Édition du 17 septembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Bock-Côté et les sandwiches au jambon

« Ventre affamé n’a pas d’oreilles », dit la maxime. Mais il y a aussi ceux qui n’ont pas d’oreilles pour les ventres affamés. Dans sa chronique du Journal de Montréal du 6 septembre 2024, intitulée « Les lunchs de Québec solidaire et l’État-nounou », Mathieu Bock-Coté s’insurge contre la proposition voulant que « chaque enfant devrait avoir droit à un repas gratuit à l’école ».

Tiré de l’Aut’ Journal.

Bien sûr, il reconnaît qu’il est scandaleux qu’un « enfant sur cinq se présenterait à l’école le ventre vide ». Mais c’est un scandale qui n’émeut pas beaucoup le « Gros Joufflu ». Aucune compassion pour cet abonné aux meilleures tables parisiennes et qui, récemment, organisait avec la revue d’extrême-droite française L’incorrect des visites guidées de Rome avec la promesse de « partager un gueuleton mémorable en compagnie de gens proches de vos idées ».

Pour justifier son opposition, il aligne deux raisons. La première est morale. La responsabilité incombe aux parents de « nourrir leur marmaille », lance-t-il. On veut bien, mais que doit faire l’enseignante qui se trouve devant des enfants affamés dont les parents sont irresponsables, déficients mentaux, drogués ou dans une pauvreté extrême ? Appeler la DPJ ?

Touche pas à mon portefeuille

L’autre raison invoquée est qu’un programme universel devrait être payé par l’impôt. Quel malheur pour le portefeuille de celui dont la rumeur veut qu’il encaisse plus d’un million de dollars par année pour ses innombrables chroniques dans les médias écrits, radiophoniques et télévisuels tant en France qu’au Québec !

« Gros portefeuille » est férocement contre l’instauration d’un régime universaliste – et, de façon générale l’État-providence – parce qu’il va de pair avec un régime d’imposition progressiste qui pige dans la poche des plus riches et exempte les plus pauvres. Pas question pour lui de payer pour ces pauvres, surtout, comme nous allons le voir, s’ils ne mangent pas de sandwiches au jambon !

Les sandwiches au jambon

Devant la levée de boucliers, MBC a pondu une deuxième chronique (10 septembre 2024) dans laquelle il se transforme en chef cuisinier, commandité par l’industrie du porc, en s’indignant que « le sandwich au jambon peut aujourd’hui faire scandale » pour les musulmans, les végétariens et les élèves souffrant d’allergies alimentaires. Aussi, il en déduit qu’un programme de repas gratuits pour l’ensemble des élèves serait « impraticable ».
On peut se demander comment font nos hôpitaux pour nourrir les patients de la « diversité ». Une petite recherche Internet permettrait à notre chef cuisinier un accès à une multitude de menus appropriés.

« Gros jambon » pourrait également faire appel à Riccardo pour les menus et consulter le projet de Lab-écoles dont il était un des promoteurs. Le projet a proposé 160 projets d’écoles primaires, mais à peine six ont été retenus, avant que Legault ne mette la hache dans le projet dans le cadre de sa politique d’austérité, qui ne dit pas son nom.

Le projet de Lab-écoles avait comme objectif de « permettre que chaque enfant ait accès à des repas quotidiens à l’école, le matin et le midi, pour favoriser la persévérance et la réussite scolaires. » Il voulait offrir aux enfants des écoles des « environnements et des contextes favorables à l’adoption d’attitudes positives envers les aliments, à l’acquisition de connaissances alimentaires et nutritionnelles, ainsi qu’au développement de compétences culinaires. » Il avait pour but de « positionner la littératie alimentaire comme priorité d’action contribuant ainsi à la réussite éducative de l’ensemble des élèves ».

Mais « la réussite éducative de l’ENSEMBLE DES ÉLÈVES » est la dernière des préoccupations de MBC, qui est un ardent défenseur du système élitiste des écoles privées.

Le gros Bock-Coté, y’é parfa !

L’omniprésence de MBC dans tous les médias de Québecor rappelle un sketch mémorable des Cyniques au cours des années 1960, dans lequel ils se moquaient de Télé-Métropole et de son animateur-vedette Réal Giguère.

Chaque fois qu’il y avait un « trou » dans la programmation, Marc Laurendeau, qui personnifiait le réalisateur, disait : « Passe le gros Giguère, y’é parfâ ! »

Aujourd’hui, en comptant les présences de MBC, on a l’impression que la direction de Québecor dit : « Passe le Gros Bock-Côté, y’é parfa ! »

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