L’impact de la COVID sur les conditions de vie et de travail des femmes noires (im)migrantes en est un exemple éloquent. Il est donc essentiel de centraliser la relance économique post-covid autour des enjeux féministes.
Considérant que la santé et le bien-être des femmes sont fragilisés ;
• La moitié des ménages locataires a une femme comme principal soutien
de famille, les femmes disposent en moyenne de 6078$ de moins annuellement que les hommes dans la même situation (2)
• La situation est critique aussi pour les personnes prestataires de l’aide sociale. Un chèque de 690$/mois, la fermeture de nombreuses ressources de dépannage, le refus de leur accorder le 2 000$ par le fédéral et l’augmentation du coût du panier d’épicerie, en plus des différentes dépenses amenées par la crise ont fragilisé les conditions de vie des femmes.
• Depuis plusieurs années, la crise du logement frappe durement et la pandémie l’a entraînée à un pic insoutenable. Le prix exorbitant des logements est un frein majeur à la sécurité des femmes victimes de violence conjugale et augmente le phénomène de l’itinérance invisible.
• Les services publics et le système de justice sont souvent inaccessibles, voire dangereux pour les femmes, et particulièrement pour les femmes que la société racise. Le mort de Joyce Echaquan en est un triste exemple. L’hétéropatriarcat, le racisme systémique, le capacitisme et bien d’autres systèmes d’oppression présents dans nos institutions sont des barrières à la santé des femmes.
• Les violences envers les femmes et les personnes que la société racise ont connu une hausse record durant la pandémie. L’année dernière, 15000 demandes d’hébergement pour femmes victimes de violence conjugale ont été refusées, faute de place. Les mesures sanitaires supplémentaires ont diminué le nombre de places disponibles. De plus, la deuxième vague de dénonciation #Metoo à l’été 2020 a mis l’accent sur le besoin urgent d’adopter des mesures visant l’élimination des violences faites aux femmes.
Considérant que les travailleuses ainsi que leurs communautés sont à bout de souffle ;
• Au Québec, les femmes représentent 90 % des infirmières, 88 % des aides soignantes et des préposées aux bénéficiaires, 84 % du personnel enseignant ainsi que 80 % des travailleuses dans les organismes communautaires. Selon Statistique Canada, 26 % du personnel soignant sont des personnes immigrantes (3) Ce sont des emplois qui les placent en première ligne, les mettant plus à risque de contracter le virus, les exposant aussi davantage à un épuisement dû à la surcharge de travail, la sous-rémunération et les conditions de travail inacceptables.
• Les femmes, particulièrement les femmes que la société racise, sont aussi surreprésentées dans plusieurs domaines qui ont été durement touchés par la crise : hôtellerie, restauration, commerce de détail et services personnels. Elles ont d’ailleurs été plus nombreuses que les hommes à perdre leur emploi. (4), (5)
• La pandémie a également augmenté la charge de travail invisible ainsi que la charge mentale des femmes (école à la maison, préparation des repas, ménage, désinfection, etc.). (6)
Considérant la détérioration des conditions de vie des femmes ;
• La proportion de ménages en situation d’insécurité alimentaire est deux fois plus élevée chez les familles monoparentales avec enfants que chez les couples avec enfants. Parmi les ménages avec enfants, les familles monoparentales où la parente est une femme sont les plus susceptibles de vivre de l’insécurité alimentaire (25,1 %). (7)
• Les déterminants sociaux de la santé et du bien-être de la population sont négligés depuis les dernières décennies au profit d’un système néolibéral.
• Les femmes gagnent toujours en moyenne 2,55 $ de moins de l’heure que les hommes, malgré la loi provinciale sur l’équité salariale (8). Les femmes que la société racise gagnent 55,6 cents pour chaque dollar gagné par un homme que la société ne racise pas (9)
• La pandémie reflète la nécessité de construire des communautés résilientes à l’écoute des femmes si l’on veut affronter la crise climatique.
Considérant que les inégalités augmentent et que le fossé entre les différentes communautés se creuse ;
• Nous voyons les écarts entre les hommes et les femmes s’agrandir face à la
pandémie, mais aussi entre les femmes elles-mêmes (10).
• Les mesures pour répondre à la pandémie s’inscrivent dans une logique de division de la population et nous voyons clairement une augmentation du racisme anti-noir et anti-autochtone.
• La fracture numérique s’est exacerbée durant la crise sanitaire et a mis de l’avant le droit fondamental d’avoir accès aux technologies de l’information.
Revendications*
Tout projet de relance post-covid devra inclure l’analyse différenciée
selon les sexes +. Une relance post-covid féministe doit :
1 Donner la priorité à la santé et au bien-être des femmes ;
1.1 Investir dans le filet social par le financement des services publics et parapublics (11),
1.2 Rendre les services institutionnels de santé, de services sociaux et de justice sécuritaires et accessibles pour les femmes.
2 Donner la priorité aux travailleuses ainsi qu’à leurs communautés ;
2.1 Investir dans les milieux de soins, d’éducation et communautaire en priorisant les conditions de travail des travailleuses de ces secteurs,
2.2 Reconnaître pleinement la valeur du travail des femmes, notamment les femmes que la société racise, ce ne sont pas des anges, mais des travailleuses avec des compétences,
2.3 Hausser immédiatement le salaire minimum à 15 $ de l’heure et s’assurer d’un revenu qui couvre tous les besoins essentiels pour toutes et tous.
3 Renforcer la résilience pour prévenir de futures crises et leurs conséquences sociales ;
3.1 Rehausser le financement à la mission globale des centres de femmes
du Québec ainsi que des autres organismes d’action communautaire autonome,
3.2 Mettre en place une transition écologique porteuse de justice sociale en alliance avec les groupes autochtones (12),
3.3 S’assurer d’une représentation équitable des femmes et des personnes concernées dans les cellules décisionnelles de crise,
3.4 Investir massivement dans les logements sociaux (13).
4 Renforcer la solidarité et l’équité entre les communautés.
4.1 Mettre en place le revenu minimum garanti en maintenant les mesures liées au filet social,
4.2 Donner immédiatement la résidence permanente aux femmes migrantes, sans statut, travailleuses temporaires et travailleuses domestiques ainsi qu’à leur famille,
4.3 Appliquer les mesures qui découlent des trois enquêtes récentes sur les relations entre les peuples autochtones et les services publics, sur les filles et les femmes disparues et assassinées ainsi que sur la réconciliation véritable,
4.4 Nationaliser internet à haute vitesse et l’offrir sur tout le territoire du Québec et ce, à coût accessible pour tous et toutes,
4.5 Intégrer les valeurs d’égalité entre les femmes et les hommes et entre
les femmes elles-mêmes dans tous les outils pédagogiques du système d’éducation québécois.
Notes
1 Inspiré de https://relancejuste.ca/
2 Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale
4 https://lactualite.com/societe/une-crise-genree-exige-une-reponse-genree/?fbclid=IwAR3lTMmShjACZHtaD
8ySvzyqvjUE4MnDdd2m5LEzUnTy0OcOzDYCR60bbmo
6 https://www.rcinet.ca/fr/2020/08/07/covid-19-quebec-le-travail-des-femmes-na-pas-ete-suffisamment-reco
nnu/ ?fbclid=IwAR3lTMmShjACZHtaD8ySvzyqvjUE4MnDdd2m5LEzUnTy0OcOzDYCR60bbmo
7 https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/82-625-x/2020001/article/00001-fra.htm
8 Collectif pour un Québec sans pauvreté, Femmes et pauvreté
https://www.pauvrete.qc.ca/wp-content/uploads/2020/11/femmespauvrete.
pdf ?fbclid=IwAR2zjd5cU73zyaqx6JlupdDtwcdci9zhOMJ8j7ECaMJpC3squqir9D5vmf8
9 https://scfp.ca/lequite-salariale-pour-combler-lecart-salarial
11 https://www.nonauxhausses.org/lancement10milliards/
12 https://rcentres.qc.ca/2020/11/10/feuille-de-route-pour-un-qc-zero-emission/?fbclid=IwAR1wJ1Dq8yyQpw1HVTuh7zGPS
UehJlX7C7xOuVFZxavA76bCz7FSzoaiO1Y
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