Tenir maison
Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale • Illustrations de Caroline Beaulieu
Des chiffres qui donnent la nausée. Ce sont 5000 femmes et enfants qui séjournent chaque année en maison d’hébergement, rien qu’au Québec. À l’échelle canadienne, on dénombrait 103 000 personnes admises dans des refuges pour 2009 et 2010. On croirait que la violence conjugale va en s’aggravant, que tout reste à faire. Ne serait-ce pas plutôt les femmes qui, collectivement, sont prêtes à dénoncer leur agresseur, comme nous l’ont enseigné les raz-de-marée MoiAussi, BalanceTonPorc, MeToo, Time’s Up ou NiUnaMenos ? Les femmes ne se tairont plus.
Souvent, cette sortie de la spirale de la violence passe par les maisons d’hébergement, qui forment une véritable constellation sur le territoire. Ces maisons, en plus d’accueillir, d’écouter, de soigner, d’informer et de guider les femmes et les enfants violenté·e·s, changent la face du monde. Leur existence nous rappelle à quel point le mouvement féministe a donné jour à des structures révolutionnaires, et du même souffle, combien la violence demeure l’enjeu fondamental de la lutte des femmes pour leur liberté.
Il y a 40 ans naissait un réseau de solidarités réunissant aujourd’hui 42 maisons du Québec : le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale. Pour l’édition 2019 de L’Agenda des femmes, nous leur avons tendu le porte-voix.
tu feras rimer le mot enfance avec
amour / maison / douceur / sourire / confiance...
pour qu’un jour ton enfant puisse dire
tu sais moi j’ai pas connu les cris / les coups / la peur
quand ça frappe sur la peau ou à la porte
moi j’ai pas connu ce que d’autres ont écrit
parce que chez nous quand on tombe y a toujours quelqu’un qui nous rattrape.
— Elkahna Talbi (Queen Ka)
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