Au Québec, nous baignons dans la production Hollywoodienne, qui dépasse de loin les entrées pour le cinéma québécois. Hollywood vend du rêve, du divertissement, du film catastrophe, des héros seuls contre tous, de l’action et des émotions. Parmi cette pléthore de films, comment déceler les messages politiques et le modèle de société véhiculés par des histoires souvent efficaces et passionnantes ? Cinéphile et altermondialiste, Claude Vaillancourt nous aide à décoder les liens entre le politique et l’imaginaire hollywoodien. Hollywood et la politique est un guide pour aiguiser notre œil critique, interpréter les films et leurs discours politiques.
Forgé au cœur même de l’empire américain, le cinéma hollywoodien obéit à une structure de concentration économique et financière où cinq grands studios se partagent production et distribution, et doivent être rentables pour satisfaire leurs actionnaires. En un mot, Hollywood est une industrie puissante qui carbure au capitalisme et a tout intérêt à le défendre. Le moule hollywoodien promeut les valeurs américaines de l’individualisme, la distinction entre le Bien et le Mal, le respect des institutions et le rêve américain à travers la richesse matérielle. Claude Vaillancourt classe le cinéma hollywoodien en trois grandes catégories : le cinéma du statu quo, le cinéma du questionnement et le cinéma subversif.
Le cinéma du statu quo répète le discours officiel et se distingue par son conformisme. Ce cinéma a souvent pour but de renforcer l’image des États-Unis, de son armée bienfaisante, joue sur la peur pour justifier un État fort et l’importance de la sécurité, et laisse une place de choix aux produits des commanditaires, favorisant ainsi la consommation de masse.
Le cinéma du questionnement se permet de dénoncer, mais ne remet finalement pas en cause les fondements même du système. Dans un film, le problème est dénoncé puis désamorcé, grâce à un changement de cible ou à une explication plus conjoncturelle que structurelle. Du film allégorique au charme discret de la banlieue en passant par l’éternel héros seul contre tous, les tentatives de subversion finissent par être récupérées par le conformisme hollywoodien. Enfin, il reste encore une place pour le cinéma subversif dans lequel le documentaire a joué un rôle sans précédent, notamment avec le cinéma de Michael Moore. Les liens entre l’histoire américaine et le cinéma sont également soulevés, puisqu’apparaissent clairement des changements de ton chez les réalisateurs selon les différents présidents américains.
Hollywood est ainsi une illustration des réflexions de la population américaine. Pour Claude Vaillancourt, les réalisateurs jouissent d’une certaine marge de manœuvre créatrice pour aborder des enjeux plus ou moins subversifs. Coexistent ainsi à Hollywood des films avec une véritable liberté de ton et d’autres qui obéissent aux schémas classiques et qui ont fait école. Reste une mouvance en demi-teinte qui, sous des allures rebelles, ne fait que rabâcher le discours officiel. Parmi toutes ces variantes, Hollywood et la politique aide à nous y retrouver et ainsi jouir d’un bon (ou mauvais) cinéma, sans pour autant être dupes…
CLAUDE VAILLANCOURT est romancier, essayiste, conférencier, musicien, professeur de littérature, militant altermondialiste et cinéphile depuis toujours.. Il est notamment l’auteur de Mainmise sur les services (Écosociété, 2006) et des romans Les années de bataille et L’inconnue (Québec Amérique).