Hebdo L’Anticapitaliste - 603 (17/02/2022)
Plusieurs incidents ont démontré, la semaine dernière, les problèmes des Républicains. Tout d’abord, le Comité national républicain (RNC) s’est réuni et a pris position sur l’insurrection du 6 janvier 2021 et l’enquête menée par la Chambre des représentants des États-Unis. Le RNC a voté la censure de deux Républicains, Liz Cheney et Adam Kinzinger, pour avoir « participé à une persécution menée par les Démocrates contre des citoyens ordinaires engagés derrière un discours politique légitime ». La censure extraordinaire de ses propres membres et le langage qualifiant l’insurrection de « discours politique légitime » ont choqué des politiciens des deux partis et une grande partie du public.
Le spectre du 6 janvier 2021
Mitch McConnell, leader républicain du Sénat américain, qui a évité tout conflit avec Trump, a vivement réagi au RNC, décrivant le 6 janvier comme une « insurrection violente dans le but d’essayer d’empêcher le transfert pacifique du pouvoir. » Trump a immédiatement déclaré : « Mitch McConnell ne parle pas au nom du Parti républicain, et ne représente pas l’opinion de la grande majorité de ses électeurs. » Ce dernier point est vrai. Plus de 70 % des électeurs républicains pensent que l’élection de 2020 était frauduleuse et que Trump devrait être président. Trump a été acclamé, lors des rassemblements, lorsqu’il a déclaré qu’il gracierait les personnes condamnées et emprisonnées pour leur rôle dans l’insurrection, comme certains l’ont été.
Les mêmes jours que la réunion du RNC, l’ancien vice-président Mike Pence, qui a servi avec Trump et était considéré comme son chien de compagnie, a pour la première fois rompu avec son ancien maître. Trump a affirmé que Pence, qui a supervisé le vote du collège électoral, aurait pu et dû déclarer Trump vainqueur de l’élection de 2020. S’exprimant devant la Société fédéraliste conservatrice de Floride, Pence a déclaré : « Le président Trump a tort. Je n’avais pas le droit d’annuler l’élection. La présidence appartient au peuple américain et au peuple américain seul. Et franchement, il n’y a pas d’idée plus anti-américaine que celle selon laquelle une personne pourrait, seule, choisir le président américain. »
Le Convoi de la liberté
Les Républicains ne sont pas seulement divisés sur Trump, mais aussi sur la crise ukrainienne dans la foulée du renforcement massif des troupes de la Russie aux frontières de son voisin. En tant que président, Trump avait exprimé son admiration pour le leader autoritaire et de droite russe Vladimir Poutine et, tout en couvrant la Russie, Trump a malmené le président ukrainien Volodymyr Zelensky pour tenter d’obtenir des informations sur les transactions commerciales ukrainiennes de Hunter Biden, le fils de Joe Biden. Il n’est pas surprenant que certains Républicains aient adopté l’attitude pro-russe de Trump, si bien qu’aujourd’hui, alors que certains Républicains demandent à Biden de prendre des mesures plus fermes contre la Russie, d’autres soutiennent que la Russie est injustement persécutée.
Le convoi canadien pour la liberté, les manifestations d’extrême droite contre l’obligation vaccinale qui ont occupé et paralysé plusieurs villes et bloqué des ponts internationaux, entraînant la fermeture de plusieurs usines automobiles, ont également divisé les Républicains, qui sont habituellement de farouches défenseurs des entreprises et de puissants opposants à la contestation sociale. Mais un certain nombre de législateurs républicains, comme le sénateur du Texas Ted Cruz et le gouverneur de Floride Ron DeSantis, se sont ralliés au Convoi de la liberté, qui indique à la droite comment montrer ses muscles.
Les Démocrates, les progressistes et la gauche sont ravis de voir les dirigeants républicains se battre entre eux et espèrent que cela affaiblira leur parti, mais le mouvement continu vers la droite de Trump, de nombreux dirigeants républicains et de la base du parti, y compris ses partisans blancs de la classe ouvrière, reste un énorme problème. L’élection de Démocrates peut ralentir les choses, mais la gauche au Canada et aux États-Unis a besoin de son propre équivalent du convoi de la liberté pour apporter un changement politique.
Traduction J.S.
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