11 septembre 2024 | Salle de presse de l’Assemblée nationale
M. Bouazzi : Moi, je vais vous parler, sans surprise, du projet de loi n° 69. Hier soir, vous avez probablement entendu parler de chats. Bien, hier, M. Sabia nous a sorti un chat de son sac. Il nous a dit ce qu’on savait, évidemment, depuis longtemps, c’est que M. Fitzgibbon a distribué des mégawatts aux multinationales étrangères et pas aux industries locales, aux PME locales, et pas pour la décarbonation de notre économie.
C’est quelque chose qu’on voyait venir depuis longtemps. La P.D.G., rappelez-vous... on va faire la genèse, rapidement, là, la P.D.G. d’Hydro-Québec, à l’époque, Sophie Brochu, avait dit à peu près la même chose en disant qu’il ne fallait pas transformer le Québec en Dollarama de l’économie. La première chose qu’a faite le ministre démissionnaire Fitzgibbon, c’était le projet de loi n° 2 où il s’est donné des droits absolument énormes de distribuer des mégawatts sans aucun contre-pouvoir, sans critère public, sans... tout seul, là, de son... du haut de son... de sa grosse puissance, il a distribué 2 500 mégawatts, l’équivalent de deux fois La Romaine. On se rend compte, ça a pris 11 ans à construire La Romaine. Et puis ensuite, bien, il est tout simplement parti.
On a aussi eu un spécialiste hier, M. Pineau, qui nous a dit que les chances qu’Hydro-Québec, en 26 ans, construise ce qu’elle a mis sur papier étaient exactement de zéro.
On voit que le débat est important. L’ère de Fitzgibbon devrait être derrière nous. La ministre doit choisir un camp. Ça ne peut pas être celui du bilan de M. Fitzgibbon, ça doit être celui du dialogue.
On a envoyé une lettre hier qui demandait que... de rallonger de seulement une semaine les maigres deux semaines de consultations qu’on avait sur le projet de loi pour avoir des groupes comme l’IRIS, comme des Premières Nations, comme Greenpeace, qui ont demandé, cet été, de participer à cette commission, pour être ajoutés. Et puis on espère qu’elle va justement montrer que les choses changent et qu’il y a plus de débats et de dialogue. Parce que je tiens à vous dire que, s’il y avait eu un débat sur les deux dernières années, eh bien, avant de distribuer les mégawatts, on aurait vu que c’était une grosse erreur.
Journaliste : M. Legault, hier, en disant que, lui, son seul critère pour attribuer de l’énergie, c’est des emplois payants, il ne parle pas de décarbonation, là. Donc, qu’est-ce qui vous fait croire que les choses vont changer avec le départ de M. Fitzgibbon ? On comprend que le premier ministre, lui, la décarbonation, ça ne fait pas partie des critères pour allouer des... de l’énergie.
M. Bouazzi : Bien, c’est là où la ministre doit effectivement montrer qu’elle a un minimum de poids. Ce n’est pas une petite responsabilité. Et effectivement la crise climatique bat son plein : les feux de forêt, les inondations, les coups de chaleur, les réfugiés climatiques. Je veux dire, c’est sérieux. La fenêtre est en train de se fermer. Ça fait que nous, on va faire pression. On est persuadés que, si on a un vrai débat national, non seulement ce gouvernement-là entendra raison, mais aussi il y aura de l’acceptabilité sociale pour les changements. C’est la chose à faire pour nous, pour nos enfants, pour les enfants de Mme Fréchette et pour le Québec. Ça fait qu’on reste... on reste quand même... On espère qu’elle a un certain poids, là.
Journaliste : C’est quoi, les changements ?
M. Bouazzi : Bien, d’abord, aujourd’hui, ce projet de loi ne répond pas aux questions principales. Par exemple, celle qu’a posée M. Sabia hier, qui est que l’électricité... qui on doit prioriser au Québec, à qui on doit donner l’électricité. Ce projet de loi n’y répond pas. Combien de litres... de mètres cubes de gaz on va enlever ?
Journaliste : ...M. Sabia a dit, ça, c’est Hydro-Québec, là. Québec solidaire...
M. Bouazzi : Non, ce n’est pas Hydro-Québec.
Journaliste : Québec solidaire, c’est quoi, vos priorités ? Qui on priorise, là ? Est-ce qu’on coupe les grosses industries ? On fait perdre des emplois dans des régions du Québec puis on coupe l’amiante... pas l’amiante, on coupe l’aluminium, on coupe le fer, on aide la PME qui veut agrandir... Québec solidaire, où vous voulez couper, vous autres, là ?
M. Bouazzi : Ça, c’est le projet de la CAQ actuellement. (...) ...on ne coupe pas... on ne coupe pas dans les industries locales, et c’est bien pour ça qu’on a besoin d’un débat national. C’est parce qu’on priorise des compagnies comme Northvolt, à qui on a donné 1 million et demi la job de subventions, 1 million et demi la job de subventions, plutôt que se demander comment on va faire survivre nos industries en région et les aider à décarboner.
Donc, bien sûr que le projet de la CAQ, comme il est parti à se dire : Moi, je priorise les jobs à 50 $, sans aspect de la décarbonation, sans aspect du développement économique régional et puis de sauver les jobs qui sont déjà là, qui, pour beaucoup d’entre elles, sont des jobs payantes, c’est une erreur terrible, terrible pour la suite.
Journaliste : Est-ce qu’à entendre les remarques de Sabia hier on ne peut pas comprendre justement qu’il y avait un conflit qui s’était dessiné de façon assez ouverte entre M. Fitzgibbon et M. Sabia, ce qui pourrait expliquer le départ de M. Fitzgibbon ?
M. Bouazzi : La remarque de M. Sabia hier est profonde, elle est importante, elle est sur des investissements énormes en énergie qui ont été distribués à des multinationales plutôt qu’aux industries locales pour les décarboner. Je pense que les batailles entre ego, etc., sont très peu intéressantes devant le fond des choses, parce que c’est important, c’est Hydro-Québec. Je veux dire, le projet de loi qui est devant nous ouvre la porte à des pans de privatisation de notre production et notre distribution d’électricité...
Journaliste : ...pas une question d’ego, là. Je veux dire, il était question de deux enjeux puis deux visions qui semblaient complètement différentes puis...
M. Bouazzi : C’est possible, c’est possible. C’est... Évidemment, ce qui a été dit par M. Sabia et ce qui a été dit... fait par M. Fitzgibbon sont des choses tout à fait opposées. De la même manière qu’il s’est opposé à madame... à l’ancienne P.D.G. d’Hydro-Québec. La vision de M. Fitzgibbon, c’était de ne pas prioriser la décarbonation et de distribuer des mégawatts à des multinationales étrangères. Et puis on voit aujourd’hui que c’est plutôt compliqué avec Northvolt. Ça fait que c’est une vision de développement économique, franchement, des années 70, là : Venez prendre notre électricité pas chère, alors qu’elle coûte beaucoup plus cher en 2024. Rendez-vous compte, là, en moyenne, on leur vend à 0,057 $ le kilowattheure, alors que la nouvelle électricité nous coûte 0,11 $ du kilowattheure. C’est qui qui paie pour la différence ? Bien, ça va être vous et moi. C’est ça, la réalité. Il nous l’a dit après avoir distribué les mégawatts. C’est ça, le style Fitzgibbon. La fameuse honnêteté de M. Fitzgibbon, bien, c’est de l’arrogance, puis aussi avoir utilisé l’électricité des Québécois sans leur dire ce qu’il allait en faire. Et puis après, bien oui, on va payer le prix. Il faut que ça s’arrête, là.
Journaliste : Juste pour bien comprendre votre position, M. Bouazzi, Hydro-Québec a établi à 75 % les mégawatts qu’elle... qu’il voulait allouer aux entreprises... en décarbonation des entreprises, contre 25 % pour le... la croissance économique.
M. Bouazzi : Exact.
Journaliste : Est-ce que c’est un chiffre auquel vous vous identifiez ? Puis est-ce que, pour bien comprendre, vous voulez l’inscrire dans la loi ?
M. Bouazzi : Donc, M. Fitzgibbon a distribué déjà le tiers de ce 25 % là et zéro pour le 75 % pour décarboner. C’est ça... Actuellement, on est dans du 100 % du 25 % dont vous parlez...
Journaliste : ...M. Fitzgibbon, il est parti.
M. Bouazzi : Bien, il faut absolument... il faut absolument prioriser la décarbonation, évidemment, et il faut inscrire dans la loi la décarbonation. Il y a beaucoup de groupes qui sont venus nous le dire, que ça devait être... Je veux dire, il n’y a même pas l’objectif de décarboner d’ici 2050 dans cette loi-là. Ça fait qu’évidemment il faut prioriser la décarbonation. Et c’est ce qui fait qu’on va sauver des jobs parce que, dans pas longtemps, économiquement, et on commence à les voir à la barrière, là, la quantité de CO2 associée aux biens que tu paies va être un coût associé aux douanes et puis aux échanges économiques internationaux. Ça fait qu’il va falloir investir tout de suite dans notre économie pour la décarboner parce que, sinon, bien, on ne pourra même pas la vendre à l’étranger, là. Ce n’est pas juste... Ce n’est pas juste une question de sauver la planète, c’est aussi une question de survie économique, là.
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