Mais quand les artistes comprendront-ils qu’ils doivent cesser de ne parler que d’eux-mêmes (de la valeur de la culture, des besoins, etc.) pour interpeller avec beaucoup plus de nerf les partis et les gouvernements sur ce cadre financier supposément si restreint ? Car c’est lui qui sert à justifier l’inaction des gouvernements en matière culturelle.
À une conférence de presse du PQ dimanche dernier, les intervenants du milieu culturel ont raté une belle occasion alors qu’André Boisclair a à son tour invoqué les limites des finances publiques. Pas un mot n’a été prononcé pour remettre cela en question. Pourquoi ne pas l’avoir d’abord félicité pour l’attaque qu’il a menée au débat des chefs contre Jean Charest qui soutient non seulement l’abolition de la taxe sur le capital mais qui est prêt à céder 350 millions $ aux banques et aux compagnies d’assurances ?
Pourquoi ne pas l’encourager, ainsi que les autres chefs de partis, à aller dans cette direction en exigeant que l’État aille chercher l’argent qui s’échappe à pleines portes de ses coffres ? Pourquoi ne pas parler de la nécessité d’un retour à un impôt vraiment progressif au Québec ? Pourquoi ne pas proposer une taxe sur les produits de luxe ou les produits polluants ? Pourquoi ne jamais parler des revenus de l’État ?
Tant que cette attitude va caractériser la lutte des artistes, je crains bien que leurs revendications ne conduisent qu’à peu de chose, en les laissant toujours un peu à l’écart des grands débats de société. C’est très dommage.
Catherine Caron
Montréal