Le jugement est le plus sévère que j’ai vu envers un ministre de l’Environnement et les médias sont unanimes :
La Cour supérieure du Québec vient « d’administrer une claque magistrale en arrière de la tête du ministre de l’Environnement, David Heurtel. […] Comment un ministre qui ne respecte pas sa loi peut-il exiger que des entreprises qu’il doit surveiller le fassent ? »
« Le jugement nous apprend que le processus qui a précédé la décision du ministre David Heurtel était tout, sauf raisonnable. […] La confiance dans le processus d’évaluation de ce gigantesque projet pétrolier est tombée à zéro. »
« Troublant comme comportement. »
Le PLQ a aujourd’hui refusé que M.Heurtel comparaisse en commission parlementaire pour répondre aux questions sur le sujet.
La dérive du ministère de l’Environnement
Depuis la démission de Daniel Breton, nos ministres de l’Environnement au Québec n’ont pas été à la hauteur de leur mission de protection de l’environnement (sans parler bien sûr du fédéral où des marionnettes occupent ce poste depuis 2006). Lors de son bref passage à ce poste, Yves-François Blanchet a donné l’impression d’être un « partenaire » des pétrolières.
Maintenant, nous avons en David Heurtel un ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques qui est inexpérimenté et qui doit immédiatement se ressaisir à la suite d’une série de mauvaises décisions. Parmi celles-ci, rappelons qu’il a nommé André Boisclair (chevalier des pétrolières albertaines et consultant pour les gazières schisteuses) comme conseiller spécial pour la lutte aux changements climatiques et il a autorisé le projet le plus polluant de l’histoire du Québec (la cimenterie de Port-Daniel alimentée à la coke de pétrole), et ce, sans exiger d’évaluation environnementale par le BAPE et sans savoir la quantité de gaz a effet de serre qu’il émettrait (qui sera pourtant équivalente à celle de 500 000 voitures !).
Et puis, le comble avec TransCanada qui veut faire disparaitre les bélugas...
À ce rythme, nous devrons bientôt retirer les mots « durable », « Environnement » et « Lutte contre » du nom du ministère qui ne deviendrait responsable que du « Développement et des changements climatiques »… Et si la tendance se maintient, le ministre grimpera lui-aussi dans la liste des espèces menacées, à moins d’annoncer un sérieux plan de rétablissement pour l’espèce qu’il est censé protéger.
Assumer ses responsabilités au lieu d’accuser ses fonctionnaires
Ce matin, le ministre Heurtel a même jeté le blâme sur ses fonctionnaires. « Je n’ai pas signé le certificat d’autorisation. Ça vient de la direction régionale », a-t-il lancé. Selon, Richard Perron, président du syndicat des professionnels du gouvernement, le ministre de l’Environnement « s’est caché » derrière ses employés et a abdiqué « sa responsabilité ». « Il oublie complètement le principe de responsabilité ministérielle. Il se cache derrière ses fonctionnaires, alors que ceux-ci ne peuvent pas se défendre. Ils n’ont pas le droit de lui répondre », a expliqué M. Perron.
Au lieu de blâmer ses fonctionnaires, M. Heurtel devrait assumer ses responsabilités de ministre et immédiatement rétablir la situation. Pour ce faire, il doit :
Annuler le certificat d’autorisation qu’il a émis à TransCanada et faire cesser tous les travaux préparatoires.
Soumettre le projet Énergie Est de TransCanada (pipeline et port pétrolier) au BAPE parce que de toute évidence le processus d’évaluation est actuellement vicié. Il importe d’obtenir l’avis des scientifiques experts des bélugas.
En n’exigeant pas cet avis, David Heurtel se fait complice de la censure qui a cours au fédéral et qui menace les bélugas. Malheureusement sur la question des hydrocarbures, le gouvernement Couillard fait de plus en plus penser au gouvernement Harper…
Ce que vous pouvez faire
Déjà plus de 45 000 personnes ont demandé à l’Office national de l’énergie (ONÉ) de considérer les craintes des communautés et des experts climatiques dans son évaluation du projet de pipeline Énergie Est et de son port pétrolier à Cacouna. Si la crise climatique est considéré, ce projet ne pourra pas aller de l’avant.
Joignez-vous à nous pour demander à l’ONÉ d’évaluer le projet de pipeline Énergie Est sur des bases scientifiques crédibles : http://e-activist.com/ea-action/action?ea.client.id=1847&ea.campaign.id=30627
Aidez-nous à poursuivre notre travail pour sauver les bélugas et soutenez la lutte juridique qui n’est pas terminée.
*Les organismes demandeurs sont le Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE), la Fondation David Suzuki, Nature Québec, et la Société pour la Nature et les Parcs du Canada (SNAP). Bien que n’étant pas parties au litige, le Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada), Fondation Rivières et Greenpeace soutiennent cette démarche qui s’impose en raison des impacts nuisibles et importants qu’auront les travaux sur cette espèce en déclin.