière et animale.
3. Urbanisation (extractivisme urbain). L’urbanisation n’est pas un processus naturel d’expansion, c’est un processus déterminé par la logique du marché. En Amérique latine, la plupart des villes ne sont pas des lieux de vie décents, car il n’y a pas de services de base tels que l’eau, un logement sûr ou l’électricité. Ont construit des villes qui ne permettent pas une vie digne. Les quartiers périphériques connaissent des problèmes d’inégalités, de pauvreté et de violence qui s’aggravent.
4. Méga-Infrastructure. Routes, barrages, trains, centrales hydroélectriques, parcs éoliens, etc. Ils sont un exemple de projets justifiés par la croissance économique qui nous rapprochera des économies développées. Ces mégaprojets sont écocides et ne contribuent pas à une vie plus digne.
5. Biomercantilisation. C’est l’appropriation du bénéfice économique obtenu d’un écosystème, la nature et ses éléments sont commercialisés, par exemple, des espaces naturels protégés ou des forêts en paiement de services environnementaux (marchés carbone), ici un écosystème est clôturé pour le mettre à profit, un écosystème est protégé pour en extraire une valeur économique.
Ces cinq types, bien que problématiques en raison de leur ampleur, sont utiles pour comprendre les tendances de nos économies et leurs relations. Cependant, il est important de se concentrer dans un premier temps sur la première conceptualisation car ce sont strictement les formes économiques qui extraient des biens naturels sans grande valeur ajoutée.
Les activités économiques primaires en Amérique latine (y compris les activités extractives) représentent la part la plus élevée au monde, arrivant en 2017 à représenter 37% de l’économie de l’ensemble de la région. L’un des points fondamentaux est que les exportations vers le marché mondial de ces matières premières ont énormément augmenté, poussées à leur tour, ces dernières années, par la forte demande de matières premières exigés par la Chine.
Ces revenus tirés de l’exportation des ressources naturelles ont soutenu la croissance économique de nombreux pays de la région ces dernières années. En particulier, les mines et le pétrole financent la croissance de diverses économies latino-américaines, devenues dépendantes des industries extractives pour assurer leurs niveaux de croissance, ainsi que pour financer des programmes de redistribution des richesses, sans avoir besoin de toucher aux grandes fortunes. Il est important de mentionner que les prix des matières premières ont profité aux gouvernements de gauche comme à ceux de droite (au Mexique, les prix du pétrole ont renforcé les gouvernements conservateurs). Certains gouvernements progressistes méritent une mention particulière, comme au Brésil et en Bolivie, qui ont poussé leur dépendance à l’égard de l’extractivisme local à des niveaux absurdes.
Cela a été possible parce que l’extraction mondiale de matériaux a triplé au cours des quatre dernières décennies et que les matières premières ont gardé un prix élevé sur le marché. Cette situation, tout en renforçant la dépendance de nos pays vis-à-vis de la division mondiale du travail, aggrave fortement le changement climatique et la pollution de l’air. Cette dépendance se traduit par une dégradation du territoire dans les pays dépendants et une augmentation de la consommation dans les pays les plus riches du monde qui consomment aujourd’hui en moyenne 10 fois plus de matières que les plus pauvres.
Il faut souligner qu’en termes sociaux, le résultat dans la région est la multiplication des conflits environnementaux. Le cas de la Colombie est alarmant, jusqu’en 2017 41% des conflits sociaux reconnus dans l’Atlas de la justice climatique étaient liés à des conflits miniers.
Enfin, il faut souligner que le processus de crise dûe à la pandémie renforce certaines tendances, (bien que dans un contexte d’affaiblissement du commerce mondial) avec lesquelles la reprimarisation des exportations tend à s’approfondir avec moins d’emplois, une plus grande détérioration de l’environnement et une augmentation des inégalités (CEPALC)
Proposition politique et stratégie en Amérique latine Les dégâts du néolibéralisme : privatisations et extractivisme
Il est clair que le néolibéralisme et l’extractivisme ne sont pas deux visions antagonistes de deux types de gouvernements présents dans la région. La première est une configuration de l’économie qui a favorisé le libre marché au niveau mondial et la seconde est, au fond, une branche de l’économie primaire qui a pris des dimensions cancérigènes.
Les deux moments ne sont pas du tout contradictoires, car lorsque le boom extractiviste apparaît, le néolibéralisme continue de fonctionner dans le monde entier, et il n’a même pas été remplacé même après les politiques prétendument protectionnistes de Trump. En fait, on pourrait dire que la croissance du prix des matières premières a été possible grâce à la dynamique générée par le néolibéralisme dans l’économie au cours des dernières décennies. La différence que l’on peut trouver en termes politiques est que la pauvreté a été réduite par des gouvernements progressistes grâce à des mécanismes de redistribution des gains du prix des matières premières et des taxes spécifiques sur certaines activités économiques.
L’essentiel est d’identifier et de dénoncer les relations qui existent entre le néolibéralisme et les processus de dévastation environnementale tels que la légalisation de la privatisation des espaces naturels communs et d’autres mécanismes qui permettent l’extraction de matières premières pour alimenter le marché mondial.
Nous devons prendre en compte l’évidence que le marché des matières premières est directement lié à l’économie plus avancée du système capitaliste basé sur la Silicon Valey. Autrement dit, la pression sur nos territoires continuera d’exister tant que les branches technologiques les plus avancées de l’économie comme le marché de plateformes, les transports ou la pharmacie continueront de croître sans limites. Malheureusement, ce sont ces mêmes branches qui visent à réactiver le capitalisme après la récession et la pandémie.
Ce seraient certaines des raisons pour lesquelles, malgré le fait que les États d’Amérique latine ont connu des transitions entre les gouvernements néolibéraux et progressistes, les politiques extractivistes se sont approfondies.
Bien que la forte dépendance des économies à l’extraction des matières premières que nous avons déjà décrite soit à la base d’une grande partie de la dévastation, nous devons cependant être conscients que ce n’est pas seulement notre rôle sur le marché mondial qui nous pousse à cette situation. C’est aussi le rôle actif de l’Etat qui a renforcé notre dépendance.
Au cours des récents gouvernements progressistes latino-américains, où l’intervention de l’État s’est accrue, aucune mesure n’a été prise pour remettre en question ou arrêter le capitalisme qui se nourrit de l’extraction, de la dépossession, de la pollution et de la destruction de la nature. L’impact sur la vie des peuples indigènes et paysans est l’une des grandes dettes des gouvernements progressistes, puisque leurs territoires sont envahis, l’air et l’eau sont pollués, et qu’arrive chez eux plus de pauvreté et de maladie. L’extractivisme impose, dans les territoires qu’il envahit, la violence sous des formes multiples, créant des conditions sociales qui mènent à l’alcoolisme, à la prostitution et à la traite des êtres humains, ainsi que des divisions au sein du tissu communautaire et familial.
Stratégie écosocialiste en Amérique latine vers la COP 26 et au-delà
L’Amérique latine, avec les pays d’autres continents qui ont connu la colonisation et la subordination violente par les pays centraux, occupe une place différente sur la scène mondiale contre le changement climatique, de sorte que le processus de réchauffement climatique se produit plus fortement et avec une plus grande violence d’État, tandis que la dévastation de l’environnement affecte directement des secteurs plus larges de la population.
En ce sens, une part importante d’une perspective spécifiquement écosocialiste aujourd’hui est l’engagement de mobiliser et d’articuler les secteurs qui luttent contre le changement climatique, pour le territoire et pour une transition juste à partir d’une approche de rupture avec la logique du capitalisme et de ses crises, c’est-à-dire pour un projet ouvertement écosocialiste.
Lier la force des mouvements et des secteurs qui répondent aujourd’hui à la crise environnementale avec une vision radicale de ce que nous proposons est une nécessité, car il n’y a pas de demi-solutions au problème posé par le changement climatique et, à la fois, nous ne pouvons pas déconnecter l’horizon utopique des processus réels ou potentiels, c’est-à-dire avec la consolidation de cette force qui la rendrait efficace.
En ce sens, nous devons convoquer en 2021, autour de la COP 26, la mobilisation de la jeunesse luttant contre le changement climatique, des peuples autochtones et paysans qui défendent leurs territoires contre l’exploitation sauvage, et des secteurs urbains populaires et des travailleurs qui défendent les services publics : santé, transports, eau, etc. En Amérique latine et dans le reste du sud global, il est essentiel d’articuler les processus de résistance de la campagne et de la ville, la crise climatique affectera plus fortement les secteurs appauvris des deux secteurs.
Lier les revendications environnementales au mouvement des femmes au niveau continental et international est primordial car elles sont les plus mobilisées au monde et parce que la critique du capitalisme patriarcal doit articuler les violences qui s’exercent contre les territoires et les corps des femmes.
Nous avons vu au cours des deux dernières années que les appels à la mobilisation pour le climat exprimés par Greta Thunberg n’ont pas réellement eu beaucoup d’effet en Amérique latine, même si comme tous les mouvements internationaux aujourd’hui ils ont des répliques jusque dans les endroits les plus reculés de la planète . En Amérique latine, ce sont le Chili, le Brésil et le Mexique qui ont mobilisé le plus de jeunes autour de cette demande, mais ce sont notoirement des jeunes des secteurs moyens et supérieurs.
D’autre part, la logique de ce mouvement, bien qu’il soit généralement « progressiste » ou de gauche, ses initiatives, sont facilement cooptables du fait de l’influence des ONG du capitalisme vert. Le mouvement de jeunesse a eu de sérieuses difficultés à proposer une troisième voie aux gouvernements et aux entreprises vertes.
Cependant ces mouvements sont toujours contestés et nos camarades en Europe ont pris des mesures importantes pour promouvoir une perspective anticapitaliste en leur sein, puisque le caractère de ce mouvement de jeunesse n’a pas été défini auparavant, notamment parce que l’orientation de Gretha Thumberg est déroutante et de bien plus radicale que certaines de ses expressions nationales.
D’autre part, nous avons le mouvement indigène comme avant-garde de nombreuses luttes sur le continent : les Mapuches au Chili, en Amazonie au Brésil, LA CONAIE en Équateur et les indigènes en Bolivie, Colombie et Venezuela résistent, et au Mexique ils maintiennent les autonomies locales et mettre le cap sur l’Europe.
Le rôle des peuples autochtones, des paysans et des secteurs urbains organisés pour la lutte éco-socialiste repose sur le rôle radical de leur auto-émancipation, l’affront contre le système colonial et raciste que cela implique et la puissance de leurs paradigmes de vie. Bien que minoritaire par rapport à l’ensemble du mouvement social, il est le point de départ de nombreuses approches radicales que l’écosocialisme expose.
Références
https://www.cepal.org/es/comunicados/la-extraccion-mundial-materiales-se-triplico-cuatro-decadas-agudiza-cambio-climatico-la
https://www.unep.org/
https://www.cepal.org/sites/default/files/publication/files/45677/S1900711_es.pdf
https://ejatlas.org/
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