Quant à son directeur, Mario Girard, il est bien connu du milieu des affaires de Québec. Il se trouve être l’ami personnel du maire Labeaume avec lequel il a fondé dans le passé « La Fondation de l’entrepreneurship ». Et depuis cette année, il est devenu le président du Festival d’été de Québec, une institution fleuron de la ville de Québec. La mairie dispose par ailleurs d’une représentante de la ville sur le conseil d’administration du port, Marie France Poulin.
Des liens étroits
Il y a donc des liens étroits entre ces deux administrations, et on serait en droit de se demander si ce n’est pas une des raisons qui fait que dans cette affaire de poussières de nickel, on se traîne tant les pieds. Surtout lorsque l’on sait qu’en arrière plan des activités du port de Québec et de l’une de ses compagnies phares, Arrimages Québec, se profile un modèle de développement fondé sur la croissance tout azimuth des secteurs miniers et pétroliers, secteurs tirés en avant par la demande grandissante des pays émergents.
C’est un secret pour personne que le Port de Québec se targue d’être le plus important terminal de nickel en Amérique du Nord. On sait aussi qu’il a connu des années record de tonnages manutentionnés et qu’il souhaite pousser l’expansion des activités en vrac, prévoyant même d’augmenter de 50% ses activités dans le futur. Des activités qui ont connu un développement important, notamment suite au développement de la mine de nickel de Voicey Bay, au Labrador, qui achemine depuis 2003 (est-ce un hasard ?) sa production par bateau à Québec.
Il y a donc là de solides intérêts économiques, au regard desquels les préoccupations écologiques et sociales de milliers d’habitants d’une ville comme Québec font bien peu de poids. Fussent-elles mises de l’avant par des citoyens et citoyennes hors pairs !
87 980 dollars, pour tenter de noyer le poisson ?
87 980 dollars, c’est la première tranche du prix – sans appel d’offres (firme Consulair Gaston Bélanger) – que la ville déboursera, pour vérifier si l’incinérateur pourrait être à la source de la contamination incriminée. Or toutes les données dont on dispose actuellement –dont entre autres la recherche menée récemment par Richard Saint-Louis, spécialiste en chimie environnementale de l’UQAR qui a prélevé des échantillons d’air dans cinq points du quartier Maizerets— mettent en évidence que l’incinérateur ne semble pas directement en cause quant à de telles concentrations de nickel. Elles mettent aussi en évidence que la source la plus probable se trouve être –tous les indices pointent en ce sens— dans la zone du port de Québec. Pourquoi alors financer une nouvelle étude sur l’incinérateur en gaspillant si inutilement les deniers publics ? Serait-ce pour tenter de noyer le poisson ?
Poussières de nickel sur plusieurs secteurs de la ville
En fait si dans cette affaire des poussières de nickel, on s’attarde tant au secteur de Limoilou, c’est uniquement parce qu’existaient déjà dans ce quartier des capteurs d’air gérés par le Ministère de l’environnement, et peut-être aussi parce que ce quartier était reconnu pour un certain nombre de ses indicateurs déjà préoccupants en termes de santé publique. Mais dans les faits, il est plus que probable que ce soit plusieurs autres quartiers de la ville qui puissent être touchés par le phénomène de la contamination au nickel. De premières recherches et analyses menées laisseraient supposer qu’il faudrait y ajouter Beauport, Saint Jean-Baptiste, le quartier historique, l’île d’Orléans et Lévis…. Ce n’est donc pas une mince affaire ! Quand donc en prendra-t-on la véritable mesure ?