« Onkalo » signifie cavité en finnois. Une cachette, autonome, stable et protégée de toute intrusion humaine future où les déchets radioactifs pourront être stockés. Le chantier a commencé en 2004 et peut durer jusqu’à deux siècles.
Cet espace du sud-ouest de la Finlande a été choisi pour sa roche et sa géologie considérées comme stables.
Sa mission : prendre la relève des solutions temporaires de stockage actuelles et creuser le tombeau du feu et de l’énergie de notre civilisation. En dehors du documentaire de Michael Madsen, Onkalo a été peu médiatisé.
« Se souvenir d’oublier »
Politiciens, théologiens mais aussi les ingénieurs du chantier sont tour à tour interrogés dans le documentaire sur la manière de garantir l’harmonie du projet avec son environnement, et surtout d’en protéger les espèces vivantes et humaines qui existeront sur terre dans 100 000 ans. Au-delà du défi technique, comment assumer un tel legs ?
Les responsables de recherche se donnent pour mission de communiquer sur l’idée que c’est un endroit de danger, dont il faut rester éloigné.
Ils réfléchissent notamment autour de la peinture « Le Cri » d’Edvard Munch, à la façon technique, architecturale et symbolique d’exprimer la négativité de cet espace, mais aussi à des barrières qui nécessitent des compétences technologiques (voir la vidéo Onkalo).
Les politiques penchent pour l’installation de « marqueurs » qui signifieront le site par des pierres runiques par exemple, gravées de messages en différentes langues et pictogrammes. Mais comment s’assurer qu’ils seront compris ? Les langues, les symboles changent, l’espèce humaine aussi.
Etablir des marqueurs en surface du site implique d’attirer l’attention, alors que tout l’objectif des chercheurs est d’éviter à tout prix l’intrusion humaine. Nous ne savons pas, en 2011, comment pourraient être interprétés les déchets et le lieu. Trésor, tombeau, sanctuaire ? Les capsules radioactives, des monnaies d’échange ?
Une solution que les chercheurs du projet étudient : créer une légende mythe, une histoire suffisamment forte et symbolique, qui puisse être comprise intuitivement pendant très longtemps. Jorge Luis Borges, poète et écrivain argentin, aurait sûrement aimé relever ce défi littéraire. Mais à l’heure d’une menace nucléaire dont nous savons si peu, Onkalo sonne comme un bien sombre tombeau.
Bande-annonce du film (en anglais seulement) : http://www.youtube.com/watch?v=qoyKe-HxmFk