En tête de liste des priorités, la CSN demande aux partis de s’engager à prolonger les aides aux travailleuses et aux travailleurs toujours affectés par la pandémie et à procéder rapidement à une réforme en profondeur de l’assurance-emploi afin de colmater les nombreuses brèches du programme, largement mises au jour lors de la pandémie.
« Les partis doivent s’engager clairement à régler, une fois pour toutes, le problème du "trou noir", cette période où une personne au chômage, ayant souvent un emploi saisonnier, a épuisé ses prestations d’assurance-emploi sans avoir été en mesure de retrouver un emploi. Celui-ci affecte un trop grand nombre de travailleuses et de travailleurs, indique la présidente de la CSN, Caroline Senneville. Cette réforme devra également garantir l’admissibilité au programme des personnes travaillant à temps partiel, tout comme l’accès des travailleuses et des travailleurs autonomes, notamment celles et ceux travaillant dans l’industrie culturelle, grandement affectée par la crise. »
Urgence climatique
Sur le plan environnemental, les partis politiques doivent répondre à l’ampleur de la crise du climat. « Les tergiversations et les demi-mesures ont déjà trop duré, et le prochain gouvernement devra se doter d’un plan d’action en matière de lutte contre les changements climatiques qui permettra d’atteindre les cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre recommandées par la communauté scientifique. Les solutions, on les connaît : accélérer les investissements en transport collectif, développer et adopter des énergies propres, instaurer une stratégie de rajustement des prix carbone à la frontière, une élimination des différentes formes de subventions à l’industrie pétrolière et assurer une transition énergétique qui soit juste pour les travailleuses et les travailleurs ainsi que les communautés », soutient Caroline Senneville.
Droits du travail
En matière de droit du travail, la CSN exige des partis qu’ils s’engagent à garantir le droit des travailleuses et des travailleurs québécois à travailler en français, à instaurer des mesures anti-briseurs de grève et à bonifier les normes fédérales de santé et de sécurité au travail, particulièrement à l’égard du retrait préventif des travailleuses enceintes ou qui allaitent. Le gouvernement devra également adopter des mesures législatives visant une meilleure protection des droits des travailleurs migrants et de leurs familles.
Mesures sociales, culturelles, économiques et fiscales
Devant la hausse constante des coûts reliés au réseau de la santé et des services sociaux, et puisque le Canada reste le pays le moins endetté du G7, la CSN demande une hausse des transferts fédéraux en santé afin que la contribution fédérale atteigne 35 % des dépenses ainsi qu’une augmentation des transferts en matière de programmes sociaux afin que ceux-ci retrouvent le niveau qui prévalait en 1994-1995. « Nous avons également fait de la mise en place d’un régime d’assurance médicaments public et universel notre cheval de bataille, et ce, depuis un bon moment. Il n’est pas normal que l’actuel système mixte au Québec laisse tant de gens de côté et coûte si cher », ajoute Mme Senneville.
Le gouvernement fédéral peut également jouer un rôle plus actif afin de soutenir et de stimuler les entreprises canadiennes. Ainsi, la CSN attend des partis politiques des engagements concrets à protéger les industries québécoises face à la montée du protectionnisme américain, en particulier dans les secteurs de l’aluminium et du bois d’œuvre. La centrale syndicale s’attend aussi à une stratégie industrielle pour favoriser la relance manufacturière, notamment dans les secteurs stratégiques comme l’industrie pharmaceutique. La CSN demande aux partis de s’engager sans délai à intégrer la Davie, le plus grand chantier naval au Canada, au sein de sa Stratégie nationale de construction navale.
Les géants de l’industrie numérique doivent également être mieux réglementés de façon à garantir le plein épanouissement de la culture québécoise et francophone ; les plateformes numériques doivent rémunérer à sa juste valeur l’industrie des médias traditionnels pour le contenu d’information qui y circule. Le gouvernement doit accroître le financement dans le domaine de la culture, prolonger et bonifier le crédit d’impôt sur la masse salariale journalistique.
Enfin, la CSN demande aux partis politiques d’exposer les moyens qu’ils préconisent afin de reconnaitre pleinement le droit à l’autodétermination des peuples autochtones, de favoriser leur plein épanouissement social, économique et culturel et de mettre en œuvre les recommandations de la Commission de vérité et de réconciliation ainsi que celles du rapport de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées.
Certaines des demandes CSN sont réalisables à coût nul, alors que d’autres exigent des investissements plus importants. « Ça tombe bien, de nouvelles sources de revenus sont à la portée du gouvernement fédéral, notamment par la mise en place d’une taxe temporaire sur les services numériques tout d’abord, par un appui à la réforme fiscale internationale visant les multinationales ensuite, et surtout en mettant fin à la possibilité, pour les entreprises, de rapatrier des dividendes en franchise d’impôts à partir de paradis fiscaux. Les revenus potentiels ne manquent pas : ce qui manque c’est la volonté politique », conclut la présidente.
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