Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Québec

Grande manifestation pour les derniers kilomètres d’une marche historique de 28 jours pour le droit au logement

C’est aujourd’hui que la marche De villes en villages pour le droit au logement, organisée par le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), termine son périple de 560 kilomètres entre Ottawa et Québec. Plusieurs centaines de personnes de Québec, du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de l’Outaouais, Montréal, l’Abitibi, la Montérégie, l’Estrie, la Mauricie et du Bas-Saint-Laurent sont attendues sur les Plaines d’Abraham pour accueillir les marcheurs et marcheuses partis de la capitale fédérale le 2 septembre, et franchir à leurs côtés les derniers kilomètres jusqu’à l’Assemblée nationale. Elles demandent au prochain gouvernement québécois de reconnaître le droit au logement et de rehausser ses investissements dans le logement social.

Selon le FRAPRU, si on compte toutes les personnes qui se sont jointes aux 200 marcheurs et marcheuses, à un moment ou à un autre, que ce soit à Ottawa, Gatineau, Laval, Montréal, Châteauguay, Longueuil, Sorel-Tracy, Berthierville ou Trois-Rivières, pas moins d’un millier de personnes aura pris part à cette grande marche.

En plus des centaines d’appuis obtenus d’organisations, tant québécoises que canadiennes et internationales, en cours de route, la marche du FRAPRU a également reçu le soutien de la population, de municipalités, de maires de villages, d’organisations communautaires, syndicales et religieuses de divers horizons.

Partout, les marcheurs et les marcheuses ont entendu parler des taudis dans lesquels doivent vivre plusieurs locataires, avec peu de recours et sans alternatives. « Dans les plus grandes villes, c’est souvent le sort des personnes faible revenu vivant dans des quartiers populaires en transformation qui préoccupe ils sont poussés hors de leur milieu et loin de leurs réseaux d’entraide », précise Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU. « En milieu plus rural, nous avons rencontré des gens inquiets, entres autres pour le maintien des personnes aînées dans leur milieu », ajoute la porte-parole. Dans différentes municipalités traversées, le groupe a pu constater un manque criant de logements sociaux et pourtant l’importance du logement social pour assurer des communautés plus inclusives et durables.

Le regroupement rappelle qu’il ne se construit plus de HLM depuis le retrait du fédéral, il y a 25 ans, et que les projets des OSBL et coopératives prennent des années à aboutir en raison d’un financement gouvernemental insuffisant et de contributions trop importantes exigées des communautés les plus pauvres.

« Nous connaissons les statistiques, notamment que 195 635 ménages locataires du Québec doivent consacrer plus de la moitié de leur revenu pour se loger, au détriment de leurs autres besoins essentiels ; mais pendant ces 28 jours, nous avons vu ce qui se cache derrières ces chiffres », poursuit Véronique Laflamme. Selon le FRAPRU, ce sont autant de gens qui devraient avoir accès dès maintenant à un logement convenable, à un coût qu’ils peuvent payer sans se ruiner.

Selon le regroupement, le logement social, sous ses différentes formes (coopérative, sans but lucratif ou public), est la seule solution durable, car il assure des loyers respectant la capacité de payer des ménages et une sécurité d’occupation. « Cette marche a renforci la conviction de nos membres qu’il faut faire plus pour améliorer les conditions de logement des ménages mal-logés », explique Véronique Laflamme.

Le FRAPRU se désole que, malgré tous ses efforts et l’ampleur des appuis recueillis, on ait fait peu de cas des enjeux de logement durant la campagne électorale. À son avis, les principaux partis politiques aspirant à gouverner le Québec ont des engagements nettement insuffisants. Le regroupement pour le droit au logement est particulièrement insatisfait de la réponse reçue de la Coalition Avenir Québec, qui ne s’engage pas à en financer de nouveaux durant son mandat.

Le FRAPRU, pour sa part, revendique 50 000 nouveaux logements sociaux en 5 ans et l’amélioration du programme AccèsLogis, par ailleurs promise par le gouvernement sortant, mais laissée lettre morte. Il demande que ces investissements permettent la réalisation de logement social universellement accessible et adaptable pour les personnes en situation de handicap. En plus de la reconnaissance formelle du droit au logement, il demande aussi l’adoption d’un code provincial du logement, un contrôle obligatoire des loyers ainsi que des investissements supplémentaires de 30 millions $ pour le soutien communautaire dans les OBNL d’habitation, afin d’assurer l’accompagnement des locataires les plus vulnérables, comme ceux et celles ayant vécu l’itinérance.

Même si les problèmes de logement sont importants, le FRAPRU estime que la société québécoise a les moyens d’y mettre un terme et qu’il ne manque que la volonté politique de le faire. « Québec engrange des surplus budgétaires importants, pourrait aller chercher plusieurs milliards de dollars supplémentaires en adoptant quelques mesures fiscales plus progressives et le fédéral annonce des investissements importants dans le logement, chose qu’on n’a pas vu depuis des décennies », conclut Véronique Laflamme. Selon elle, la détermination des marcheurs et des marcheuses qui ont accomplit le défi de parcourir les 560 km, dans des conditions parfois difficiles, est exemplaires et devrait inspirer les partis politiques à faire preuve de davantage de courage politique

À la veille de la Journée mondiale de l’habitat, le FRAPRU interpelle également le gouvernement canadien afin qu’il fasse preuve de plus d’ambition dans les politiques découlant de sa Stratégie sur le logement et surtout, qu’il accélère les investissements promis. À l’instar de près de 200 organisations à travers le Canada, le FRAPRU lui demande de reconnaître également le droit au logement dans la loi qu’il prévoit déposer cet automne.

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