Tiré du site de Ensemble.
D’un point de vue tactique, les choses seront compliquées. Les sondages donnent l’indépendance et le maintien proches l’un de l’autre, pas un soutien majoritaire à l’indépendance. La première ministre britannique va avoir la possibilité de choisir la date du vote et les options proposées (pas forcément « oui ou non » à l’indépendance, elle peut introduire des choix intermédiaires). Et bien sûr, il y aura une propagande très importante en faveur du maintien de l’Écosse dans le Royaume-Uni. En outre, si 62% des Écossais-e-s ont voté pour le maintien dans l’UE, un tiers environ des partisan-e-s de l’indépendance ont voté pour la sortie ; défendre l’indépendance sur la base du maintien dans l’UE n’est pas une voie royale.
Politiquement, lier indépendance et maintien dans l’UE pose évidemment problème. Le projet du SNP, et de la majorité du mouvement indépendantiste, est plutôt libéral, et très pro-UE. Si le SNP était plutôt plus à gauche que le Parti travailliste d’avant l’arrivée de Corbyn, sa politique quand il est au pouvoir localement (et régionalement) et ses priorités de campagne ne dessinent pas une indépendance « pour celles-ceux d’en bas ». La Scottish Independence Convention, front très large pour l’indépendance (SNP, Verts, gauche radicale, assos diverses, patronat pro-indépendance) a adopté un communiqué défendant le lien avec l’UE et un projet socialement insipide. La campagne indépendantiste de gauche radicale (Radical Independence Campaign) va être relancée, et le Parti socialiste écossais (SSP) a publié un communiqué soutenant l’indépendance, critiquant la tactique et le projet du SNP, et posant les bases d’une campagne indépendantiste de gauche (déclaration de son porte-parole) ; le SSP avait fait campagne pour le maintien dans l’UE (comme moindre mal), mais refuse de mener une campagne liant indépendance et appartenance à l’UE.
Le Parti travailliste est opposé à l’indépendance de l’Écosse, une position qui est majoritaire y compris dans sa gauche et dans le mouvement autour de Corbyn ; il est en très forte chute depuis plusieurs années en Écosse, et devrait encore y reculer aux élections locales de mai.
Brexit
La loi permettant à la Première Ministre de déclencher le processus de sortie de l’UE avait été votée en première lecture à la Chambre des Communes le mois dernier. La Chambre des Lords, qui a tendance à s’opposer un peu au gouvernement en ce moment, avait amendé la loi pour garantir les droits des citoyen-ne-s européen-ne-s résidant au Royaume-Uni et pour imposer un vote du Parlement britannique à l’issue des négociations avec l’UE. La Chambre des Communes vient de l’étudier en deuxième lecture et a rejeté les amendements des Lords. Donc on reste sur le scénario d’origine : un Brexit où rien n’est garanti, à part que c’est le gouvernement conservateur qui est aux commandes. Le processus de sortie devrait être lancé fin-mars, ouvrant la longue période de négociations entre le gouvernement britannique et l’UE.
L’article publié sur le site le mois dernier, après le vote en première lecture, reste donc largement valable.