Tiré de L’Humanité, France.Mise à jour le dimanche 3 mars 2024 à 17h05
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Par Axel Nodinot <https://www.humanite.fr/auteurs/axe...> ,
Voici bientôt cinq mois que la terreur règne sur Gaza. Déplacées sur la côte méditerranéenne après avoir fui les bombardements sur Gaza City, Khan Younès et Rafah, les familles palestiniennes sont en proie au dénuement le plus total. « Les civils désespérés de Gaza ont besoin d’une aide urgente, y compris ceux du Nord, où les Nations unies n’ont pas été en mesure de fournir de l’aide depuis plus d’une semaine », déplorait Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU.
Sur la petite bande de terre palestinienne occupée par l’armée israélienne et soumise à un blocus depuis 2007, de plus en plus d’enfants meurent désormais de faim ou de déshydratation, 16 rien que ces derniers jours, selon le ministère de la Santé du Hamas. La famine est /« quasiment inévitable »/ alerte Jens Laerke, porte-parole de l’agence de coordination des affaires humanitaires des Nations unies. Les civils en sont réduits à manger du fourrage, destiné aux bêtes, et à boire de l’eau croupie, tandis que les quelques hôpitaux encore debout ne peuvent soigner que les cas les plus graves.
*Une trêve en discussion au Caire*
Ces privations inhumaines ont atteint un nouveau sommet dans la nuit du mercredi 28 février . Alors qu’un des trop rares camions d’aide humanitaire arrivait à Gaza City, l’escorte de soldats israéliens, se sentant « menacée » par des femmes et des hommes qui avaient seulement faim, a ouvert le feu sur la foule. Au moins 118 personnes y ont trouvé la mort et environ 760 autres ont été blessées, bien souvent « par balles », comme l’ont confirmé les services onusiens. Un « nouveau carnage » perpétré par Israël en Palestine, de l’aveu de Josep Borrell, vice-président de la Commission européenne.
Conforté par les États-Unis et leurs alliés, Benyamin Netanyahou refuse le cessez-le-feu . Le premier ministre israélien entend poursuivre ses opérations sanglantes dans la bande de Gaza, qu’importe le « risque de génocide » pointé du doigt par la Cour de justice internationale. Bien qu’insuffisante car temporaire, une trêve est toutefois négociée par les diplomates qatariens, égyptiens et états-uniens, réunis au Caire ce week-end. Cet arrêt des combats serait d’une durée de six semaines. Le président américain Joe Biden a souhaité publiquement sa mise en place durant le mois de ramadan, qui débutera le dimanche 10 mars.
Toujours selon Washington, Israël aurait accepté certaines conditions de cette trêve , qui permettrait la libération de 42 otages du Hamas et de prisonniers palestiniens. L’organisation palestinienne a aussi demandé « le retour dans le nord de Gaza des Palestiniens déplacés et une augmentation de l’aide humanitaire », de l’ordre de « 400 à 500 camions par jour », a déclaré à l’AFP l’un de ses responsables. Une centaine d’otages seraient encore retenus à Gaza et environ 7 000 Palestiniens, parfois mineurs, sont enfermés dans les prisons israéliennes.
*L’UE débloque 50 millions pour l’UNRWA*
En attendant un accord entre les belligérants qui serait synonyme de répit pour les familles gazaouies, l’aide humanitaire se fait au compte-gouttes. Des files de camions stationnent toujours devant les postes-frontières – 80 par jour sont autorisés à entrer – et 66 colis contenant quelque 38 000 repas ont été largués par voie aérienne par la Jordanie, la Belgique et les États-Unis.
Mais ces denrées « ne peuvent pas se substituer à la nécessaire entrée de l’aide par autant de voies terrestres que possible », a rappelé un haut responsable américain, après que Joe Biden a affirmé « insister auprès d’Israël pour qu’il facilite l’entrée de davantage de camions ». Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a pointé le fait que « les responsabilités sur le blocage de l’aide sont clairement israéliennes ».
La meilleure nouvelle quant à l’aide humanitaire vient sûrement de l’Union européenne, qui a décidé de renouveler sa confiance – sous conditions – à l’UNRWA , l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine. L’agence est sous pression depuis qu’Israël a affirmé que certains de ses employés avaient participé aux attaques du 7 octobre 2023 qui ont fait 1 140 morts. Mais les Vingt-Sept ont décidé, ce vendredi, de débloquer 50 millions d’euros, 32 millions restants pour compléter le montant initial de l’enveloppe 2024 dédiée à l’UNRWA.
Face à l’ampleur du massacre et à l’horreur des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, les appels au cessez-le-feu immédiat et permanent se font de plus en plus nombreux. « Assez, s’il vous plaît, arrêtez ! » a imploré le pape François au cours d’une prière, ce dimanche. Des manifestations continuent de se dérouler aux quatre coins du globe, alors que 30 410 personnes ont été tuées par l’armée israélienne depuis le 8 octobre. Mais la trêve, impérative, ne doit être qu’une première pierre sur laquelle construire une paix durable.
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